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Squat : "On n’est pas des animaux"

Publie le samedi 3 septembre 2005 par Open-Publishing

Samedi 03 septembre 2005
Grande manifestation
"Pour le droit au logement pour tous"
Quai de la gare à Paris à 15h30

de Edouard GUIHAIRE et Colin DRONIOU

"C’est scandaleux d’expulser des gens le jour de la rentrée, on n’est pas des animaux", crie M’Benin, une Ivoirienne de 23 ans, évacuée vendredi matin par la police d’un squat du XIXe arrondissement avec son mari et son fils de 4 ans.

07H00, rue de la Fraternité. Le jour vient à peine de se lever mais les occupants du squat sont dehors, certains en peignoir, alertés par la rumeur d’une évacuation.

Tendue sur la façade du bâtiment, une ancienne imprimerie d’un étage où vivent une soixantaine de personnes, une grande banderole proclame :

"L’expulsion n’est pas un solution, pas d’expulsion sans relogement".

"Je sais pas ce qu’il va se passer, j’ai le coeur qui bat", se désole, les larmes aux yeux, M’Benin, qui vit dans deux petites pièces aménagées en appartement de fortune avec son mari et son fils.

"Je ne comprends pas comment ils font : si vous voulez expulser des gens, vous prévenez avant, vous envoyez des lettres, vous ne venez pas comme ça le matin... Ils réfléchissent ou quoi, ils nous prennent pour des bêtes ? C’est parce qu’on est noir ?".

Des cars de police se garent en bas de la rue, la tension monte parmi les occupants. "On va pas se laisser faire comme ça, on ne bougera pas, ça va être la guerre", menace, sans trop y croire, Diarra Yacouba, un Malien de 29 ans.
M’Benin, auxiliaire de vie, appelle son employeur pour le prévenir qu’elle ne viendra pas travailler à cause d’un "gros problème de logement".

A 07H30, des CRS en tenue d’intervention pénètrent dans le squat et commandent aux occupants de prendre leurs affaires et de sortir. M’Benin explose : "C’est scandaleux d’expulser des gens le jour de la rentrée, vous traumatisez nos enfants, on n’est pas des animaux !".

Un homme tente de s’opposer aux policiers qui pénètrent dans sa chambre avant d’être rapidement maîtrisé. L’évacuation se poursuit sous les regards impuissants des occupants.

Au même moment, rue de la Tombe-Issoire (XIVe), des policiers délogent une dizaine de personnes qui bloquaient la porte d’un autre squat en criant : "Pas d’expulsions sans relogement".

La porte défoncée, ils pénètrent à l’intérieur et commencent à faire sortir les résidents qui sont aussitôt placés dans un car.

"Des dispositions ont été prises pour transporter ces personnes vers des lieux d’hébergements décents", explique un communiqué de la préfecture de police.

Selon les militants du DAL, les familles bénéficieront "d’une semaine et demie dans un hôtel".

"C’est ça la méthode Kärcher. On ne traite pas un problème social par la force", dénonce Pierre Castagnou, le maire socialiste du XIVe.

http://www.liberation.fr/page.php?Article=320857