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"Tout le monde connaît tout le monde"

Publie le vendredi 13 mai 2005 par Open-Publishing

Dans un conflit où le renseignement est aussi important que les armes, les fuites dont se rendent coupables des soldats de la nouvelle armée irakienne nuisent considérablement à l’efficacité de la lutte contre la Résistance, estiment officiers irakiens et américains.

Selon ces derniers, il est quasiment impossible de faire observer le secret aux soldats qui comptent des proches parents ou des membres de leur familles dans les rangs adverses.

Cette situation fait que les raids contre la Résistance aboutissent fréquemment à la saisie d’armes mais à très peu de captures car, ayant été prévenus de l’opération avant même qu’elle ne débute, les résistants ont eu le temps de fuir.

"Nous ne parvenons toujours pas à mener des opérations sûres. Quand nous partons en mission, les gens sont prévenus", explique le colonel Shaïer Dhia Ismaïl Abid al Tamini, qui commande un bataillon irakien dans la province de Diyala.

Ainsi, lorsque son 205e bataillon, qui a été formé par l’US Army, s’est présenté la semaine dernière dans une palmeraie qui servait de repaire à la Résistance, il a trouvé un canon anti-aérien, des obus d’artillerie et des munitions, mais un seul résistant "présumé".

Même les rencontres entre officiers ne peuvent se tenir secrètement, explique le colonel, dont l’unité a pourtant été complimentée pour son professionnalisme par les officiers américains.

Le commandant américain Mark Borowski, qui a accompagné le colonel irakien lors du raid contre la palmeraie, a confirmé qu’il était difficile de surprendre les résistants parce qu’ils connaissent les objectifs des missions dès que les forces américano-irakiennes quittent leurs bases.

"C’est dur de mettre la main sur les gens, c’est très dur d’empêcher les fuites. Tout le monde connaît tout le monde", avoue Borowski. "Bon nombre de soldats de la nouvelle armée irakienne sont loyaux envers leurs familles avant de l’être envers le gouvernement", résume un lieutenant américain.

"Quand l’information sort, on ne peut plus l’arrêter", déplore le commandant Dean Wollan, officier de renseignement à la 3e brigade de la 3e division d’infanterie de l’armée américaine... d’occupation.

http://www.aloufok.net/article.php3?id_article=2168