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Traité simplifié : Le PS ira au Congrès mais fera chacun pour soi

Publie le jeudi 17 janvier 2008 par Open-Publishing

Les socialistes se déchirent toujours la nécessité d’un référendum sur l’Europe.

NATHALIE RAULIN

« Passer à autre chose », « dépasser ce moment difficile ». A l’Assemblée nationale, les socialistes ne cachaient hier ni leur lassitude ni leur désir de tirer un trait définitif sur trois années d’engueulades sur fond de référendum européen.

Comme ils le redoutaient depuis des jours, l’examen par les députés du projet de révision constitutionnelle nécessaire à la ratification du traité simplifié a réveillé les vieux antagonismes. Et d’abord sur la forme. Car s’ils sont majoritairement favorables à une ratification d’un traité nécessaire au déblocage des institutions européennes, les socialistes ne veulent pas avoir l’air de se moquer du peuple. Eux qui, pendant les campagnes présidentielle puis législatives, avaient réclamé que soit organisé un nouveau référendum sur la question n’en démordent pas. « Le peuple peut déléguer ses pouvoirs, mais pas celui de lui enlever le sien ! » s’est enflammé le député des Landes Henri Emmanuelli au cours de la réunion du groupe PS. Or entre cette exigence référendaire et la volonté des dirigeants socialistes de ne pas entraver la relance de la construction européenne, le chemin est étroit.

Rarissime. Son annonce de boycott du Congrès de Versailles lui ayant valu les huées de ses amis, le patron du groupe PS, Jean-Marc Ayrault, a cherché une autre issue. Non sans avoir, cette fois, sondé au préalable quelques piliers du groupe dont Arnaud Montebourg, Manuel Valls, Jean-Marie Le Guen ou Gaëtan Gorce. Quelques minutes plus tard, lors de leur réunion hebdomadaire, les députés socialistes se voyaient proposer une nouvelle ligne de conduite : l’abstention au Congrès, suivi par le dépôt d’une motion référendaire à l’Assemblée le 6 février. Et Ayrault d’expliquer : « Si notre motion n’est pas retenue, ce qui est probable vu le rapport de force, c’est la majorité UMP qui prendra la responsabilité de ne pas consulter le peuple français par référendum. »

Adoptée, à l’issue d’un débat nourri, par 68 voix contre 30 et 8 abstentions, cette stratégie devrait prévaloir le 4 février lors du Congrès. Les écarts pourraient toutefois être légion, le premier secrétaire, François Hollande, ayant fait savoir que, fait rarissime, les élus socialistes auraient « la liberté de conscience ». Une faculté dont ils comptent bien user.

« Posture ». Noniste convaincu, le sénateur Jean-Luc Mélenchon (Essonne) continue ainsi de militer pour un non au Congrès. Tout comme Emmanuelli qui justifie : « Pour qu’il y ait un référendum, il n’y a qu’un seul moyen : que la révision ne passe pas à Versailles. » Les partisans d’une relance coûte que coûte du processus européen sont tout aussi indociles : « Je voterais deux fois oui, à la révision à Versailles et au traité à l’Assemblée », prévient Jack Lang. C’est la logique et le bon sens. Nous sommes empêtrés depuis cinq ans dans des considérations de posture et de tactique. Il faut faire prévaloir le fond. Cela n’a que trop duré. »

En déplacement à Strasbourg, Ségolène Royal s’est rangée à cet avis. Tournant le dos à son discours de la campagne présidentielle quand elle promettait un référendum, l’ex-candidate s’est dite favorable à l’adoption du traité simplifié : « Il faut permettre aux socialistes de rejoindre leur famille socialiste au plan européen. […] Il faut adopter ces nouvelles règles pour pouvoir fonctionner à 27 et surtout donner un contenu à l’Europe, sinon le monde va avancer sans nous. » Hier sur Canal +, le fabiusien Claude Bartolone résumait le sentiment des siens : « C’est la fin d’un mauvais feuilleton. »

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