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Transports gratuits

Publie le lundi 7 mars 2005 par Open-Publishing

HASSELT - OSER LES TRANSPORTS GRATUITS

Brève parue dans le journal No Pasaran n°87 - ancienne formule - Mai 2001

Oser les transports gratuits

Les campagnes se multiplient dans l’hexagone pour la gratuité des transports de la part de nombreux groupes AC !, du Réseau No Pasaran, de la FA, de la CNT. Et comme le démontre l’article ci-dessous, cette revendication est loin d’être fantaisiste ou irréaliste...

La gratuité des transports ne peut être mise, par ses opposants, au rang des douces utopies, car ELLE EXISTE.... Hasselt, en Flandre, 70000 habitants (et une zone de chalandise de 310000), a instauré la gratuité totale des transports en commun depuis 1997. Politique (et non pas expérience) a contre-courant de la marchandisation de la société, l’alternative choisie par Hasselt nous permet de dire "c’est possible".

La gratuité a été mise en place à Hasselt parce que certaines personnes ont osé modifier radicalement l’organisation des transports, en refusant de procéder par petits à-coups, petites retouches. La Mairie a osé refuser la construction des parkings prévus en centre ville. Elle a osé prononcer le mot "gratuit". Elle a osé prendre le temps de convaincre des habitants aux avis divergents : commerçants, usagers, sociétés de transport, précaires.... Elle a osé réunir les acteurs de la vie communale autour d’une table ; s’essayant à la démocratie locale.

Le premier travail, une fois l’idée acceptée, a été de transformer le paysage urbain : repenser la ville. Le centre ville a été redonné aux piétons. Parkings à l’extérieur de la ville proches des stations de bus, coordination des feux rouges pour les bus, mini-tunnels pour piétons et cyclistes afin de ne pas traverser la route, prêts gratuits de vélos, construction d’espaces verts... la liste des mesures visant à arrêter que la ville soit construite autour de la voiture est longue.

"Le tarif zéro n’est que la fin de l’histoire" précise Jean Vanderputte, responsable du projet. La gratuité a été liée à une baisse de la contrainte horaire que représentent les transports en commun. Le parc d’autobus est passé de 8 à 27, le nombre de lignes de 4 à 9, le nombre de kilomètres parcourus par les bus a triplé. Finis les transports collectifs synonymes de charité pour les personnes âgées, les jeunes sans permis de conduire ou les démunis sans véhicules.

Plus loin que ces considérations techniques, penchons nous sur les modifications sociales, même si le projet est encore trop neuf pour qu’on puisse en mesurer pleinement la portée. Le nombre de voyageurs mensuels a connu la progression suivante : 30000 personnes en Mars 1997, 267000 en Mars 1999 et 291000 en Mars 2000. 16% des voyageurs utilisaient auparavant une voiture. 23,3% des étudiants empruntent les transports en commun contre 9,7% un an plus tôt.

Les conducteurs ont abandonné leur rôle "d’inspecteur des impôts" à collecter l’argent des tickets pour devenir disponibles et accueillants, ayant désormais le temps d’aider les personnes à monter dans le bus.

Le coût d’entretien de la voirie a diminué pour la Mairie. Voirie devenue plus tranquille et sereine pour s’y promener à pied comme en atteste la baisse du nombre d’accidents. Le centre ville est devenu un lieu de vie et non plus de passage des voitures. On ne stationne plus n’importe comment pour aller faire une course en une minute et vingt-quatre secondes... top chrono.

Les transports servent à aller travailler (produire) ou faire des courses (consommer), mais aussi à avoir des liens sociaux. La gratuité a permis de les développer. Par exemple, les visites à l’hôpital ont cru de 30%.

Jean Vanderputte précise bien que "le succès de [ce] projet n’est pas basé sur une innovation spectaculaire. C’est la jonction d’initiatives déjà existantes. Mais elles ont été mises ensemble dans un projet global [...]. La simplicité du concept nous a fait nous demander pour quoi nous ne l’avions pas fait avant". Finalement, ce projet montre que seule la radicalité permettra de changer notre futur.

Article rédigé à partir d’une conférence de M. Vanderputte "Développer radicalement le transport collectif urbain" et d’un document de communication "The green boulevard in Hasselt-Belgium. A sustainable solution for mobility in urbain areas".

Yann Lupec