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UN TEMOIGNAGE ... COMMENT ÇA S’EST PASSE AU SENAT !

Publie le jeudi 6 avril 2006 par Open-Publishing

de Christian Vélot

Bonjour à tous,

Un témoignage, probablement maladroit, mais brut de pomme, de ce que
j’ai vu au Sénat hier. Bien amicalement, Christian Vélot.

Je faisais partie hier de la délégation de militants anti-OGM qui est allée
au Sénat écouter les " débats " sur le projet de loi.

Je crois que je n’aurais pas dû. Alors que j’avais passé une bonne journée
militante qui, comme à chaque fois, regonfle les batteries et redonne plein
d’espoir, à commencer par un débat à 10H30 le matin sur i-télé aux côtés de
Noël Mamère et face aux VRP de la transgenèse généralisée que sont
Houdebine et Ledéaut, je suis rentré chez moi complètement abattu, désabusé,
avec un étrange mélange de sentiment de révolte et d’envie de pleurer.
Aujourd’hui, je ne suis toujours pas remis et je n’ai que le clavier de mon
ordinateur comme remède car j’éprouve un immense besoin de faire partager le triste spectacle auquel j’ai assisté hier dans l’Hémicycle de la rue de
Vaugirard.

Premier coup derrière les oreilles : le nombre de sièges vides. Sur 331
sénateurs, seulement 49 étaient présents en ouverture de séance, et il n’en
restait plus que 35 après une demi-heure ! Je me dis alors qu’il doit au
moins y avoir tous ceux qui sont (ou qui prétendent être) concernés par le
sujet, et notamment qui sont censés défendre nos positions. On a bien
cherché (c’était facile, ils n’étaient pas nombreux) : pas de Dominique
Voynet, qui était pourtant venue le matin même faire de belles déclarations
lors de la conférence de Presse ! Aucune présence non plus de Jean-Luc
Mélenchon, proche de José Bové depuis la campagne contre le TCE, et pour
lequel il est sans doute moins payant de venir faire son boulot au Sénat
que se pavaner debout sur un banc du trottoir du boulevard Arago pour être
certain de bien être remarqué pendant le passage de la manif anti-CPE de
samedi dernier. Je l’ai d’autant plus amère qu’aux dernières sénatoriales
(2004), j’ai fait partie, avec mon ami Raymond Leduc de la Confédération
Paysanne, du comité de soutien de Jean-Luc Mélenchon (candidat en
Essonne avec Bernard Véra et Claire-Lise Campion)...

Au delà de cet absentéisme pitoyable, reste le déroulement des " débats " :
a pleurer (ou hurler mais on ne pouvait pas) ! Un brouhaha incroyable !
Personne ou presque n’écoute l’intervenant qui fait (ou plutôt qui lit) son
discours. Chacun parle dans son coin avec ses voisins ou y va de ses petites
activités personnelles. J’ai dix fois moins de bruit dans un amphithéâtre de
200 étudiants d’une moyenne d’âge de 20 ans, et sans que j’ai besoin
d’exercer la moindre autorité. L’intervenant pourrait s’adresser à la porte
de ses chiottes, ça ferait le même effet.

Du balcon où nous étions situés, nous avions une vue plongeante sur les
pupitres des sénateurs du groupe UMP. Pas un seul n’avait le projet de loi
sous les yeux ! Raffarin et ses potes ont passé leur temps de présence
(environ 30 minutes) à causer entre eux et se marrer, certains tournant
carrément le dos à l’intervenant. D’autres remplissaient des dossiers,
regardaient leur agenda. Deux sénatrices au fond de l’hémicycle (et donc
juste en dessous de nous), après avoir regardé ensemble un album photo, s’
échangeaient leur permis de conduire, leur pièce d’identité, sans doute pour
mieux constater sur leur face de rat les dégâts provoqués au cours du temps
par les crèmes à l’ADN végétal de chez Dior. Un autre montrait à son
voisin des photos d’une maison imprimées en couleur sur du papier A4,
pro bablement la résidence secondaire qu’il vient de s’acheter avec les 120 000
euros annuels qu’il perçoit pour venir se gratter les couilles au Sénat, une
autre encore réorganisait ses papiers et ses billets de 20 euros dans son
portefeuille... Et le plus drôle (enfin, façon de parler), c’est qu’à la
fin d’une intervention, et uniquement s’il s’agissait bien sûr d’un
intervenant de leur groupe, ils applaudissaient comme des automates.

En ce qui concerne les interventions elles-mêmes, les âneries de ceux qui
défendaient le texte étaient à la hauteur de leur méconnaissance du dossier..
Quand à ceux qui étaient censées intervenir dans notre sens, il est clair
que je ne les choisirais pas comme avocats, à moins que je ne souhaite être
assuré de faire de la prison à vie : mous du genoux sur le fond, monocordes
et sans aucune conviction sur la forme. Eux non plus n’avaient probablement
pas lu le projet de loi, ...à moins qu’ils n’aient tout simplement pas
vraiment envie de s’y opposer.

Bref, à pleurer vous dis-je ...

Peut-être suis-je trop naïf, ou peut-être ai-je tendance à prendre les
choses trop à coeur ? Je ne sais pas. Toujours est-il que n’y tenant plus,
au bout d’une heure j’ai décidé de partir, l’âme en peine, avec le profond
sentiment d’avoir été brusquement télé porté plus de deux siècles en
arrière, et de savoir de moins en moins ce que signifie " démocratie ".

Christian Vélot


NB : le Monde Diplomatique d’avril publie d’ailleurs un dossier sur les OGM :

VOYAGES DANS LA PLANÈTE OGM

Le gouvernement français vient de demander au Parlement de
se prononcer selon une procédure d’urgence sur un projet de
loi relatif aux organismes génétiquement modifiés (OGM),
allant audevant des désirs de la Commission européenne et du
complexe génético-industriel, qui trouve en elle un relais
complaisant. Pourtant, les connaissances scientifiques sur
les risques environnementaux des cultures transgéniques en
plein champ sont embryonnaires - et, lorsqu’elles existent,
carrément inquiétantes. En outre, les prétendus bienfaits
des plantes génétiquement modifiées (PGM) n’ont pas été
démontrés, sauf pour gonfler les profits des industriels.
Alors que les opinions semblent très majoritairement
hostiles à des manipulations génétiques non maîtrisées, les
gouvernements du Nord comme du Sud sont en train de mettre
toute la chaîne agricole et, au-delà d’elle, l’ensemble du
vivant et de la biodiversité sous la coupe de quelques
transnationales. Face à ce rapt, les résistances
s’organisent.

* De l’utopie scientifique au péril sanitaire,
par Jacques Testart et Arnaud Apoteker.

* Ce riche savoir-faire des paysans du Sud,
par Marc Dufumier.

* Risques de contamination dans les campagnes,
par Robert Ali Brac de la Perrière et Frédéric Prat.

* Au Mali, les producteurs de coton disent « non »,
par Roger Gaillard.

* Argentine, un cas d’école,
par Pierre-Ludovic Viollat.

http://www.monde-diplomatique.fr/2006/04/


Subject : [agri-rural] Fw : [Alphavert] OGM : communiqué de presse de Jean Desessard

comme il fallait s’y attendre, malgré la proposition de moratoire et d’autorisation des bactéries ogm pour
médicaments, le sénat laisse tout passer

23 mars 2006

Communiqué de presse de Jean Desessard, sénateur Vert de Paris

Au Sénat, le gouvernement ouvre la France aux OGM.

Le projet de loi relatif aux OGM, présenté sans aucune concertation, ouvre la voie à la dissémination des OGM en France, au mépris des alertes sanitaires et environnementales qui se multiplient.
Les sénateurs viennent de refuser la proposition des Verts d’un moratoire de cinq ans sur toute mise en culture d’OGM en plein champ.

A la place, le gouvernement prétend créer deux filières hermétiques : une avec des OGM, l’autre sans OGM. Comme c’est strictement impossible, il est obligé de banaliser la dissémination des OGM, si bien qu’on ne devra étiqueter un produit qu’au-delà d’un seuil de 0,9 % d’OGM. Le gouvernement préfère donc favoriser les profits de quelques firmes semencières plutôt que protéger les produits AOC ou issus de l’agriculture biologique. De plus, ce projet entérine la marchandisation de la biodiversité, en créant un fond d’indemnisation des agriculteurs contaminés par des cultures OGM, spoliés de leur droit à cultiver des champs sans OGM. Ce fond est nécessaire car aucune compagnie n’est prête à assurer les producteurs d’OGM. Mais il ne sera même pas financé par les grandes firmes productrices de semence. Il sera abondé par tous les agriculteurs, et peut-être même par les contribuables ! Les Verts revendiquent le principe " pollueur-payeur ", mais le gouvernement ne nous propose que la socialisation des pertes et la privatisation des profits. Enfin, ce projet de loi n’a même pas la décence de faire allusion au principe de précaution. Il précise même noir sur blanc que les informations liées aux propriétés des OGM seront toutes publiques, " à l’exception des informations (è) dont la divulgation pourrait porter préjudice aux intérêts de l’exploitant ".

Jean Desessard, sénateur de Paris ; 01 42 34 34 43. j.desessard@senat.fr

http://jean.desessard.ouvaton.org/article144.html?recalcul=oui