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Un "NON" multinational. Meeting du PGE à Barcelone

Publie le mardi 1er février 2005 par Open-Publishing

Premier grand meeting du PGE à Barcelone avant le référendum espagnol. Une occasion de faire converger les critiques du traité.

de Christelle Chabaud Barcelone (Espagne)

« En France, nous nous sentons d’autant plus responsables de construire un front du "non" que c’est Valéry Giscard d’Estaing, un ancien président de la République, qui a élaboré ce projet constitutionnel, taillé sur mesure pour les exigences du capitalisme néolibéral. » Samedi dernier, Marie-George Buffet était à Barcelone à l’occasion du premier meeting du parti de la gauche européenne (PGE) pour dire "non" à la constitution Giscard.

La secrétaire nationale du Parti communiste français a partagé pour l’occasion l’estrade avec Wolfgang Gehrke du PDS allemand, Fausto Bertinotti de la Refondation communiste italienne, Paco Frutos du Parti communiste espagnol, Gaspar Llamazares de la Gauche unie d’Espagne et Jordi Miralles de la Gauche unie et alternative de Catalogne.

Devant près de 800 personnes, cette initiative originale a permis de faire converger les arguments des partis de gauche nationaux contre le projet de constitution européenne. « Cette réunion est importante car, dans chaque pays, les partisans du "oui" ricanent de l’isolement des partisans du "non", or aujourd’hui symbolise la preuve de l’union des partis progressistes contre la construction d’une Europe libérale ».

Alors que les campagnes sur le projet constitutionnel commencent à donner de la voix dans les différents pays de l’Union européenne, le meeting de Barcelone a voulu en premier lieu donner une dimension sociale et européenne, afin de démarquer le "non"de gauche du "non" de repli nationaliste de la droite et de l’extrême droite. Autrement dit pour créer une dynamique de discussion sur les dangers du projet constitutionnel et élaborer une définition de l’Europe qu’ils souhaitent.

Ainsi, si Marie-George Buffet a surtout pointé l’hypocrisie de la charte des droits fondamentaux qui « affirme le droit de chercher du travail mais n’impose pas aux gouvernements européens de respecter le droit de grève », Wolfgang Gehrke a souligné la dangerosité du projet constitutionnel sur les questions de défense militaire. « Les partisans du « oui » assurent que la paix entre les peuples va en être favorisée, mais pourtant le texte explique très clairement le renforcement de la politique sur l’armement », assure le représentant du PDS. « Il y a la planification d’une agence commune de l’armement européen qui serait placée sous l’égide de l’OTAN, aiguillonnée par la politique en la matière des États-Unis. Aucune constitution dans le monde ne donne aux questions d’armement une place aussi centrale ».

« À grand renfort de campagnes publicitaires et mensongères qui infantilisent les citoyens, les gouvernements tendent à faire croire que les opposants à la constitution Giscard sont ultraminoritaires, voire inexistants », s’indigne l’espagnol Gaspar Llamazares. Dans tous les pays, les informations tronquées des défenseurs de cette constitution ne permettent pas l’émergence d’un débat de fond. La Lituanie et la Hongrie, à la fin de 2004, et l’Italie, le 25 janvier dernier, ont ainsi ratifié le traité constitutionnel par voie parlementaire.

Fertile en critiques sur les desseins néolibéraux du projet constitutionnel, ce meeting du PGE en appelle d’autres. Selon Fausto Bertinotti, « ce rendez-vous barcelonais n’est pas un rassemblement de circonstance, mais un sujet politique à part entière, une expérience créatrice. Cette initiative européenne du "non" accompagne aussi les luttes contre la guerre en Irak, contre les délocalisations et les fermetures d’entreprises et pour le respect des droits des travailleurs. En cela, l’élaboration d’une véritable gauche européenne est une construction ouverte qui a besoin de l’apport des cultures pacifiste, féministe, ouvrière, syndicale, écologiste et altermondaliste. Nous ne faisons qu’entamer un chemin, et les contradictions qui voient

le jour au sein de la social-

démocratie ne peuvent que nous encourager dans cette entreprise ».

http://www.humanite.fr/journal/2005...