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Un conseil de Paris ... anti-pub

Publie le jeudi 5 février 2004 par Open-Publishing

Répression des militants antipubs du métro
Lors du Conseil de Paris du 2 février 2004, suite à une question
d’actualité des élus verts (voir ci-dessous), Jean-Pierre Caffet,
adjoint au maire de Paris, a annoncé que la municipalité allait prendre
contact avec la RATP pour évoquer la question de l’assignation de 62
militants par Publicis et la RATP, leur réclamant un million d’euros, et
envisager les modalités de création d’espaces de libre expression.

Sur-taxation de la publicité
Les tarifs de droits de voirie ont été augmentés de 50%, pour les
dispositifs publicitaires. Cette décision fait suite aux amendements que
j’avais déposés aux mois de novembre et décembre derniers. Cette
augmentation entérine ainsi le principe de surtaxation de la publicité,
sur le mode du pollueur - payeur.

Pub à l’école
Enfin, le conseil a adopté, à l’unanimité, le voeu condamnant les
panneaux publicitaires à l’intérieur ou sur les murs des établissements
scolaires de la Ville de Paris et demandé à ce que soit dénoncés les
contrats existants passés avec les afficheurs. Ceci rappelle ainsi aux
publicitaires que l’école et les élèves ne sont pas à vendre.

Charlotte Nenner
Conseillère de Paris

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Conseil de Paris des 2 et 3 février 2004

Question de C Nenner et du groupe les Verts.

Question d’actualité à M. le Préfet de Police et à M. le Maire de Paris
relative à la répression des mouvements antipubs du métro

En novembre dernier, 275 personnes ont été interpellées dans Paris et
ont passé leur soirée au poste, pour s’être rendu à un rendez-vous "non
déclaré" visant à des actions de barbouillage anti-pub dans le métro.
Parmi ces personnes, certains attendaient simplement un ami, devant un
cinéma, et se sont retrouvés pris dans les mailles du filet ! En tout
presque 300 personnes ont été arrêtées avant même d’avoir fait quoique
ce soit.
De plus les moyens et les forces de police déployés à cette occasion
paraissent pour le moins disproportionnés - et tout ceci pour protéger
du papier collé sur des murs, concédés à une société privée. Précisons
que lors de ces actions, aucun bien n’a été dégradé les seuls espaces
visés étaient les affiches.

En plus de cette répression policière, la semaine dernière, 62 militants
antipub ont été assignés comparaître le 10 mars devant le tribunal de
grande instance de Paris. METROBUS, entreprise privée, filiale de
Publicis, et la RATP, entreprise publique, réclament près d’un million
d’euros à ces personnes, choisies de façon arbitraire parmi les
centaines présentes. Certains d’entre eux sont chômeurs, étudiants ou
intermittents du spectacle. Ce qu’on peut leur reprocher c’est d’avoir
eu la réaction, finalement très légitime sur le plan démocratique,
d’exiger une liberté d’expression et un droit de réponse face à
l’envahissement de la publicité dans le métro.

A l’opposé des actes de délinquance ordinaire de dégradation, ces
actions antipub spontanées et non violentes, visaient à lancer un débat
sur la place de la publicité dans le métro, mais également de s’opposer
à la mondialisation libérale et à la marchandisation de la culture et
des esprits.
Ces mouvements ont d’ailleurs suscité une grande sympathie parmi les
usagers du métro, constamment sollicités par l’affichage publicitaire.

Notre assemblée ne peut rester en dehors de cette affaire, car elle
remet en cause la liberté d’expression, et pose à nouveau la question de
la répression des mouvements militants. Il n’est pas normal que la RATP,
entreprise de service public, partenaire de la Ville de Paris, refuse le
débat sur la place de la publicité dans son réseau et souhaite museler
toute contestation, à coup de procès indemnitaires.

Charlotte NENNER et les élus verts du Conseil de Paris demandent à M. le
Préfet de Police et à M. le Maire de Paris :

- Quelles étaient la raison et l’origine de la mobilisation policière
déployée le 29 novembre 2003 ? Quelle était la justification pour
mobiliser ainsi plusieurs centaines d’agents des forces de l’ordre pour
un simple "rassemblement non déclaré" ? Ceci a-t-il été fait à la
demande de Métrobus et de la RATP ?

- Si la municipalité parisienne compte intervenir auprès de la RATP,
afin qu’elle retire sa plainte, et ce au nom de la défense de la liberté
d’expression ?

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Conseil de Paris des 2 et 3 février 2004
Voeu de Charlotte NENNER et des EluEs du groupe Les Verts
Concernant la publicité commerciale à l’école, adopté à l’unanimité

On a beaucoup de la laïcité et des signes religieux ostensibles et
ostentatoires à l’école. Mais on oublie souvent que la neutralité à
l’école ne concerne pas que les aspects religieux et politiques, mais
aussi le domaine commercial.

Depuis 1936, toute publicité, toute incitation commerciale, est
proscrite dans les établissements scolaires. Plusieurs circulaires
confirment le principe de neutralité commerciale de l’école. " En aucun
cas et en aucune manière les maîtres et les élèves ne doivent servir
directement ou indirectement à aucune publicité commerciale. "

Mais si la publicité commerciale est théoriquement interdite à l’école,
elle a néanmoins réussi à y entrer. En effet les enfants sont clairement
identifiés comme des "proies" pour les marques et le marketing à l’école
est une méthode qui fait recette. Certaines sociétés sont même
spécialisées dans le marketing destiné aux enfants et l’une d’elle se
vante d’avoir plus de 200 panneaux de publicité dans les écoles à Paris.
Ainsi sous prétexte d’informations culturelles, des panneaux d’affichage
sont installés dans les établissements scolaires. Souvent ces panneaux
ne font que reprendre les publicités pour des films hollywoodiens ou des
revues à gros budget, ciblés sur les enfants et les adolescents.

Sur les murs d’enceinte des écoles, on voit aussi fleurir des panneaux
publicitaires, évidemment destinés aux élèves. Sans parler des
distributeurs de boissons et de friandises qui posent non seulement des
questions de nutrition et de santé mais qui sont aussi des supports
publicitaires.

Considérant qu’un établissement d’enseignement ne devrait pas avoir
besoin de fonds liés à une activité économique dans son enceinte, pour
fonctionner normalement, il est nécessaire en cette période
d’envahissement publicitaire de rappeler les principes de l’indépendance
de l’éducation vis à vis des acteurs économiques,

Le Conseil de Paris, sur proposition de Charlotte NENNER et du groupe
Les Verts, émet le voeu :

Que tout soit mis en oeuvre (circulaire auprès des chefs
d’établissement, arrêté municipal et interventions lors des conseils
d’école) pour que soit systématiquement refusée toute demande
d’implantation de panneaux publicitaires à l’intérieur ou sur les murs
des établissements scolaires de la Ville de Paris et que soit dénoncés
les contrats existants passés avec les afficheurs.

les verts
Paris