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Un événement extraordinaire vient de se produire en Europe.
Publie le jeudi 9 juin 2005 par Open-Publishing
Déclaration du Conseil des présidents du Parti de la gauche européenne
Un événement extraordinaire vient de se produire en Europe. Le rejet du traité constitutionnel européen par la France et les Pays-Bas, deux pays fondateurs de l’Union européenne, ouvre une nouvelle période en Europe et un débat fondamental sur les politiques et les objectifs de l’Union. Cette nouvelle période offre aux peuples la possibilité d’intervenir dans ce débat pour exiger une Europe libérée des institutions et des politiques libérales. Une position pro-européenne de gauche et populaire est apparue et l’a emporté. L’Europe libérale exprimée par la logique du traité constitutionnel a été battue par l’engagement démocratique du peuple français. Une participation massive, plus importante que lors des élections en France depuis quinze ans, plus haute que lors du référendum sur Maastricht, a fait la preuve qu’un attachement profond à l’Europe existe quand il peut s’exprimer dans la démocratie et dans l’espoir d’une alternative pour l’Europe, ce qui a été le cas de la campagne pour le non en France.
Nous, Parti de la gauche européenne, le seul parti européen parmi les forces démocratiques et progressistes qui appartienne au camp du non, partageons la joie du Parti communiste français et des forces de gauche qui ont construit un rassemblement inédit et magnifique pendant la campagne contre le traité constitutionnel. L’irruption de la question sociale dans la campagne du référendum a été décisive. Le vote populaire a démontré que des réponses à cette question sont de plus en plus urgentes en Europe. C’est le résultat de l’échec de plus de dix ans de mise en œuvre des politiques libérales, qui ne cessent de casser la protection sociale, d’étendre la précarité, de privatiser les biens communs et les services publics. Le vote non n’a pas rejeté seulement le texte du traité, mais la logique libérale qui l’inspire et le manque de démocratie. La Gauche européenne, avec les mouvements sociaux et pacifistes, doit être capable d’exprimer l’exigence des peuples d’une alternative pour l’Europe. Toutes les forces de gauche européennes doivent retenir cet enseignement important : la victoire est possible si la gauche croit en la démocratie, si elle s’investit dans le combat citoyen et si elle porte la critique du libéralisme, maintenant rejeté par la majorité du peuple. Une aspiration populaire, pro-européenne, de gauche est née, qui conteste les conditions de la vie en Europe. Le peuple français, au nom d’une autre Europe, a rejeté le projet de “ constitutionnaliser ” le libéralisme.
Les peuples européens ont la possibilité de s’opposer au libéralisme et au manque de démocratie pour obtenir une Europe de la démocratie, de l’égalité et de la solidarité. Comme les élections récentes en Allemagne l’ont montré, l’Europe a besoin de politiques économiques et sociales nouvelles.
La question de la démocratie en Europe appelle une réponse urgente. Sans une telle réponse, la crise de la politique est appelée à s’aggraver. Les citoyens ne peuvent pas accepter plus longtemps d’être exclus des processus de décision.
Le traité constitutionnel européen a pour statut de remplacer tous les traités antérieurs et de devenir le fondement de l’Union européenne. Ce traité est d’ores et déjà rejeté et est donc mort politiquement. Les fondations et les objectifs de l’Union européenne doivent être redéfinis, ainsi que ses politiques économiques, sociales, environnementales, extérieures et ses institutions. Ce débat ne peut pas être laissé à la discrétion des instances de l’Union européenne et des gouvernements des Etats membres, qui viennent d’être sanctionnés par les citoyens européens. Nous exigeons que les parlements nationaux et le Parlement européen soient immédiatement associés à ce processus nouveau. Par-dessus tout, ce débat doit être ouvert aux peuples européens, qui doivent être les principaux acteurs de cette nouvelle construction européenne.
La Gauche européenne est décidée à continuer à soutenir la mobilisation des peuples européens. En outre, elle pense qu’il est important de développer un dialogue avec les partisans du oui critique pour commencer à travailler ensemble à une Europe débarrassée des politiques libérales.
Pour ces raisons, la Gauche européenne propose à toutes les forces de gauche et progressistes de soutenir les objectifs immédiats suivants :
Retrait de la directive Bolkestein, de la directive sur le temps de travail et de toute directive libérale ;
· Suppression de toute mesure de libéralisation des services ;
· Une nouvelle politique fiscale, d’harmonisation et d’égalité, imposant les revenus et en faveur du travail ;
· Une nouvelle politique internationale fondée sur la paix, l’égalité et la solidarité.
Le 1er Congrès de la Gauche européenne aura lieu en octobre prochain à Athènes. A cette occasion, nous voulons continuer à lutter en faveur d’une Europe et d’un monde d’égalité et de paix. La politique doit primer sur l’économie. Aujourd’hui c’est, plus que jamais, possible.
Rome, le 6 juin 2005
Le Conseil des présidents du Parti de la gauche européenne