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Un traité loin des citoyens

Publie le vendredi 26 octobre 2007 par Open-Publishing
2 commentaires

de Thomas Ferenczi

Est-il acceptable que la réforme des institutions européennes, adoptée à Lisbonne par les 27 chefs d’Etat et de gouvernement, soit soumise en France au seul vote du Parlement après avoir été rejetée par référendum il y a un peu plus de deux ans ? Ceux qui demandent l’organisation d’une nouvelle consultation populaire font valoir, à juste titre, que le futur traité, au terme des ultimes négociations, ressemble beaucoup au projet de Constitution européenne repoussé en 2005, dont la "substance", à en croire, parmi d’autres, la chancelière allemande, Angela Merkel, a été préservée, et que, dans ces conditions, la même procédure de ratification devrait prévaloir.

A supposer même que le nouveau texte diffère sensiblement du précédent, on ne voit pas pourquoi la méthode choisie pour son approbation changerait. Lorsque les Français ont refusé, en mai 1946, lors de la naissance de la IVe République, le premier projet de Constitution soumis à leur vote, une nouvelle consultation a eu lieu cinq mois plus tard sur un texte modifié, qui a recueilli une majorité de suffrages. On sait aussi que les Danois ont écarté par référendum le traité de Maastricht en 1992 avant de l’approuver l’année suivante et que, de la même manière, les Irlandais ont dit non au traité de Nice en 2001 avant de dire oui en 2002.

Les dirigeants français ont beau jeu de répondre que le nouveau traité se distingue essentiellement du projet mort-né de Constitution par sa nature plus que par son contenu. Il ne s’agit plus de donner à l’Union une Constitution qui consacrerait l’existence d’un peuple européen. Il ne s’agit pas non plus de remplacer les traités existants par une nouvelle loi fondamentale mais de modifier certaines de leurs dispositions, en laissant les autres, inchangées, en dehors du débat, en particulier celles qui définissent les politiques de l’Union, principal motif de discorde entre partisans du oui et partisans du non.

Ces arguments ne sont pas sans valeur. Il est vrai que les critiques des opposants à la Constitution contre la "constitutionnalisation" des politiques libérales, visant à enfermer celles-ci dans un "carcan", ont perdu de leur pertinence. Il est vrai aussi que les Français, comme le soulignent volontiers les porte-parole du président de la République, ont élu Nicolas Sarkozy en sachant qu’il soumettrait le traité au vote du Parlement, et non à celui du peuple. Il n’empêche qu’une partie de l’électorat continue de contester l’organisation politique et économique de l’Europe, telle qu’elle résulte de l’ensemble des traités, de celui de Rome à celui de Lisbonne, et demande, avec raison, que sa voix soit entendue.

L’une des ambitions exprimées dans la déclaration de Laeken, qui a lancé en décembre 2001 la réflexion sur un nouveau traité, était de "rapprocher les institutions européennes des citoyens" et d’offrir à ceux-ci les moyens d’un "meilleur contrôle démocratique". Tout avait plutôt bien commencé. La Convention présidée par Valéry Giscard d’Estaing a été un lieu d’échanges fructueux, même si elle n’a pas atteint le grand public. Le vaste débat auquel a donné lieu ensuite la campagne du référendum a permis aux Français de s’intéresser à l’Europe et, par-delà les anathèmes, d’exprimer leurs préférences.

Malheureusement l’élan est retombé. Les Vingt-Sept veulent désormais en finir au plus vite avec le futur traité. A Lisbonne, où devait souffler le vent du renouveau, ils ont discuté longuement pour faire passer de 750 à 751 le nombre de sièges au Parlement européen et pour ajouter un protocole à une déclaration sur le gel provisoire de décisions contestées par une minorité. Ce n’est pas ainsi qu’ils passionneront les foules. Mais, apparemment, ce n’est pas leur souci dominant.

http://www.lemonde.fr/web/article/0...

Messages

  • Certains ont raison de dire qu’avec le referendum de 2005,on s’est fait avoir, et doublement a mon humble avis :

    1) des que le Non a gagné personne ne s’est demandé quelle valeur juridique ce vote avait.

    2) N’ayant pas de reponse sure sur cette question,personne n’a pu avoir une quelconque initiative pour que ce vote soit pris en compte et s’impose .Le pire serait que certains n’aient rien fait en toute connaissance ?Avaient ils peur de voir se cristalliser une alternative du genre :

    “Il suffit de regarder autour de nous : une très large convergence du mouvement social est en train de se former, à l’initiative de l’Alternative libertaire, autour d’un facteur de cristallisation assez important, et qui s’appelle "droit à un revenu individuel décent" avec, pour référence, le "SMIC revalorisé et des droits sociaux afférents (logement, santé, transport, formation, points rétraite, progression de carrière ...)".

    Des débâts de concertation très intensifs sont en cours (RdV par exemple, à Paris, le 6 novembre, de 18h-20h, Bourse de Travail) entre les portes-paroles de syndicats (CGT chômeurs, FSU ...), des associations, collectifs et réseaux en lutte contre la précarité sous l’égide d’AC !, Attac, et la Confédération paysanne ... Un tel revenu individuel doit être reconnu à TOU(TE)S, il doit être INCONDITIONNEL et inscrit à la CONSTITUTION comme un DROIT DE L’HOMME.”

    http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=54126

    Aujourd’hui on n’a toujours pas de reponse,la legitimité n’est en rien prouvée,on s’assoit dessus,alors ?

    Quand Etienne Chouard ecrit Le traité européen "est un viol politique",moralement je suis d’accord,mais j’ai besoin de le prouver aux sceptiques,et donc j’ai besoin d’une preuve judiciaire reparatrice,et la on n’a rien !!

    La tentation est grande de considerer que l’UE est irreformable,et qu’il ne reste plus qu’a le constater.

    Comme beaucoup, il m’est difficile a m’y resoudre, aussi je vous prie de bien vouloir reflechir a la possibilité d’un REFERENDUM EUROPEEN tenu le meme jour en termes identiques dans tous les pays de l’Union et dont le resultat soit executoire et juridiquement opposable,merci les Juristes de plancher si cette possibilité peut exister, s’il en est encore temps ?