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Une machine de guerre à raboter les acquis sociaux

Publie le mercredi 12 décembre 2007 par Open-Publishing

Services publics . Un débat, organisé à l’initiative du PCF, a permis de faire un tour d’horizon de la libéralisation du transport ferroviaire en Europe.

de Ludovic Tomas

Peut-on établir un lien entre la réforme du régime spécial de retraite des cheminots français et l’acharnement de l’Union européenne à aller toujours plus loin dans la libéralisation du rail ? Les intervenants du débat, organisé jeudi par le Parti communiste de Paris, ont implicitement répondu par l’affirmative. « L’Europe a lancé une véritable machine de guerre à raboter les acquis sociaux. Le seul moyen d’enrayer cette dérive libérale est d’engager une bataille politique qui mette en cause un certain nombre de verrous inscrits dans les différents traités européens », affirme l’eurodéputé communiste Francis Wurtz, évoquant le projet de troisième paquet de directives sur le transport ferroviaire. Et le président du groupe Gauche unie européenne (GUE-NGL) au Parlement de Strasbourg de rappeler l’importance de gagner un référendum sur le nouveau traité européen que Nicolas Sarkozy veut imposer comme substitut de la constitution Giscard rejeté par la consultation populaire.

Membre du syndicat allemand VerDi, Armin Duttiné a évoqué la résistance grandissante dans son pays face à la volonté du gouvernement de privatiser la Deutsche Bahn (DB), équivalent de la SNCF outre-Rhin. « Nous avons réussi l’unité avec les organisations de jeunesse, les syndicats et l’association ATTAC. Si la DB est privatisée, ce sera un jeu de dominos. Le gouvernement français voudra faire pareil. Il ne faut surtout pas tomber dans le piège idéologique qui veut faire croire que la privatisation est synonyme d’apport de capitaux. C’est le contraire, plus on privatise et plus les investissements baissent. Le secteur privé ne prend pas de risque sans garantie de rentabilité », explique-t-il. Même tonalité du côté belge avec Serge Piteljon, du syndicat CGSB : « La Belgique est une très bonne élève dans la transposition des directives européennes. L’entreprise concurrente à la SNCB fait du dumping social. Elle offre par exemple une voiture aux salariés mais ceux-ci peuvent être envoyés n’importe où et doivent commencer à l’heure dite. Le trajet pour se rendre sur ce lieu de travail n’est pas comptabilisé ».

La question du fret a également été abordée, ce soir-là. Éric Tourneboeuf, ancien secrétaire de la fédération UNSA des cheminots, estime que « le Grenelle de l’environnement est une véritable douche froide car il ne prévoit aucun financement pour la remise à niveau des infrastructures et accélère la logique libérale ». « Les gouvernements pensent que la concurrence est la meilleure solution mais ils n’en ont jamais fait le bilan », constate Alain Prouvenc, cheminot et responsable de la commission économie de la CGT. Une remarque sur laquelle rebondit Francis Wurtz : « Il faut faire une évaluation publique des grands plans de libéralisation et mettre face à face les objectifs et les résultats. » Pour Alain Prouvenc, « les 3 P de partenariat public privé signifient en général que le privé profite du public ». Et de poser la question plus générale du financement des services publics : « Cela implique de repenser la fiscalité dans notre pays. Qui doit décider de ce que doit être un service public ? À la CGT, on a la faiblesse de penser que c’est aux citoyens de le faire. »

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