Une offensive du Capital ?... médiatique et sondagière

On épilogue beaucoup en ce moment sur deux sondages Harris qui mettent Marine Le Pen en tête au premier tour des Présidentielles. De quoi s’agit-il ?

Le grand capital français se doit de conserver en 2012 un président de la république à sa botte - comme Sarko en a été un, pendant 5 ans …mais il est malheureusement en perte de vitesse. Deux solutions principales se présentent : tenter de garder le même ou un clone. Mais cela devient hasardeux. Trouver plus à gauche une solution de rechange… à condition qu’on puisse en attendre une situation dont on peut s’accommoder. Ce candidat existe : DSK. Comment faire en sorte que l’on soit certain qu’à défaut de Sarko (ou clone) on soit assuré que ce sera bien DSK que l’on aura. C’est simple : il faut booster à fond le FN. Cela parait paradoxal, mais si l’on y regarde de près, c’est bien la solution.

Examinons les différents cas de figure.

1er cas : Au 1er tour de la présidentielle en 2012, Sarko ou son clone est en tête et Marine Le Pen derrière. On récidive un coup connu : Sarko (ou son clone) sera élu dans un fauteuil car l’électorat de droite et celui de gauche uniront leur voix pour « battre le FN ».
Variante encore plus dramatique : Marine en tête, Sarko sur ses talons. Même résultat, évidemment (je ne crois pas que nous soyons déjà dans la situation de l’Allemagne en 1933…tout au moins je l’espère ! Mais tout est possible, si le balancier vers le FN allait trop loin, notamment en mobilisant les abstentionnistes, dont le nombre ne cesse d’augmenter au fil du temps).

2ème cas : Premier tour : DSK en tête, Sarko (ou clone) derrière. Il y a bien des chances pour que Sarko triomphe au 2ème tour, car il bénéficiera d’un bon report de l’électorat du FN, qui, bien que préférant certainement l’original au modèle se fera une raison. Mais si d’aventure, il n’en était pas ainsi : moindre mal (pour le Capital), car on aurait DSK.
Variante improbable : par erreur, le PS n’aurait pas désigné DSK comme candidat mais Aubry (ou autre) : les chances de Sarko (ou clone) seraient un peu meilleures et le scénario serait le même…
Y a-t-il d’autres éventualités ? Un Front de gauche (PC-PG-Gu), ou un NPA, ou un Ecolo, face aux compères précédents. Ne rêvons pas ! Dans tous ces cas de figure il est probable que l’on ne changerait pas le résultat final assurant la victoire de Sarko (ou clone). L’autre hypothèse d’un duel à gauche, par exemple DSK contre Mélenchon, dans le schéma précédent parait peu probable… Nous y reviendrons.

Conclusion partielle : la Droite (le Capital) doit booster à fond le FN. Il reste du temps encore pour améliorer l’acquis en la matière (résultant de l’activisme de Sarko à épouser les thèses chères au FN). C’est désormais la grande offensive avec tous les moyens dont une démocratie comme la notre dispose, à savoir, principalement, les médias, l’intox sondagière. Et c’est parti ! Admirez la manœuvre, pour ce qui est des sondages d’opinion, dont on sait qu’ils n’ont pas pour but de « connaître » l’opinion, mais de la conditionner, selon un procédé bien rodé : « Vous qui hésitez, qui peut-être, dans le doute, allez vous abstenir : voyez donc ce que tout le monde pense. Vous n’allez tout de même pas vous singulariser. Suivez la mode. D’ailleurs vous voyez bien que le FN, maintenant avec Marine, est tout à fait présentable ; ce n’est plus infâmant de voter pour lui : osez ! ». D’où des sondages, de plus en plus orientés. En témoigne la campagne de sondages Louis Harris qui démarre. On fait un 1er sondage en « oubliant » d’inclure à gauche beaucoup de monde, mais surtout DSK (le PS n’est alors représenté que par Aubry, dont on sait qu’elle est mal vue chez les électeurs potentiels du FN). Pour cette raison et d’autres que je ne décline pas, mais que l’on connaît et que l’on peut imaginer, il est clair que ce choix favorisera donc le FN. Ce que l’on a constaté : Marine Le Pen est en tête à 23% au 1er tour. On enclenche ainsi une dynamique qui lui est favorable et qui peut faire boule de neige. En ayant l’air de prendre en compte les critiques en tous genres provoquées par ce sondage bidonné, on en fait un second dans la foulée, aussi bidonné que le premier. Ses résultats confirment le précédent (Marine à 24% au lieu de 23, la veille).

On a en outre bien choisi le moment de ces sondages : juste avant les cantonales. Elections qui ne mobilisent pas les foules, mais qui verront beaucoup de candidats FN se présenter au portillon. La dynamique enclenchée à son profit pourrait bien le booster à nouveau. Et ce résultat non douteux, au contraire des sondages toujours objets de critiques, aura un poids dont on espère qu’il fera de nouveau boule de neige. Les sondages à venir s’en trouveront crédibilisés. Et la machine à intox est lancée ! Elle est destinée à préparer au mieux une des éventualités de scrutin présidentiel décrites plus haut : ou Sarko (ou son clone) élu en 2012, ou DSK (sans clone) élu. Le Capital sera content. J’écarte à nouveau que Marine soit élue, car ce n’est pas le but assigné aux opérations en cours… mais sait-on jamais ?

Peut-on éviter cette double (voire triple) catastrophe ?

Pour ma part, dans l’état de choses actuel, je ne vois qu’une possibilité, qui malheureusement aurait dû être enclenchée il y a longtemps (après le NON au TCE, par exemple), mais… mieux vaut tard que jamais !

1) Que le Front de Gauche se décide enfin à entrer davantage en campagne. Et particulièrement en son sein le PCF. Que ce dernier cesse de tergiverser pour proposer un projet politique, d’où découlerait un programme de gouvernement de « rupture ». Le PCF est le plus puissant du trio actuel, en termes de forces militantes, d’élus déjà en place ; Il lui reste (ce qui est peut-être le plus difficile, mais incontournable) d’être à l’initiative pour ce qui est du projet, du programme. Ou alors il lui faut accepter de travailler avec les propositions du Parti de Gauche, qui, dans l’état actuel, constitue un bon point de départ .

2) Que le Front de Gauche, fasse le forcing pour s’élargir à toute la gauche de gauche. Il doit tout faire pour associer à sa démarche les autres forces politiques de la gauche de gauche : NPA, LO, PCOF, etc… Et, simultanément, un maximum d’organisations du mouvement social (syndicats, féministes, pacifistes, etc)… Il est de sa responsabilité de convaincre toutes ces forces qu’elles ne peuvent plus rester dans leur splendide isolement, que - n’ayons pas peur des mots - si elles persistent dans cette voie, elles seront jugées sévèrement, un jour ou l’autre, par ces couches populaires qu’ils ont l’ambition de défendre. Lequel jugement prendra peut-être la forme d’un vote massif pour le FN.

3) Le temps presse. Comme l’adversaire qui utilise la dynamique Le Pen pour triompher, il faut créer une dynamique pour le Front de Gauche. Le but n’est peut-être pas de prétendre gagner la présidentielle, mais de faire aboutir la dynamique afin qu’elle permette d’élire un maximum de députés FdG dans la foulée. Alors, utilisons l’atout médiatique qu’est Mélenchon, même si certains préfèreraient un autre candidat. Et lançons-nous dans la bataille avec l’idée la gagner !