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Verts : SIEMP et logement

Publie le mardi 6 septembre 2005 par Open-Publishing

René DUTREY Président du groupe Verts au Conseil de Paris Président de la SIEMP

Depuis vendredi, une vague d’expulsions frappe les occupants des immeubles squattés de la capitale à la demande du Ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy. Sous le prétexte de mettre hors de danger des familles mal logées, celles-ci se retrouvent à la rue si ce n’est immédiatement du moins après quelques nuits à l’hôtel. J’apprends que dès demain, les familles occupant plusieurs immeubles qui appartiennent à la SIEMP risquent de subir le même sort. A aucun moment la Siemp n’ a demandé à la préfecture qu’elle procède à ces expulsions. Si celles-ci ont lieu, elles se feront à la demande du ministre contre mon avis. Cette pratique scandaleuse qui ne peut que pousser les familles expulsées que vers un autre squat, est tout à fait contraire au travail que nous avons entrepris concernant ces immeubles. Bien au contraire nous relogeons systématiquement et de façon pérenne en logement social les occupants de ses immeubles, avant d’entreprendre les travaux nécessaires à leur transformation en logement social.

La Ville de Paris a confié à la SIEMP la mission de sortir de l’insalubrité 423 immeubles, soit en intervenant auprès des copropriétés, soit en se portant acquéreurs de ces taudis. Nous sommes ainsi devenus propriétaire de 148 immeubles parmi les pires de la capitale. Dès l’acquisition, nous entreprenons de remettre aux normes les réseaux existants (eau, électricité) et lançons les procédures de relogement accompagnées du suivi social des familles. Sur les 2000 familles à reloger en priorité d’ici la fin de la mandature, 542 familles sont à ce jour relogées définitivement dont 523 dans Paris. Le rythme des relogements s ’intensifie depuis l’an dernier, 226 de ces foyers ayant été relogés durant les 12 derniers mois. Il faudrait aller beaucoup plus vite, mais notre action est limitée par le nombre d’appartements mis à notre disposition par la Ville de Paris et surtout la préfecture de Paris.

Les expulsions prévues par Sarkozy non seulement mettront à mal tout le travail de diagnostic social effectué par les services de la SIEMP mais elles ne règleront pas le problème des sans-papiers qui ne peuvent légalement être logés en logement social. Les sans-papiers risquent d’être expulsés du jour au lendemain du territoire français, sont exploités dans leur travail du fait de l’insécurité permanente dans laquelle ils vivent, mais aussi se voient nier leur droit fondamental à un logement décent. J’ai pour ma part demandé à la préfecture que soient attribués, notamment du fait du risque de saturnisme encouru par les enfants, des titres de séjour aux occupants de ses immeubles qui n’en ont pas. Malheureusement je ne l’ai pas obtenu et nous ne pouvons pour le moment les reloger que dans des logements-relais confiés par la Ville mais dont nous ne disposons pas en quantité suffisante.

Dans l’immeuble du 3, rue du Roi Doré dans l’incendie duquel 7 personnes ont trouvé la mort, toutes les familles ayant des papiers avaient été relogées. Sur les 16 ménages, 9 dépourvus de titre restaient dans l’immeuble et faisaient l’objet d’un suivi social. Des travaux de mise en sécurité avaient été effectués à l’exception d’un compteur électrique qui devait être changé avant le 3 septembre. Les travaux de suppression de l’accès au plomb ayant été engagés par la Préfecture avant prise de possession de l’immeuble par la SIEMP, les familles sans papiers sont demeurées sur place. Même quand tout est mis en oeuvre pour sécuriser les occupants, le danger reste présent. D’où l’urgence à reloger les habitants.

L’application de la loi de réquisition permettrait en mobilisant les logements vacants de reloger rapidement les occupants des immeubles insalubres ou dangereux. Sur les plus de 40 000 logements vacants il suffit d’en réquisitionner moins de 1500 pour reloger les derniers occupants. A mon initiative, le Conseil de Paris avait adopté en mars dernier un voeu demandant au préfet l’application à Paris des lois de réquisition. Mais la préfecture n’ a toujours pas répondu... Face à la crise du logement que nous traversons on ne peut plus se passer d’une intervention forte sur le marché et sur ses prix délirants. Comme nous le répétons depuis trois ans, il faut obtenir un blocage des loyers qui explosent excluant les plus démunis de la capitale. Mais c’est aussi la politique de logement de la Ville de Paris qui doit enfin répondre à l’urgence . C’est pour protester contre celle-ci que les élus verts du conseil de Paris n’ont pas voté le Programme Local de l’Habitat. Il faut créer plus de logements très sociaux (PLA-I) et arrêter de gaspiller l’argent de la Ville en rachetant à prix d’or des immeubles occupés qui ne deviendront pas des logements sociaux avant de nombreuses années. Enfin, nos demandes de modification du Plan Local d’Urbanisme de Paris doivent être prises en compte. Il faut donner la priorité à la construction de logements réellement sociaux sur celle de bureaux.

Les expulsions ne peuvent être une solution. Il faut mettre un coup d’arrêt à cette politique spectacle. Je pense important qu’élu(e)s et militant(e)s s’opposent sur le terrain, comme nous l’avons fait dans le 14e, à toute expulsion réalisée sans relogements pérennes des occupants.