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chronique enfants et sans papiers en danger ... à compléter malheureusement

Publie le samedi 10 juin 2006 par Open-Publishing
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D’après l’insee, 60% de la population de Mayotte sera sans papiers vers 2012. D’ici là Mayotte sera un département.
Du coup, le ministre de l’outre mer français a trouvé qu’il fallait porter sur l’immigration clandestine dans l’île "d’abord un regard humain".

Un commission de parlementaires a produit en 2006 un rapport qui fait de cette trouvaille son principe.

Que voit ce regard humain ? Beaucoup de choses intéressantes et notamment celles-ci :

Dans un projet de loi datant de 2001 le rapporteur du sénat disait que depuis 1997 on estime à 4000 le nombre de morts dus à des naufrages de Kwassa-Kwassa (les barques qui transportent les clandestins). Les parlementaires trouvent désormais que cette estimation - mentionnée comme celle des autorités anjouanaises qui donnent un chiffre compris entre 3000
et 10000 morts - est "très excessive", en ajoutant que ces morts sont aussi dues à des naufrages volontaires. Il serait en effet inhumain que le nombre de morts dépasse un certain seuil (fixé au conditionnel à 100 ou 200 par an), un regard humain ne saurait voir cela - et la discussion porte fatalement sur le nombre de morts "en trop", soit sur les morts qui n’ont
pas eu lieu.

Du même regard, les parlementaires énoncent, solennellement, qu’il n’y a aucun rapport entre l’instauration du visa obligatoire et le nombre de morts
restant. La mission "n’accepte pas l’amalgame" entre les deux. Mais quand
même : on propose de créer un consulat à Nzwani et à Mwali - entre autres
mesures - afin de simplifier la procédure d’accès au visa, en reconnaissant
que la politique suivie par l’Ambassade de France à Moroni est plutôt
restrictive (pour obtenir un visa vous devez fournir des documents qui
n’existent pas).
Par ailleurs, on reconnaît que l’immigration trouve son origine notamment
dans "les liens historiques, culturels et familiaux" entre Mayotte et les
Comores, mais on continue à appeler "étrangers en situation irrégulières"
ceux qui migrent dans ces conditions (dites de "proximité naturelle").
Si on fait preuve d’humanité dans le regard qu’on porte sur les morts par
noyade on doit pouvoir voir quelque chose comme cela : un étranger allait
clandestinement se mettre dans une situation irrégulière en pensant
rejoindre quelqu’un dont il était "naturellement" proche - il ne se serait
pas noyé s’il avait fourni des documents qui n’existent pas en échange du
visa obligatoire. Le visa n’est pour rien dans cette affaire, ce sont "les
liens historiques, culturels et familiaux" qui ont fait le coup - et comme
l’obligation du visa cour-circuite ces liens, s’il est noyé on est sauvé.

On n’arrive pas à être humain dans notre façon de regarder les choses. Et ce
qu’on voit c’est ceci :
Expulser par exemple une femme que l’on sépare ainsi de ses enfants c’est
l’exposer froidement à la mort - parce qu’il est sûr qu’elle fera tout pour
revenir et qu’elle n’obtiendra pas de visa. Un Etat qui, via ses
préfectures, pratique aussi allégrement la formule "si tu veux vivre il faut
que tu fasses mourir" est, si l’on suit un auteur français assez connu,
raciste - quels que puissent être les sentiments humains de ses agents, le
racisme étant, plus qu’une mentalité, une manière de fonctionner.
Le trait n’est pas nouveau : à Mayotte des gens qui arborent toutes sortes
de titres (dont celui d’écrivain) admettent publiquement qu’être raciste est
nécessaire pour se protéger et se donne volontiers en exemple partout où ils
le peuvent. En Métropole c’est un trait présent dans la révolte des
banlieues - avec la réaction typique du publiciste qui fait dans sa culotte
en voyant des hordes de noirs casser le bien public et des politiques de
tous sexes qui déclarent aimer plus que tout la police et l’armée.

Mais tandis que les gouvernements français foncent à toute allure vers leur
passé pétainiste, ces migrations qu’on n’arrêtera pas comme ça vont sans
doute donner quelque chose d’autre.
Matso
— 
Didier Py

didier.py@wanadoo.fr


Messages

  • Une opération "collège mort" s’est déroulée vendredi dans un collège proche de Rennes en soutien à un jeune Mongol menacé d’expulsion à la fin de l’année scolaire, a-t-on appris auprès de l’établissement et des enseignants.

    Enseignants, élèves, habitants, ainsi que des élus, dont le président du conseil général d’Ille et Vilaine, Jean-Louis Tourenne (PS), ont pique-niqué vendredi midi devant le collège de Fontenay, qui accueille quelque 700 élèves à Chartres de Bretagne, en soutien à Sergelen Djargal, 12 ans.

    Sergelen est arrivé en France il y a trois ans avec ses parents. L’asile politique leur a été refusé en avril 2005, mais la famille a été autorisée à prolonger son séjour en raison de l’état de santé de M. Djargal. Ce dernier étant décédé en janvier dernier, Sergelen et sa mère ont été invités à quitter le territoire français où ils souhaitent continuer à vivre.

    Selon ses professeurs, Sergelen s’est "parfaitement intégré, non seulement scolairement, mais aussi sportivement" en s’illustrant dans plusieurs compétitions de judo.

    Un dossier en annulation et un référé en suspension ont été déposés auprès du tribunal administratif. Une pétition en leur faveur, toujours en cours, a reçu plus de 4.000 signatures.

    Rappelant les "rapports accablants" d’Amnesty international sur la situation politique en Mongolie, le comité de soutien demande que "Sergelen et sa maman puissent vivre sereinement dans un pays où ils ont cru sincèrement trouver refuge et où, à présent, reposent les cendres" de M. Djargal.