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et pourtant on nous a fait voter pour lui en 2002

Publie le lundi 30 avril 2007 par Open-Publishing
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comme cet article de l’Huma nous remet des choses en tête : nous voyons la droite bouffer la gamelle à Le Pen et le ps faire appel à une autre droite dite modérée et incarnée par un certain nombre d’UDF.

Et en 2002 Chirac devint un saint face au Front grâce à nos suffrages et nous voyons ici que Sarkosy est le digne rejeton de Chirac...

Alors Chirac fréquentable et pas Sarko ou plutôt comment comment il est tenté de nous faire croire que la droite n’a jamais été aussi dure...

C’était mercredi soir lors d’un diner-débat réunissant 2.000 militants et sympathisants du RPR à Orléans. Dans sa hargne de reconquête du pouvoir politique, Jacques Chirac était venu animer cette soirée solognote en chassant sur les terres électorales de Le Pen. Partant de l’idée qu’il fallait opposer un « moratoire » à la possibilité de « regroupement familial » accordé aux immigrés travaillant en France sous la présidence de Giscard d’Estaing, l’ancien premier ministre a tenu à s’inventer un exemple « parlant » pour bien ajuster sa cible : « le travailleur français qui habite à la Goutte d’Or et qui voit sur le palier à côté de son HLM, une famille avec un père, trois ou quatre épouse, une vingtaine de gosses, qui touche 50.000 francs de prestations sociales sans naturellement travailler (...) Si vous ajoutez à cela le bruit et l’odeur, le travailleur français sur le palier, il devient fou. Ce n’est pas être raciste que de dire que nous n’avons plus les moyens d’honorer le regroupement familial ».

Sur sa lancée, le maire de Paris s’est prononcé sur « un vrai débat moral » (sic) sur cette question avec cet argument supplémentaire que rapporte le correspondant du « Monde » : « est-il naturel que les étrangers puissent bénéficier, au même titre que les Français, d’une solidarité à laquelle ils ne participent pas puisqu’ils ne paient pas d’impôts ? ». Puis, histoire de montrer qu’il n’en avait pas après tous les immigrés, Jacques Chirac a rendu hommage aux « braves gens qui travaillent », avant d’ajouter : « Si on n’avait pas l’épicier kabyle au coin de la rue, ouvert de sept heures du matin à minuit, combien de fois on n’aurait rien à bouffer le soir ? »

Hier matin, lors d’une conférence de presse tenue à Orléans, le président du RPR a donné la clé électorale de son discours de la veille en déclarant qu’il avait voulu « sortir de la langue de bois » avant d’ajouter : « Si M. Le Pen développe ces thèmes, je ne vois pas pourquoi il aurait le monopole de ce problème ». Evoquant son « anecdote » de la veille au soir, il a affirmé : « l’exemple que j’ai pris c’est ce que l’on entend partout, ce n’est pas la peine de se le cacher ».

En lisant le « Figaro » d’hier matin, Jacques Chirac a pu constater que Michel Poniatowski, son ancien ministre de l’intérieur, lui faisait une rude concurrence dans la chasse aux voix lepénistes. Qu’on en juge : « L’essentiel des chômeurs est fourni par l’immigration (...) La population immigrée, principalement maghrébine et noire, est hautement criminogène (...) Je suggère de poser deux conditions à l’acquisition de la nationalité française : une connaissance parfaite de notre langue et le serment de fidélité à la Constitution, aux institutions et aux droits de l’homme. Toutes choses contraires au droit coranique ! (...) Je ne partage pas les idées de M. Le Pen dans beaucoup de domaines. Mais, sur l’immigration, il a une position de bon sens qui rejoint la mienne. Je crois même que, dans les propositions, je vais plus loin que lui ! »

Jean Marie Le Pen a sauté sur l’occasion pour affirmer dès hier que les Français préféraient « l’original à la copie. M. Jacques Chirac, président du RPR, rallie les points de vue du Front national que nous défendons, nous depuis dix ans », a-t-il déclaré sur Europe 1. « Si on avait fait ce que préconisait le Front national depuis dix ans, nous ne serions pas aujourd’hui dans une situation d’overdose, qui est une situation mortelle que décrit Jacques Chirac », a-t-il ajouté.

Cette double sortie de haine raciste a été évoquée hier au déjeuner-débat qu’organisaient Charles Pasqua et Philippe Seguin au nom de leur association « Demain la France ». Deux de leurs invités, Marek Halter et Roland Castro, ont fait part de leur émotion devant ce que le premier a qualifié de « glissade verbale » chez Jacques Chirac. Pasqua a préféré parler d’autre chose et Philippe Seguin a demandé que l’on ne sorte pas le discours du président du RPR de son contexte expliquant qu’il s’agit d’un « discours de rejet qui s’adresse aux immigrés clandestins et un discours de refus qui s’adresse aux immigrés supplémentaires ».

Hier matin, lors d’une conférence de presse consacrée aux questions économiques et sociales , Edith Cresson a déclaré que Jacques Chirac a poussé le bouchon un peu trop loin (...) J’avais dit que le langage de M. Chirac ressemblait beaucoup à celui de M. Le Pen. J’ai dit ça il y a quelques jours. Ca a surpris. Aujourd’hui, tout le monde dit la même chose. Je pressentais le rapprochement », a ajouté le premier ministre qui estime que le président du RPR se rapproche de celui du FN « pour des raisons électorales » ce qui est « choquant ».

Secrétaire d’Etat aux affaires sociales et à l’insertion, Kofi Yamgnane s’est également déclaré « extrêment choqué » par les propos de Jacques Chirac qu’il a qualifiés de « racistes ». « Chirac et Poniatowski donnent dans l’hystérie xénophobe. Ils veulent en faire plus que Le Pen (...) Le discours de Chirac appelle à la haine (...) C’est très clair, M. Chirac fonce vers le Front national en espérant en récupérer des voix... »

Au parti socialiste, les réactions d’indignation se sont accompagnée d’une main tendue vers plusieurs politiciens de droite. Jean-Jack Queyranne a estimé que ce n’est pas une anecdote, ni un dérapage de Jacques Chirac. « Je crois que le RPR veut parler comme le FN. On désigne les immigrés à la vindicte populaire » a-t-il déclaré avant d’ajouter : « MM. Léotard, Noir, Méhaignerie, Barre, je leur pose la question : est-ce qu’ils se reconnaissent dans les propos de M. Chirac ? Est-ce qu’ils sont prêts à les condamner ? C’est à eux aujourd’hui de répondre ». Daniel Vaillant a posé les mêmes questions en citant les noms de MM. Noir, Barre et Stasi.

En fait, les propos et le moment choisi par Jacques Chirac pour les prononcer ne relèvent pas de l’improvisation. Ils sont tenus alors que la déception et le mécontentement persistent, un mois après le changement de gouvernement. Ils misent sur une traduction électorale des réactions racistes en prenant soin de braquer les projecteurs sur la polygamie qui ne concerne qu’une infime monorité de familles installées en France. Ils permettent un amalgame entre tous les immigrés en oubliant que l’immense majorité d’entre eux travaillent et paient leurs impôts et participent donc à la solidarité nationale comme à la création de richesses.

Au fond, la fuite en avant de Chirac vers l’extrême droite a été facilitée par le refus du nouveau gouvernement de mettre ses premiers actes en accord avec les propos initiaux du nouveau premier ministre. Alors que les communistes ont dit et répété qu’il étaient disponibles pour contribuer à la mise en oeuvre d’une authentique politique de gauche, c’est la poursuite d’une politique de droite et les frustations qu’elle génère qui poussent les principaux dirigeants de la droite à mettre le paquet en vue de s’emparer du pouvoir.

Ajoutons que les propos de Chirac et Poniatowski sont de nature à encourager les agressions en tous genres contre les populations immigrées. Ayette Boudjma, vice-présidente de SOS- Racisme, devait y songer quand elle déclarait hier qu’elle « ne pensait jamais entendre un tel discours de la part de la droite républicaine ». Areski Dahmani, président de France-Plus et présent la semaine dernière au Zénith du RPR, semblait exprimer les mêmes craintes en affirmant que si Jacques Chirac « ne s’excuse pas c’est que ses paroles étaient volontaires et qu’il les pense ».

Car il est aussi des paroles qui tuent !

Gérard Le Puill

Article paru dans l’édition du 21 juin 1991.

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