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les neo-pamphlétaires

Publie le mercredi 1er septembre 2010 par Open-Publishing

Un journal dont la survie dépend d’une société à but lucratif ne peut pas être indépendant. Un journal dont la survie financière dépend de la publicité, du bon vouloir d’annonceurs, n’est pas libre.

Un rédacteur en chef qui doit son poste d’un PDG de multinational propriétaire du groupe de presse dont il fait partie, est le vassal de son suzerain, son commanditaire qui souhaite au mieux se faire de l’argent, de s’auréoler de l’image de mécène de la liberté d’expression, au pire faire triompher l’idéologie de ses intérêts de caste et ou de classe. Les journalistes nommés par une rédaction doivent le maintien de leur poste et leur avancement à leur capacité à se conformer à cet ordre dit démocratique qui fixe les limites autorisées où il peut expérimenter une liberté d’expression toute relative au regard de sa dépendance et de son allégeance à un ordre économique, politique. 95 % de la presse est possédée par quelques grands groupes internationaux, marchands d’armes, BTP, qui ont pour intérêt autre chose que la vérité, la justice, la liberté, on peut même dire qu’ils sont les ennemis de la vocation première du journaliste. Journalistes, une caste privilégiée et dominante, plus proche dans sa conception et dans ses intérêts, du pouvoir que du peuple, s’estimant le droit monopolistique de s’exprimer avec légitimité et sérieux.

La France est un pays éminemment politique. Depuis la révolution et l’éruption sur la scène politique et du pouvoir de l’ensemble de la nation, l’identité et les droits ne se rattachent plus à un ordre divin ou une histoire territoriale, mais à un idéal universel et des droits humains qui sont perçus comme le prolongement légitime et logique des droits des Français gagnés, imposés par la révolution, par la rue, imposé par les masses, comme dans toute l’histoire de notre pays par la suite, foule qui est aux yeux des tyrans de tout temps, sauvage et analphabète, donc inférieure. Autrement dit, notre identité est politique et abolit les castes, les classes, les frontières pour en faire l’expression des droits universels de l’homme.

Dans ce contexte historique de la révolution nait le droit du citoyen, donc à intervenir dans l’agora politique, à se mêler de ce qui le regarde de droit, au même titre que le mouvement de masse qui inscrit le droit de l’homme à exercer un pouvoir politique par lui-même et pour lui-même, chaque citoyen est de facto journaliste. Sans rentrer dans les détails de l’histoire, nul n’a le droit de se substituer au peuple, nul n’a le droit de monopoliser l’expression politique, même si c’est en son nom.
Le discours dominant des journalistes qui s’estiment être les mieux placés pour critiquer le pouvoir et éclater la réalité est un mythe, une jolie histoire pour les dupes et ceux qui cherchent un prétexte pour s’élever dans la hiérarchie sociale, symbolique. Ceci montre une réalité qu’il faut cacher pour continuer à dominer, cette réalité c’est qu’il y a eu ces cinquante dernières années une contrerévolution qui revenait sur 200 ans de révolution à commencer par la grande qui fit naitre la figure du citoyen-soldat et que la presse au pouvoir est la main armée de cette réaction, son auxiliaire.

La condescendance avec laquelle les journalistes jugent l’expression populaire, de ses préoccupations, de ses volontés et de ses vérités est plus que de la supériorité, c’est le reflet d’une ignorance volontaire de ce qui ne représente pas les intérêts de cette nouvelle aristocratie qui a construit son pouvoir dans sa capacité à imposer ses vérités et son ordre des choses.

La presse institutionnalisée (l’essentielle) trouve ses membres dans la bourgeoisie et les enfants de Louis le grand, croise les enfants d’Henri IV à la tête de la presse de l’économie, et de l’état qui est soumis et fusionné aux intérêts du capitalisme mondialisé.

Nul n’oserait dire que ces fils d’artisans, de roturiers, de petits bourgeois s’improvisant avocat du peuple en 89 n’étaient pas journalistes, nul ne peut se permettre de remettre en cause ses pères fondateurs qui pourtant ne sortent pas de science po, car ils fondent dans notre histoire la figure légitime d’un père pénard ou d’un Zola, mais au même titre que la démocratie monopolisée par quelques-uns au nom de tous, le déni de ce rôle que tout citoyen a le droit de s’arroger aujourd’hui n’est que le verni d’un holdup historique et illégal commis par la nouvelle noblesse et son aristocratie intellectuelle abâtardie.
Cette volonté, presque frénétique, de discréditer tout ce qui viendrait d’internet, sans nuance, n’est que la preuve de cet antagonisme, la classe au pouvoir toute spécialité confondue, endormeuse, exploiteuse et menteuse, ne veut pas d’un peuple politique, ne veut pas d’un peuple qui imprime sa pensée, sa volonté et qui ainsi en fait un écho démultiplié de son pouvoir et ne fixe aucune borne à sa liberté.

Le sérieux du journaliste, sa soi-disant éthique, sa soi-disant capacité à classer ce qui est important de ce qui ne l’est pas, ne reflète que l’hégémonie et la supériorité du seigneur face à l’ignoble, à l’illégitime. Mais les temps changent et rien n’est totalement nouveau, les gesticulations de pantins médiocres qui font d’un fait divers et de la peur un miroir aux alouettes et nos priorités ne pourront désormais faire taire une vérité immuable en France depuis que le pamphlet existe, aujourd’hui comme à l’origine le quatrième pouvoir c’est le peuple, internet donc et non le Monde en est sont expression légitime.