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quand la police gaze les éduc’ et que tout le monde s’en fout

Publie le jeudi 11 juin 2009 par Open-Publishing
3 commentaires

QUAND LA POLICE GAZE LES EDUC’
ET QUE TOUT LE MONDE S’EN FOUT

Le 10 juin à Paris le milieu du médico-social c’est retrouvé à Paris pour aller manifester son opposition à la refonte de la convention 66.
Pour la petite histoire, cette refonte est proposée par les syndicats patronaux du secteur. Pas la peine de vous faire un dessin sur la manière dont ça foutrait le bordel si ce truc là était signé. Dans la foulée du fichage des enfants, de la loi sur la délinquance, de la remise en cause de l’Ordonnance 1945, de la future intégration des flics à l’école, v’là que les éduc’ devraient devenir des technicien-nes, que notre boulot sera noté -et payé- selon une grille de compétence et d’efficacité (vu le contexte, je sais pas si beaucoup d’entre nous vont continuer à bosser avec les chômeur-euses), que le nombre d’associations va être divisé par 10, du coup où sera la liberté et la créativité dans la pratique ? Et je vous parle même pas de l’évolution des salaires et des retraites…. Tout du moins pour nous, parce que il n’y a pas d’inquiétude à avoir pour nos chefs de service !

Enfin voilà pour le décor ! Ça fait donc quelques mois que nous nous mobilisons, réunissons, créons des collectifs de lutte aux quatre coins du pays et que… personne n’en parle !
Quant aux négociations, aucune place n’est laissé aux revendications des salarié-es et étudiant-es. Les patrons gèrent les discussions avec les syndicats présents et les stoppent à leur gré souvent à cause « de la violence des manifestants » dixit la CFDT. Du côté syndical, la CGT fait sa sauce en solo, FO tente de bloquer les négo’ pour proposer d’ici six mois un projet plus à même de valoriser le travail social que de le désintégrer comme voulut par les patron-nes ! Quant à SUD, pas présent durant les négo’ (manque de représentativité il paraît), il mobilise ses militant-es et tente, par la rue, de faire sauter le projet.

Donc le 10 juin, début de manif place de l’opéra, à 11h30, 5.000 personnes dans la rue pour défendre nos valeurs, nos acquis, notre manière de travailler avec les jeunes et les moins jeunes.
Les collectifs étaient présents de partout, on gueule dans tous les sens, on fait du bruit, nous ne laisserons plus faire.
Faut dire que d’habitude ils sont sympas les éduc’, ils/elles se montrent pas trop, ils/elles font leur boulot malgré les coupures budgétaires et des lois de plus en plus restrictives et répressives, il/elles tentent de défendre la liberté et le droit à l’autonomie des personnes avec lesquelles ils/elles travaillent. Mais là, faut plus pousser ! Du coup présent-es et motivé-es dans la rue à Paname et ailleurs.
Arrivée devant le lieu où les uns négocient pour les autres (ceux et celles qu’on écoute pas, et à qui l’on vend une gestion capitaliste d’un univers humaniste). Accueilli-es par une vingtaine de camion de gendarmes mobiles et des coups de gazeuses pour pas qu’on s’approche de trop près des pontes qui discutent de l’avenir de nos métiers.

Mais personne n’en parle et tout le monde s’en fout ! C’est pas faux de dire que les éduc’ fonctionnent un peu en vase clos, qu’il faudrait que nous parlions un peu plus de nos métiers, mais là on fait ce qu’il faut pour communiquer et pour sauver un milieu qui, sans doute, permet au pays de ne pas exploser.
Mettre des flics dans les écoles et pourrir le monde du social en voulant en faire un milieu concurrentiel, c’est lâcher les lions dans l’arène.

Y en a marre d’être pris pour des con-nes ! Nous n’allons pas continuer à nous laisser bouffer. Rendez-vous le 22 juin pour continuer à nous défendre nous, nos valeurs et le projet d’une société égalitaire, sociale et humaine.

Ya Basta !

Messages

  • Les educs ont oublié qu’ils sont également des militants : Les budgets se réduisent depuis des années mais pas de grève...juste quand on touche à la convention, et qu’il est bien tard comme dans beaucoup de corps de métiers.

    Quel est le sens du travail social ? Tant que le milieu éducatif n’assumera pas qu’il est porteur d’une vision sociétale (n’est-ce pas la une certaine définition du militantisme), il est voué à être absorbé par le délire et l’illusion libérale.

    Ce n’est pas une posture théorique, étant éduc moi-même, mais un constat du terrain !
    Mais oui, tout le monde s’en fout que l’on soit gazés, comme tout le monde s’en fout (et nous entre autres) que les ouvriers de Continental soient gazés...il s’agit de se réapproprier la réflexion et l’action conjointement. Nous perdons nos acquis sociaux, nos conditions de travail se détériorent, comme tout le monde depuis 25 ans environ !

    Remettons le sens de notre travail au cœur de nos actions, au quotidien ! Il y a tant d’années que nous avons accepté les compromissions. La réforme de la convention 66 est le fruit de la perte de vision, de sens, de mise en perspective des travailleurs sociaux en général !

    Reveillons nous certes, mais revendiquer un changement sociétal !