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Aux membres du conseil d’administration du Réseau Sortir du nucléaire

Publie le mardi 30 mars 2010 par Open-Publishing

Ambiance tendue lors de l’assemblée générale du Réseau Sortir du nucléaire les 6 et 7 février derniers à Lyon : onze des treize salariés sont depuis un mois en grève de soutien à leur directeur administratif, Philippe Brousse, pour obtenir le licenciement du porte-parole Stéphane Lhomme, véritable épine dans le pied d’EDF, puisqu’il est à l’origine des fuites sur le délabrement des centrales françaises qui avaient fait à l’époque grand bruit dans les médias et lui avaient valu une garde à vue d’ennemi public numéro un.

Motif du conflit : pour les salariés, un harcèlement dont ils seraient les victimes ; pour l’intéressé, la signature d’un appel sur l’urgence climatique dans le cadre du sommet de Copenhague, texte dans lequel ne figure nulle part la revendication de sortie du nucléaire, ce qui revient à cautionner l’escroquerie intellectuelle qui vise à faire croire que l’atome est l’énergie idéale contre l’effet de serre. Le lobby nucléaire ne s’y est d’ailleurs pas trompé, puisque la PDG d’Aréva, Anne Lauvergeon, a pu se répandre dans les médias sur l’émergence d’une nouvelle génération d’écologistes, pragmatiques et responsables, pour qui le nucléaire n’est pas le grand Satan. Dans ce contexte pour le moins délétère, Daniel (groupe Gard-Vaucluse) et Didier (La Sociale, Rennes) étaient porteurs du mandat de la Fédération anarchiste : réaffirmer la souveraineté de l’assemblée générale pour la définition des orientations, démontrer le caractère politique du conflit pour pouvoir surmonter les inimitiés entre individus, et proposer des modalités de résolution de la crise (aucun licenciement, en particulier)… qui ont disparu du compte rendu. Il devenait donc nécessaire que notre organisation s’adresse aux administrateurs du Réseau, d’autant qu’entre-temps la nouvelle de la mise à pied de Stéphane créait une nouvelle onde de choc… Voici donc le courrier qui leur est parvenu.

« Chers camarades,

Comme vous avez pu le remarquer, la Fédération anarchiste a accordé une attention toute particulière à la crise que traverse actuellement le Réseau. Elle a tenu à prendre une part active à la résolution du conflit qui divisait les salariés entre eux et elle a fait en sorte que le conseil d’administration, quels que soient les membres qui le composent, agisse sur la base des mandats que lui confie l’assemblée générale.

Les décisions qui ont été adoptées à Lyon les 6 et 7 février allaient pour la Fédération anarchiste dans le bon sens, cependant, ces derniers jours ont vu ressurgir des difficultés, et nous avons été informés de faits qui nous semblent inquiétants, et sur lesquels nous souhaitons un échange de points de vue avec vous.

Nous avons en particulier appris la mise à pied de Stéphane Lhomme, vous comprendrez que nous nous demandions si elle est préalable à une procédure de licenciement, ou si votre intention est tout autre.

D’autre part, à la lecture du compte rendu de l’assemblée générale, il apparaît que notre intervention du dimanche matin est tronquée de sa partie la plus importante, puisqu’il s’agit de celle où étaient formulées nos propositions pour sortir par le haut de la crise avec les salariés. Les difficultés rencontrées lors de l’enregistrement sont probablement à l’origine de cette lacune, nous n’en doutons pas un instant.

Notre demande consiste donc à intégrer dans le compte rendu ce que nous avions été les premiers et quasiment les seuls à dire, à savoir : ouverture de négociations sur le paiement des jours de grève. Reprise du travail. Aucun licenciement. Attribution au seul conseil d’administration de la responsabilité de la gestion des ressources humaines.

De plus, nous nous sommes étonnés, sans pour autant intervenir immédiatement, au risque de prendre la responsabilité de perturber gravement l’ordre du jour, de ne pas retrouver ces propositions sous notre formulation dans le texte de la feuille de route proposée à l’assemblée générale le dimanche matin, puisque personne n’en avait énoncé d’autres. « Clarifier les rapports de hiérarchie entre les salariés et le CA (procéder à une modification des statuts si besoin), clarifier le rôle du porte-parolat, du directeur des ressources humaines, etc. », « Procéder à une évaluation et à une refonte des modes de fonctionnement et responsabilités au sein du réseau » sont des formulations beaucoup moins précises que celles que nous avions proposées, de ce fait, elles portent en germe de nouveaux conflits, de nouvelles divergences d’interprétation, et elles ne constituent en rien un mandat impératif pour les administrateurs, ce que nous regrettons. Dès lors, nous souhaiterions savoir comment ont été élaborés les textes, par qui et dans quelles circonstances ; soyez-en assurés, il ne s’agit aucunement de défiance, mais d’un souci bien légitime de comprendre.

La Fédération anarchiste est indéfectiblement attachée au Réseau pour deux raisons : d’abord parce que le nucléaire est intimement lié à l’idéologie sécuritaire qu’elle combat, ensuite parce que son fonctionnement fédéraliste ressemble à celui que nous appelons de nos voeux. Vous comprendrez donc aisément la nature des demandes que vous avez trouvées dans ce courrier.

Recevez, chers camarades, nos salutations anarchistes et antinucléaires.

Fédération anarchiste

Secrétariat aux Relations extérieures

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