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Absentéisme : supprimer les allocations, une idée critiquée de toutes parts

Publie le mardi 20 avril 2010 par Open-Publishing
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Nicolas Sarkozy a répété mardi sa volonté de voir supprimées les allocations familiales en cas d’absentéisme scolaire, une idée critiquée de toutes parts, tant par les inspecteurs d’académie que par les syndicats d’enseignants ou les fédérations de parents d’élèves.

Les allocations familiales seront "systématiquement" suspendues en cas d’"absentéisme scolaire injustifié", a déclaré le président de la République en visite à Bobigny (Seine-Saint-Denis).

Le député UMP Eric Ciotti, qui déposera "en début de semaine prochaine" à l’Assemblée nationale une proposition de loi "allant en ce sens", a précisé qu’il s’agissait de "placer l’inspecteur d’académie au coeur du processus".

"Il faut faire attention aux effets d’annonce. Ces annonces, un peu à l’emporte-pièce, veulent frapper l’opinion, mais ensuite on ne peut pas les appliquer, notamment car cela crée de la pauvreté", a réagi auprès de l’AFP Robert Prospérini, secrétaire général du Syndicat des inspecteurs d’académie (SIA).

"Le gouvernement veut rendre plus dure l’application de la loi ’ Sans faire de polémique, parfois le gouvernement actuel dit +on fait des choses nouvelles+, mais ce sont des choses qui existent", a-t-il ajouté.

Selon lui, "ce n’est pas nouveau : les inspecteurs d’académie, comme garants de l’obligatoire scolaire, sont déjà au coeur du dispositif, ce sont eux qui doivent convaincre les familles que leurs enfants aillent à l’école".

"Mais ce sont souvent des familles en difficultés sociales et supprimer les allocations n’est pas toujours la bonne solution. Il faut savoir doser avec beaucoup de doigté. Convaincre est souvent plus efficace", a-t-il ajouté.

La fédération Unsa Education a jugé que l’absentéisme était un "problème complexe (qui) ne sera pas résolu par des mesures simplistes".

Peur de violences, phobies scolaires, problèmes d’acné... les raisons des absences sont diverses et cela appelle "des réponses très variées", prévenait récemment dans le journal Libération le psychanalyste Patrice Huerre.

"On ne comprend rien à la violence à l’école si on oublie les effets de la répétition victimaire. La recherche montre par exemple que près d’un élève absentéiste chronique sur cinq s’absente par peur de la maltraitance entre élèves", selon le chercheur Eric Debarbieux, qui préside le comité scientifique des états généraux de la sécurité à l’école.

"Assez de démagogie et de fébrilité", cette mesure "a fait la preuve de son inefficacité partout où elle a été employée", a aussi réagi mardi le SNUipp-FSU, premier syndicat du primaire.

A droite aussi, la mesure est critiquée : fin mars, la fédération de parents d’élèves Peep a jugé que "cela aurait pour conséquence de creuser le fossé qui existe entre ces familles et l’institution scolaire", tandis que l’ex-ministre de l’Education Luc Ferry a déclaré au Monde que "c’est ajouter la misère à la misère".

"Ce qu’il faut, c’est créer des filières d’excellence dans la voie professionnelle, pour qu’elle ne soit plus choisie par défaut", selon M. Ferry.

L’absentéisme est en effet surtout fort dans les lycées professionnels (15% en moyenne, contre 3% des collégiens et 6% des lycéens), selon les chiffres du ministère de l’Education nationale.

Le chef de l’Etat a répété également qu’il fallait créer des établissements spécialisés pour les jeunes les plus difficiles et il va proposer dans 53 établissements scolaires sensibles d’installer "un bureau destiné au policier ou gendarme référent", ce que les chefs d’établissements pourront refuser.

Mais ces deux mesures n’ont pas suscité mardi de réactions.

http://www.lexpress.fr/actualites/1/absenteisme-supprimer-les-allocations-une-idee-critiquee-de-toutes-parts_886324.html

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