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Manifestation des céréaliers à Paris ! Lesquels ?

Publie le mardi 27 avril 2010 par Open-Publishing
12 commentaires

Manifestation des céréaliers - « Fauchés comme les blés »

D’après la Fnsea, 1.200 agriculteurs arriveront en tracteur aux portes de Paris pour se rassembler Porte de Vincennes. Et ils devraient être 10000 pour 10h30.

Cette opération de masse se veut être à la hauteur des enjeux économiques et sociaux que représentent l’agriculture et l’agroalimentaire pour la France:14 % des emplois induits méritent bien des revenus décents

Mais voilà ce que publiait la Confédération paysanne, il y a un mois, à la veille d’une autre manifestation :


Redistribution des aides PAC : Tenir compte des revenus pour répartir plus justement

24 mars 2009

Demain, mercredi, les plus grands céréaliers des régions les plus riches, ayant les plus gros revenus et aussi les plus gros soutiens publics, manifesteront à Paris, pour conserver et faire perdurer leurs privilèges.

Cette manifestation est indécente

Va-t-on appauvrir et faire disparaître les céréaliers des ¾ du territoire français pour défendre les revenus élevés des régions les plus riches ?

Pour illustration, revenu annuel moyen des producteurs céréaliers, entre 2003 et 2007, par agriculteur :

* 44 000 euros en Ile de France – 46 400 en Champagne-Ardenne

* 15 800 euros en Aquitaine – 15 400 en Midi-Pyrénées

Les arbitrages sur les modalités françaises d’application du bilan de santé de la PAC se poursuivent. Ce bilan de santé donne l’occasion de renforcer les soutiens sur les 50 premiers hectares des exploitations, et de les renforcer également dans les zones dites « intermédiaires ». Ainsi, ces modalités peuvent permettre de conforter un peu les revenus agricoles les plus faibles ; la France a l’opportunité d’introduire la prise en compte de l’actif paysan et le plafonnement des aides pour rendre l’agrandissement des fermes moins attractif.

Seulement, les représentants des FRSEA et JA des grandes régions productrices de céréales, n’entendent pas admettre ces opportunités de répartition. Ils manifesteront demain à Paris pour conserver leurs acquis historiques.

514 millions d’euros issus du découplage du solde des aides SCOP (surfaces en céréales et oléoprotéagineux) sont en jeu. Les céréaliers les plus riches refusent l’orientation d’une partie des soutiens vers les céréaliers des zones les moins favorisées – Qu’en pensent les céréaliers de ces zones ?

Il est choquant que des agriculteurs ayant des revenus annuels moyens par actif sur 5 ans de 44 300 € comme en Ile-de-France ou de 46 400 € comme en Champagne-Ardenne, fassent main basse sur des soutiens qui peuvent être redistribués à des paysans qui, étant dans des régions moins favorables ont des revenus très inférieurs, comme par exemple, les producteurs céréaliers d’Aquitaine ou de Midi-Pyrénées dont le revenu moyen est inférieur à 16 000 € (voir le document en pièce jointe : « Résultat courant avant impôt par UTA familiale », données par système et par région, source Agreste-RICA France 2007)

Au regard des différences de revenus entre les céréaliers des différentes régions, il apparait impératif que l’enveloppe soit prioritairement redistribuée vers les régions dites « intermédiaires », c’est-à-dire les régions n’ayant pas les meilleures terres, ni les plus gros DPU, et ayant simultanément des revenus sensiblement inférieurs aux régions céréalières les plus riches (voir la carte des zones intermédiaires, document de travail 19/03/09). Si ce n’était pas le cas, les fermes de ces régions « intermédiaires », en grandes cultures ou en polyculture-élevage se retrouveraient avec des revenus insuffisants, notablement décrochés de ceux de leurs collègues spécialisés des régions les plus favorisées et ce, pour une durée aussi longue que celle de ce système DPU.

Au-delà du débat initial entre céréaliers et éleveurs, qui opposait les associations spécialisées de la FNSEA, c’est maintenant un débat entre régions céréalières. La direction de ce syndicat joue purement et simplement avec l’avenir des agriculteurs de France et d’Europe car une PAC honteusement injuste et inefficace à assurer un revenu décent au plus grand nombre, est une PAC condamnée à échéance très rapprochée.

La Confédération Paysanne, propose de redistribuer ces 514 millions d’euros aux 50 premiers ha de toutes les fermes produisant des céréales (systèmes d’élevage compris) dans les régions « intermédiaires » ce qui permet de revaloriser leurs DPU de l’ordre de 60 à 80 €/ha. Notons que dans des régions de fort potentiel de production, aux conditions pédoclimatiques favorables, et où les DPU sont cependant en moyenne les plus élevés, les plus forts revenus sont obtenus dans des exploitations de surfaces élevées ; il existe une relative économie d’échelle entre 80 et 150 ha puis au-delà. Compte tenu de la nécessité de maintenir un revenu sur les plus petites fermes de ces régions, il est possible d’envisager une augmentation moindre des DPU sur les 50 premiers hectares des zones riches.

Aujourd’hui les revenus des systèmes de grandes cultures peuvent être très partiellement rééquilibrés : Aujourd’hui se joue en France une part de la légitimité de la PAC.

Messages

  • Manifestation des céréaliers à Paris ! Lesquels ?

    Très bonne question, la disparité actuelle dans le monde agricole avec des producteurs de lait qui crèvent de faim et des Beaucerons qui en ont suffisament et pourtant qui en veulent plus ça laissent perplexe beaucoup d’observateurs et interrogent, à savoir, si dans le monde agricole il ne va pas y avoir aussi des luttes de classe....

    Il est indéniable que ceux qui pratiquent l’agro-business à grande échelle vont essayer d’éradiquer tout les petits paysans, le pire c’est qu’ils y en a de ceux là qui manifestent aujourd’hui et qu’il va être difficile de faire la part des choses...

    C’est la FNSEA qui manifeste, c’est déjà douteux quand on connait les option de ce syndicat. Hormis quelques conscients contestataires du système( salut Jean-Claude), beaucoup sont proches du pouvoir et de fervents défenseurs de l’ultralibéralisme, c’est tout dire

    • des paysans défenseurs de l ultra libéralisme j en vois pas beaucoup

      au contraire il n y a pas plus protectionnistes qu’eux , pour eux l ennemi c’est l omc.

    • J’en ai trouvé un !

      Parmi les 508 000 bénéficiaires français de la politique agricole commune (PAC), il en est un plus habitué à faire la une des magazines people que de la presse agricole. Le prince Albert de Monaco reçoit en effet une subvention de 253 986 € de Bruxelles pour son soutien aux cultures « propres » et aux pratiques en faveur de l’environnement. Car le souverain monégasque est aussi agriculteur. Sa famille est propriétaire du domaine de Marchais, dans l’Aisne, qui compte 773 ha et où travaillent onze salariés. Sur ces terrains, où passe le prince « cinq ou six fois dans l’année », sont cultivés du blé, de l’orge, de la luzerne, des légumes, etc. Mais la subvention en faveur de la famille Grimaldi pèse peu au regard des aides européennes reçues par les grands groupes industriels. Sur cet aspect du dossier, l’enquête du « Parisien » et d’« Aujourd’hui en France », concernant les principaux bénéficiaires de la PAC, montre par exemple que les entreprises liées au sucre, Saint Louis, Tereos, Eurosugar, Sucrerie de Bois Rouge, etc. reçoivent plus de 160 millions d’euros. Certaines sociétés sont même parfois des filiales d’autres bénéficiaires. Un trader du sucre (qui achète et vend le produit) reçoit lui aussi une aide publique substantielle de l’Europe alors même qu’une large part de son activité se situe en Russie. Autre surprise, le volailler Doux qui est le Français le mieux subventionné par Bruxelles, avec près de 63 millions d’euros, présente la particularité de se développer en Amérique du Sud et de réduire ses emplois en France. « Cette subvention est scandaleuse », s’emporte Jacques Pasquier, chargé du dossier de la PAC pour la Confédération paysanne quand Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA (premier syndicat agricole), justifie cette manne comme une aide pour lutter contre la concurrence.

      Le Parisien
      http://www.leparisien.fr/economie/d...

    • A bon ! Pourtant je connais un certain nombre de céréaliers qui suivent de près la bourse au cadran de Chicago...c’est sans doute par plaisir pour faire comme les boursicoteurs !

      Mais quand les cours sont hauts, ceux qui stocquent se dépêchent pour savoir si il y un cargo de libre pour expédier au meilleur prix, et c’est vers la Mauritanie, par exemple, que le maïs subventionné s’en ira pour concurrencer celui produit sur place qui, de fait, sera plus cher ce qui mettra en péril l’agriculture locale.

      J’ai comme l’impression que beaucoup ignore complétement comment fonctionne l’agriculture et sa dépendance directe aux marchés. L’agro-business est un système particulièrement ultra-libéral...

    • Tu me cites UN céréalier, moi je parle de l’immense majorité des agriculteurs qui sont antilibéraux (ils ont d’ailleurs voté en masse contre le TCE)

      tu connais les marchés (enfin tu le pretends) , je connais le monde paysan

      et c’est toute la différence....

    • Oui, ils sont anti libéraux, mais pour le retour à l’ancien régime !!

      je plaisante. Je dis juste que les paysans peuvent aller brûler du pneu ça passe, des ouvriers feraient la même, CRS direct.
      Faut il les opposer pour autant , non, bien sur. Convergence.

      Je trouve que l’agriculteur Pierre P, qu’on avait entendu chez Ardisson et aujourd’hui sur le grand journal, est toujours pertinent, c’est rare de voir un paysan parler aussi des ouvriers, et de dire : ensemble !

    • ce manichéisme est absurde : les ouvriers font aussi bruler des pneus , menacent parfois de tout faire sauter ....et on ne leur envoie pas les crs ....on augmente leur prime de départ.

    • non, désolé, il n’ y a rien de manichéen.
      Les faits.
      Quand les pécheurs ou les agriculteurs détruisent, saccagent des lieux publiques, administrations voir magasins privés , ( parmi eux des ouvriers agricoles et des salariés de la pêche avec le patronat agricole et pêcheur, ce qui complique l’analyse je suis d’accord) , en même pas deux trois jours, au plus au sommet de l’état on cherche à apaiser, le président se déplace. Avec la compassion des médias et de l’électorat de droite.
      Historiquement, combien, de grèves ouvrières ou de fonctionnaires non relayées par les médias, ou au contraire diffamées, combien de gréves cassées par la police ?
      Faut juste être objectif.
      Quand le milieu agricole traditionnellement chouchouté par le pouvoir, quand il se met en colère et qu’il converge vers une lutte globale, alors on a bien là le signe d’une situation pré-révolutionnaire,et il faut chercher à faire converger il me semble. ça ne dois pas nous empêcher d’être lucide, sur l’origine, et la nature de cette force agricole.
      Que certains agriculteurs soient aujourd’hui clairement à gauche, je n’en doute pas, bien qu’ils soient à mon avis une minorité.

    • Dire que les agriculteurs , pécheurs ne sont pas poursuivis lorsque ils détruisent est une évidence

      mais faire croire que les ouvriers sont toujours poursuivis lorsqu’ils détruisent , "sequestrent " (amusez vous , vous, à retenir quelqu’un chez vous contre son gré , et là , oui, vous allez voir débarquer les crs, cependant je ne dis pas qu’ils ont tort) est faux

      c’est tout !

  • durant les 2 dernières années où le marché (chicago) était favorable pour eux ils étaient tout sourires même si les produits dérivés du blé augmentaient tellement que les polices de différents gouvernements devaient salement réprimer les "émeutes" de la faim.Maintenant que la tendance c’est inversée il faudrait immédiatement aider ces saigneurs en attendant que le marché leur redevienne favorable au détriment des plus ou moins démunis.Pas un sou pour ces capitalistes gourmands (humour d’un vieil anarchiste).

  • bah, ils cherchent bien leur malheur, dans leur grande majorité.

    La FNSEA est leur syndicat ultra-majoritaire, d’ultra-droite : ils élisent qui les représente

    Il y a peu, la FNSEA était contre la grève des producteurs de lait (celle des petits, qui crèvent) et s’élevait contre des prix uniformisés

    Aujourd’hui, la FNSEA ose réclamer des subventions publiques (celles payées par vous et moi) :
     pour produire mieux, plus juste, plus sain ? non....
     pour permettre aux aux petits de vivre dignement de leur travail ? non....
     pour établir des prix justes, permettant aux paysans de vivre de leur travail ? non....
     pour payer justement leurs salariés, qui crient misère, ou qu’ils exploitent sans vergogne sans les déclarer ? Non ...
     pour arrêter le pillage et la pollution des eaux induits par l’agriculture intensive ? Non...
     pour mettre fin à la concurrence "sauvage" en Afrique, où ils vendent le poulet moins cher que le poulet local ? Non....

    etc...

    Et bien, dans la logique de la FNSEA, les gros bouffent les petits

    Ce sont les petits qui leur servent d’armée de réserve : comment faut-il les qualifier ?