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FSE Londres - Mauvais souvenirs

Publie le lundi 18 octobre 2004 par Open-Publishing

Sue la Londonienne et Malgorzata la Polonaise sont revenues amères du FSE officiel. A toutes deux, l’ambiance a rappelé des temps qu’elles espéraient révolus : ceux du dogmatisme et de l’embrigadement. Impressions convergentes en dépit de contextes géopolitiques et d’expériences fondamentalement différents.

Sue Crockford, Londonienne, est une militante féministe de très longue date. Elle a été de tous les combats depuis les années 1970. Actuellement, elle milite avec les Femmes en noir. Elle est revenue de son passage à Alexandra Palace, « très triste. »

« On est revenus quarante ans en arrière. Il n’y a aucun espace de discussion. On attend juste des gens qu’ils s’assoient et écoutent. Le public n’est pas sollicité. On devrait le prendre à parti, organiser des votes dans la salle... Les gens qui font la « nouvelle politique » ne sont pas là. Ils communiquent par email, par petits groupes. Le Forum devrait leur permettre de se rencontrer. Mais rien n’est fait pour faciliter ces rencontres. Aucun des outils très simples mis en place déjà au temps des luttes pour le Vietnam, comme les journaux muraux, n’est utilisé. » Pour qualifier l’ambiance, Sue n’a qu’un mot : « stalinienne. » « Si j’avais emmené mes enfants, ils ne seraient pas restés cinq minutes. Pourtant, ce sont des enfants de militante, qui ont fait leur première manif à 18 mois ! » Voilà pourquoi elle est « très triste » : comment espérer intéresser des personnes non engagées, et en particulier les jeunes, en adoptant un comportement aussi sectaire ?

Elle se promet de répondre longuement et vertement au questionnaire « de satisfaction » en ligne sur le site du FSE. « Je ne sais pas s’ils le liront, mais je vais écrire !. »

Le retour des camarades

Réaction similaire de la part de Malgorzata Tarasiewicz, venue de Pologne, à laquelle les discours vociférés suivis d’acclamations rappellent de désagréables souvenirs. Il y a des années, elle militait dans un groupe d’opposition, où avait été démasqué un ancien du KGB infiltré. Quelle ne fut pas sa surprise de le retrouver dans un séminaire où il représentait la Russie ! Malgorzata n’a pas adressé la parole à ce « tovaritch » (camarade) ; cette rencontre remuait des choses trop douloureuses.

« On voit à tous les stands des portraits de Bush et de Blair, désignés comme les ennemis n°1. Je me demande pourquoi Poutine n’est pas dénoncé lui aussi », remarque-t-elle. Oui, au fait, pourquoi ?

Si des militant-es tenaces repartent avec en bouche un goût amer, qu’en est-il des citoyen-nes curieux-ses qui se sont rendu-es au FSE pour s’informer ? Si vraiment on souhaite élargir les mouvements sociaux, il faudra songer à leur ménager une place pour s’exprimer.

Dominique Foufelle ­ 17 octobre 2004

Source :
http://www.penelopes.org