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Sur le mondial fouteux : Le centre du monde

Publie le samedi 12 juin 2010 par Open-Publishing
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Allan Mcdonald

Comme tous les quatre ans, la planète est comme saisie par la fièvre du football. Si par le plus grand des hasards vous n’étiez pas au courant, ce vendredi 11 juin marque l’ouverture de la Coupe du monde, la première sur le sol africain. Le virus a ceci d’unique qu’il est quasiment impossible d’y échapper.

A regarder à travers la loupe que sont les médias, le monde – contrairement au ballon rond – va cesser de tourner. C’est évidemment une illusion mais l’attention portée à un événement a tendance à devenir aussi importante que l’événement lui-même.

Pendant que tous les regards seront tournés vers l’Afrique du Sud, l’opposition iranienne commémorera samedi le premier anniversaire de la réélection controversée du président Ahmadinejad. Combien faudra-il de morts dans les rues de Téhéran pour que la nouvelle ne passe pas totalement inaperçue ? Nicolas Sarkozy a même envisagé de faire une annonce importante sur l’augmentation de l’âge de la retraite des Français en pleine compétition.

Arme de diversion massive, la grand-messe du football reste un formidable divertissement. Le rêve de tout producteur de télé-réalité. Hélas, à chaque Coupe du monde, le fossé s’agrandit entre la qualité du spectacle proposé et les sommes générées par sa commercialisation.
Vingt-six milliards de téléspectateurs en audience cumulée pour le dernier Mondial en Allemagne. Des droits de retransmission qui prennent l’ascenseur à un tel rythme que les télévisions publiques ne pourront bientôt plus diffuser les images du spectacle le plus populaire de l’ère moderne.

Autant dire que le grand ordonnateur de l’événement se frotte les mains. La Fédération internationale de football (FIFA), présidée par le Valaisan Sepp Blatter, ignore la crise. L’an dernier, elle a enregistré un bénéfice de 196 millions de dollars, portant ses fonds propres à plus de 1 milliard de dollars.

Alors que la majorité des Sud-Africains n’en tireront aucun bénéfice, cette édition sera l’une des plus prolifiques pour Sepp Blatter et ses amis. Magnanime, la FIFA a annoncé, hier, la distribution de plusieurs millions supplémentaires à ses actionnaires, c’est-à-dire les associations nationales de football sur les cinq continents. Cerise sur le gâteau, en offrant l’organisation au pays de Mandela, le président Blatter a déjà convaincu les membres africains de le réélire l’an prochain pour un quatrième mandat.

On l’aura compris : la FIFA ressemble plus à une multinationale qu’aux « Nations Unies du football » qu’elle prétend incarner pour le bien de l’humanité. Une entreprise qui, comme l’Union des associations européennes de football (UEFA) de Michel Platini ou le Comité international olympique (CIO) de Jacques Rogge, a son siège en Suisse. Le trio a apparemment trouvé l’endroit idéal pour prospérer.

Si le football représente encore quelque chose, c’est bien le règne de l’argent. Il devient de plus en plus difficile de l’oublier, même l’espace de nonante minutes.

SIMON PETITE
 Le Courrier