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"UN TOCARD SUR LE TOIT DU MONDE" OU LE 9-3 DANS LES CIMES

Publie le mardi 15 juin 2010 par Open-Publishing

Dédicace du Livre "Un tocard sur le toit du monde" - avec Nadir Dendoune

Au Virgin Saint Denis le 26 juin 2010 à 14 heures


"C’est l’histoire d’une imposture, celle d’un homme de 37 ans, aussi sec qu’un boxeur poids plume, qui aurait pu perdre quelques doigts ou la vie.

C’est le récit de Nadir Dendoune, qui n’a pas hésité à s’inventer une existence de dompteur de sommets éternels pour escalader l’Everest.

Un tocard sur le toit du monde raconte comment un enfant du "9-3" a pu - et a su ! - berner des guides réputés de l’Himalaya et s’incruster dans un groupe de grimpeurs expérimentés pour accomplir l’un des défis les plus fous qui existent sur terre.

Ni mont Blanc ni Kilimandjaro, Nadir Dendoune n’a jamais gravi la moindre montagne, si ce n’est celle faite de béton dans sa cité de la Seine-Saint-Denis, la barre HLM où demeurent toujours ses parents. Avant de partir, il n’a pas souhaité les en avertir : difficile de dire que l’on part confier sa destinée à une inconnue, aussi immense et respectable soit-elle. Mais que sait-il de l’Everest ? Rien... Heureusement que les sherpas ont veillé sur lui...

Qui aurait pu croire qu’un novice de la montagne, qu’un gamin de Saint-Denis, aurait pu conquérir la reine des montagnes ? Pas la presse française, qui a mis plus d’un an à croire en son exploit. Nadir Dendoune est parti se perdre dans la neige immortelle pour prouver que le "mektoub" - le destin en arabe - n’a rien d’inéluctable, cela vaut bien un petit mensonge... "Si je ne triche pas, si je ne transgresse pas, je n’aurai le droit que de crever dans ma cité. Notre destin est balisé." Pour lui, un jeune de cité vaut tellement plus que l’image tragiquement taillée par les médias ou par la France de Sarkozy au point de voir le président partout.

Le livre donne quelques vertiges. Pas seulement à cause de l’altitude, du manque d’oxygène, des semaines d’attente interminable pour tenter de s’approcher du toit du monde, l’angoisse d’échouer...

Mais en accompagnant Nadir Dendoune dans son périple une drôle de question se pose : et si gravir la plus haute montagne au monde était plus facile que d’être français ? Précisons. Et si escalader l’Everest était éminemment plus simple que de vivre en France pour un "fils d’immigrés" ? Question absurde ? Probablement. Mais les mots ne trompent pas et prennent tout leur sens à plus de 8 800 mètres d’altitude. "Nico. La France, tu l’aimes ou tu la quittes. Les mots Kärcher et racaille étaient maintenant très audibles à mes oreilles."

RELATION BRISÉE

Ces questions-là, Nadir Dendoune ne les posent pas : il les vit. Il suffit de le suivre pour sentir qu’entre lui et son pays - la France - la relation est brisée. Dans cette ascension, il a emmené un drapeau bleu-blanc-rouge, celui de l’Algérie - pays d’origine de ses parents - et un carton en forme de coeur où l’on peut lire "9-3", son département, pour les planter au sommet de l’Everest. Même après avoir caressé les nuages, il n’arrive pas à pardonner à son pays les douleurs qu’un "fils d’immigrés" peut endurer. Impossible réconciliation. "Mes parents ne m’avaient jamais appris à détester la France. Pas un mot de travers. Et pourtant, je n’y arrivais pas."

Mais ce récit ne tombe pas dans la haine, car ce livre reste une histoire d’amour même si elle peut être irrationnelle voire schizophrénique. Surtout lorsqu’il se met à écrire sur ses parents. Il y a une phrase coranique célèbre qui dit que le paradis se situe sous les pieds des mères. Nadir Dendoune l’a trouvé en haut d’une montagne. La sienne est restée au balcon du HLM à attendre le retour de son fils."

Un tocard sur le toit du monde

Nadir Dendoune

JC Lattès, 221 p., 17 €

http://www.lemonde.fr/livres/article/2010/06/12/le-9-3-dans-les-cimes-de-nadir-dendoune_1371786_3260.html#xtor=AL-32280340