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Twitter et la "comédie ridicule" du huis clos sur les retraites

Publie le mardi 20 juillet 2010 par Open-Publishing

de Laure Bretton

PARIS (Reuters) - La majorité et le Parti socialiste ont assuré mardi vouloir préserver le huis clos des débats sur la réforme des retraites à l’Assemblée, mais ce voeu pieu n’a pas résisté à l’activisme de certains députés.

L’irruption de Twitter, réseau social fonctionnant par mini-messages, a permis ces derniers mois à des élus de raconter minute par minute des réunions censées se tenir dans la discrétion, comme lors de la venue de François Fillon devant le groupe UMP après la défaite des régionales de mars ou l’audition de Raymond Domenech après la déroute des Bleus au Mondial.

En juin, alors qu’il recevait les députés de la majorité à l’Elysée, Nicolas Sarkozy avait ironisé sur le fait que tous ses propos, notamment sur le remaniement ministériel à venir, se retrouveraient immédiatement sur le réseau.

Le président de la commission des Affaires sociales, Pierre Méhaignerie, avait décrété le huis clos sur la réforme des retraites afin de préserver le sérieux des débats.

Depuis la révision constitutionnelle de 2008, c’est en commission que les textes sont débattus et amendés avant d’être examinés en séance publique. L’Assemblée doit entamer l’examen de la réforme des retraites le 7 septembre.

Mardi matin, l’UMP Lionel Tardy, qui ne siège pas à la commission des Affaires sociales, a lancé les hostilités par un message réclamant de "bannir le huis clos en commission", un procédé qu’il juge "antidémocratique".

GADGET ?

Ce sont finalement les députés socialistes - Sandrine Mazetier et Gaëtan Gorce en tête - qui ont été le plus actifs sur Twitter, racontant par le menu les débats entre le ministre du Travail, Eric Woerth, et l’opposition.

Le groupe socialiste à l’Assemblée avait pourtant décidé de ne pas violer le huis clos en "twittant" pendant les réunions, selon Marisol Touraine, chargée des retraites au sein du PS.

Mais même le président du groupe PS, Jean-Marc Ayrault, s’est affranchi de la règle collective, envoyant une série de messages en 140 caractères depuis la mi-journée.

Sur la forme, le groupe PS s’est indigné que le gouvernement refuse la publicité des débats en commission tout en achetant des encarts publicitaires dans les journaux pour défendre une réforme qui n’est pour l’instant qu’à l’étape du projet.

"Woerth a répondu : c’est normal", regrette Jean-Marc Ayrault, qui décrit une "ambiance électrique" et le "rejet de tous les amendements PS".

Le député socialiste Christian Paul a dénoncé "la comédie ridicule du huis clos évoquant les SMS, tweets et appels qui émanent de la salle de la commission", a rapporté Gaëtan Gorce, qui précise sortir de la salle de la commission "par correction" et pour "protester contre la censure".

"Ambiance extrêmement tendue. Pas besoin de la presse pour nuire à la sérénité des débats", ajoute le député de la Nièvre.

Les débats en commission des Affaires sociales doivent durer jusqu’à vendredi et trois points de presse sont prévus chaque jour par la majorité et l’opposition.

"Ce que Pierre Méhaignerie a souhaité, c’est qu’il n’y ait pas d’effets de manche, de théâtralité", expliquait mardi matin sur France Inter le président du groupe UMP à l’Assemblée, Jean-François Copé.

Laure Bretton, édité par Yves Clarisse

http://hightech.nouvelobs.com/actualites/depeche/20100720.REU4593/twitter-et-la-comedie-ridicule-du-huis-clos-sur-les-retraites.html