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Pour une attitude unitaire à l’égard des médias (IV)

Publie le mardi 17 août 2010 par Open-Publishing

(Suite du texte du 16-08-2010, 6 h 07)

L’union des organisations critiques peut concerner la participation commune à des grèves, à des manifestations, à des porte à porte, à des débats, à des distributions de tracts, à des collages d’affiches et même à un gouvernement, mais on ne voit pas pourquoi elle ne pourrait pas concerner aussi une attitude commune dans les médias.

Ne pas être unitaire sur les médias, alors que les médias représentent actuellement un lieu important de production et de diffusion du politique, ce serait, de la part des organisations qui en prendraient la responsabilité, exprimer le refus de l’union sur quelque chose d’essentiel, ce serait tromper les électeurs en faisant croire que l’union est réalisée alors que dans les médias les organisations en question parlent sans le dire en leur propre nom et non au nom de l’union, alors qu’elles mettent en question plus ou moins implicitement aussi bien la base de l’union que les autres organisations qui composent cette union et qui n’ont pas accès aux médias.

Il est alors nécessaire de souligner dans toutes les interventions, de telle façon que les acteurs sociaux en prennent conscience, la distinction entre une union faible, contradictoire, spectaculaire, et une union véritable, cohérente, décidée des organisations critiques. Autrement dit, les citoyens doivent constater que, à un moment donné, dans une conjoncture donnée, certaines organisations critiques font partie du noyau dur de l’union, constituant l’union fiable et cohérente, tandis que les autres organisations, qui font partie de l’union dans les déclarations et dans les manifestations tout en luttant contre elle dans les médias, font partie de ce qu’on pourrait appeler le ventre mou de l’union.

Les organisations critiques de ce noyau dur de l’union, pour neutraliser l’hégémonie culturelle des actionnaires, doivent contribuer à mettre en question la programmation et le contenu culturel et informatif des médias de masse auprès des citoyens, en s’engageant ensemble publiquement, à la suite d’un débat, jusqu’à ce que le fonctionnement partial des médias de masse devienne pour ces citoyens une évidence.

Premièrement, ces organisations critiques pourraient s’engager à dénoncer, au préalable et de manière précise sinon complète, dans chacune de leurs interventions, l’orientation culturelle, les déformations d’information et la propagande du média dans lequel elles sont invitées, mais aussi ce qui concerne les autres médias.

Deuxièmement, elles pourraient s’engager à affirmer ne pas pouvoir exprimer véritablement leur propre point de vue tant que les autres points de vue potentiels des partenaires n’ont pas droit de cité dans les médias en question, et si le point de vue propre de l’organisation est affirmé, les points de vue de toutes les autres organisations critiques doivent être aussi présentés de manière honnête.

Troisièmement, elles pourraient s’engager à demander à chaque fois l’organisation de débats complètement ouverts et en direct, sous la maîtrise des participants, sur tous les sujets, et en particulier des débats sur les programmations des différents médias.

De tels engagements constitueraient plus qu’une union sur des projets d’avenir, dans le cadre d’une concurrence entre organisations politiques de gauche dans l’opposition, projets dont les citoyens ont parfois fait l’expérience douloureuse de la non-réalisation ou de l’impossibilité de réalisation.

Ces engagements contribueraient plutôt à la constitution d’une union des organisations critiques sur ce que, en tant que forces d’opposition, elles peuvent faire concrètement dans l’immédiat, une aide mutuelle entre égaux, une aide palpable, en définitive profitable à toutes, consistant, comme nous venons de le voir, dans toutes leurs interventions, à analyser et dénoncer la censure et l’exclusion manipulatrice, et à réclamer des débats authentiques.

Cette solidarité concrète et le débat public entre ces organisations critiques deviendront le signe visible de l’amorce d’un fonctionnement non concurrentiel de la vie politique à gauche. Mais surtout cette force de rationalisation et cette capacité unitaire de l’opposition apparaîtront aux acteurs sociaux comme un moyen potentiel crédible d’expression et de réalisation de leurs attentes d’émancipation de leur condition subalterne. L’espoir revenu d’une réduction possible de l’écart entre ces attentes générées par le développement de la production et les conditions capitalistes de limitation des réalisations de ces attentes est le moteur de toute résistance sociale et de toute transformation sociale.

Il reste à déduire de l’ensemble des points de vue exprimés ici les implications pour la préparation de l’élection présidentielle.