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Arafat : Paris entre accueil et diplomatie

Publie le dimanche 31 octobre 2004 par Open-Publishing
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Arafat hospitalisé à l’hôpital de Percy, spécialisé dans les maladies du sang

ANNA MARIA MERLO Paris

Yasser Arafat est hospitalisé depuis vendredi après-midi à l’hôpital militaire de Percy-Clamart, dans la banlieue de Paris. C’est le président Jacques Chirac en personne qui a pris la décision d’accueillir en France le président de l’Autorité palestinienne
gravement malade et, selon certains médecins, avec un risque pour sa vie. La France a accueilli le président de l’Autorité palestinienne pour des examens généraux, a précisé Jacques Chirac qui était à Rome pour la signature du traité constitutionnel. "Je lui présente tous mes vœux de bonne santé", a ajouté J.Chirac. Une parole courtoise
que s’est refusée à donner le porte parole du département d’état Usa, Richard Boucher, qui s’est limité à souhaiter qu’Arafat reçoive les soins appropriés" mais n’a pas voulu y ajouter de vœux de bonne guérison.

S’il se rétablit, Arafat devra retourner à Ramallah. Au moins, Israël, qui a donné l’autorisation à Arafat de quitter la Cisjordanie en hélicoptère pour être emmené à Amman où l’attendait un Falcon médicalisé français, a promis de lui permettre de rentrer dans sa patrie. "Je n’ai aucune raison de ne pas croire aux assurances israéliennes sur le retour d’Arafat" a précisé J.Chirac. Arafat s’est déclaré "heureux d’être soigné en France". Les examens médicaux devraient durer plusieurs jours. Le président de l’Autorité palestinienne souffre d’une "grippe intestinale et d’une anomalie sanguine potentiellement mortelle" a précisé un médecin. "Des cellules sanguines qui détruisent normalement les microbes sont en train de détruire les plaquettes" est l’explication donnée [avant-]hier. L’origine de cette anomalie pourrait être une leucémie, un cancer ou bien aussi un empoisonnement du sang.

L’hôpital militaire de Percy est spécialisé dans les maladies du sang, un des meilleurs de France. "C’est le plus adapté, tout est prêt pour l’accueillir, il occupe une chambre spéciale, réservée aux hautes autorités" a précisé le ministre de la défense, Michèle Alliot-Marie. Selon la représentante de l’Autorité palestinienne en France, Leïla Chaïd "les conditions dans lesquelles Arafat a été obligé de vivre à Ramallah ont aggravé la situation" du point de vue médical. [Leïla Chaïd a déclaré samedi que les médecins avaient exclu qu’il s’agisse d’une leucémie, ndt]

Avec l’accueil d’Arafat, la France ne se limite pas à respecter une tradition d’ouverture mais elle fait aussi une manœuvre diplomatique. Paris continue à défendre la voie des négociations entre Israël et les Palestiniens, même si l’approbation que le ministre des affaires étrangères Michel Barnier, récemment en visite en Israël, a donné à la construction du "mur" a soulevé des questions. M.Barnier a donné l’impression de vouloir renouer des relations plus étroites avec Tel-Aviv, après que, à peine nommé à la succession de Dominique de Villepin, il s’était rendu dans les territoires palestiniens et avait rencontré Arafat. A cette occasion, Israël n’avait pas voulu le recevoir. A ce moment-là, les relations entre Israël et la France était en train de traverser une période plutôt turbulente : depuis le printemps dernier et pendant tout l’été, les mises en garde d’Ariel Sharon aux Juifs de France se sont succédées ainsi que les appels à venir habiter en Israêl parce que pour le premier ministre israélien, la France serait "le pays le plus anti-sémite d’Europe".

Mais l’appel de Sharon a beaucoup irrité les Français de religion juive qui ont été nombreux à faire entendre leurs protestations, même si le problème de l’augmentation des actes antisémites existe : il est étroitement lié à la guerre en Palestine, dans le pays européen où vivent côte à côte la plus grosse communauté juive et la plus grosse communauté d’origine arabe. Les familles françaises des victimes des attentats du Hamas en Israël ont demandé au juge ante terrorisme Jean-Louis Bruguière d’interroger Arafat " à peine sa situation physique le lui permettra" a précisé l’avocat Michel Calvo. Le 28 avril dernier, le tribunal de Paris a ouvert une enquête pour "assassinats, tentatives et complicité en relation avec une entreprise terroriste" à la suite de la dénonciation des familles des victimes de mars 2003 où Arafat est appelé à la barre comme témoin, à travers le Hamas accusé de "génocide et crimes contre l’humanité".

Traduit de l’italien par Karl et Rosa - Bellaciao

http://www.ilmanifesto.it/Quotidiano-archivio/30-Ottobre-2004/art49.html

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