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Rafale : l’absence de contrat à l’étranger va coûter 800 millions d’euros au budget de l’Etat

Publie le vendredi 17 septembre 2010 par Open-Publishing
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de Alain Ruello

La loi de programmation militaire avait prévu la vente de 11 exemplaires de l’avion de chasse à l’étranger d’ici à 2013. L’Etat ayant garanti à Dassault une cadence de production minimale, ces appareils devront être acquis par la France.

L’armée de l’air a au moins deux raisons de se réjouir aujourd’hui. D’une part, elle accueille à Istres l’édition 2010 des universités d’été de la défense, grand rendez-vous militaro-industriel. Surtout, elle va obtenir plusieurs Rafale avec quelques années d’avance. Les contrats à l’exportation espérés pour cet avion de chasse tardant à se concrétiser, le ministère de la Défense va devoir en acheter 11 de plus que prévu à Dassault Aviation d’ici à 2013.

Montant de la facture : 800 millions d’euros selon des sources concordantes. Une rallonge qui -évidemment -n’a pas facilité la préparation du prochain budget triennal de l’armée.

Comment en est-on arrivé là ? En 2008, quand le ministère prépare la loi de programmation militaire 2009-2014, il table sur le succès du Rafale à l’exportation. Il imagine la livraison d’un exemplaire en 2011, puis 4 en 2012 et 6 en 2013.

Echaudé par l’échec de la campagne marocaine, Nicolas Sarkozy avait fait de la vente de ce fleuron national à l’étranger une priorité. Et à l’époque, plusieurs pistes prometteuses s’étaient ouvertes : Brésil, Emirats arabes unis, voire Libye. Pas illogique dans ces conditions d’imaginer que Dassault puisse livrer ses premiers clients étrangers à relativement brève échéance.
Premières livraisons en 2014

En parallèle, l’Etat s’est engagé auprès de l’avionneur sur une cadence de 11 avions par an, seuil minimum en deça duquel l’industriel estimait ne plus pouvoir maintenir ses prix. Tout en espérant bien ne pas avoir à acheter toute cette production. Compte tenu des autres besoins de l’armée, le ministère n’était pas mécontent de pouvoir décaler les paiements, fût-ce au détriment de la montée en puissance des escadrons de Rafale en France. Le souci, c’est qu’aucun contrat n’a encore été signé. Les négociations aux Emirats ne sont pas terminées. Selon « Defense News », Abu Dhabi regarderait aussi le F18 de Boeing, ce que l’on qualifie de rumeur à Paris. La Libye souffle le chaud et le froid. Et au Brésil, le président Lula ne décidera rien (s’il décide) avant les élections présidentielles du 3 octobre. Et quant bien même il inclinerait pour l’avion français, les quelques mois encore nécessaires pour mettre en oeuvre un contrat font que les premières livraisons n’interviendraient pas avant 2014.

Compte tenu des engagements pris avec Dassault, la défense va donc devoir prendre livraison de ces 11 Rafale plus tôt que prévu. L’impact financier n’est pas neutre d’autant qu’il s’ajoute aux 3,6 milliards d’euros de crédits budgétaires sacrifiés pour réduire le déficit public. D’où le décalage d’un grand nombre de programmes (lire ci-dessous).

Tout n’est pas négatif pour autant, puisque ces 11 appareils ne seront plus à payer par la suite. Et la perspective de commencer à livrer des Rafale à l’export à partir de 2014 reste entière.

http://www.lesechos.fr/investisseurs/actualites-boursieres/020780213715-rafale-l-absence-de-contrat-a-l-etranger-va-couter-800-millions-d-euros-au-budget-de-l-etat.htm

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