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Langue de bois...

Publie le jeudi 30 septembre 2010 par Open-Publishing

De Jacques

« Le directeur de l’usine, ou le PDG de la Société, ou le ministre concerné, n’a pas souhaité répondre à nos questions ».

On entend cette phrase quasi quotidiennement dans la bouche des journalistes à propos de tel « plan de restructuration » ( sic !), telle délocalisation, ou tel projet de loi scélérate proposée par Besson ou Hortefeux.

L’expression est amusante. Vous imaginez le patron ou le ministre réclamer à grands cris la présence du journaliste, ou mieux, se rendre de lui-même au journal de l’intervieweur et vociférer en le secouant par les revers de sa veste et en l’arrosant de postillons offusqués : « Je souhaite répondre aux questions que vous ne m’avez pas encore posées », ou, « Comment se fait-il que vous ne m’ayez pas encore posé les questions qui dérangent ? », ou « J’exige que vous me posiez les questions qui fâchent ! ». Voilà qui aurait « de la gueule » ! Cela arrive de temps en temps ; on appelle ça « une conférence de presse », où les journalistes invités (certains sont écartés, mais nul ne sait pourquoi) ont le droit de poser les questions qu’on a parfois préparées pour eux.

Pourquoi ne pas dire les choses comme elles devraient être dites ? La phrase correcte serait plutôt : « Le directeur ou le ministre a tout bonnement refusé de répondre à nos questions ! »

On est encore là dans cette « novlangue » dont les journalistes et les politiques sont friands, qui nous envahit sournoisement et inexorablement, préparant la malléabilité des mentalités et concourant à la fabrication de l’opinion et à la domestication des esprits (Eric Hazan, LQR, « La propagande au quotidien ».)

Le parler simple n’a pas cours chez ces gens-là. C’est comme la voix synthétique du répondeur des télécom qui vous annonce : « Votre correspondant est indisponible momentanément, veuillez renouveler votre appel ultérieurement », alors qu’il serait si simple de dire : « Votre correspondant est absent, veuillez rappeler plus tard ».

Bien, j’ai souhaité m’exprimer sur ce sujet et je vous sais gré de m’avoir prêté, sinon une oreille attentive, au moins une lecture non dénuée d’acuité et de sens critique.

D’autre part, je vous prie de vous porter le mieux du monde. J.B.