Accueil > En Australie, une vidéo relance le débat sur les dangers du Taser

En Australie, une vidéo relance le débat sur les dangers du Taser

Publie le mardi 5 octobre 2010 par Open-Publishing
2 commentaires

Une vidéo, où des policiers sont filmés dans un commissariat administrant des décharges de Taser à un Aborigène, a été dévoilée, lundi 4 octobre, déchaînant une vague d’indignation en Australie (des extraits de la vidéo sur Perth Now). L’incident, qui a eu lieu dans la ville de Perth en 2008, a été rendu public dans le cadre d’un rapport de la commission criminelle de l’Etat d’Australie-Occidentale présenté au Parlement sur l’usage des Taser par la police.

Ce cas a été cité comme exemple de la mauvaise utilisation des pistolets à impulsion électrique par la police et a relancé le débat en Australie. La veille, un homme était mort à Sydney après avoir reçu une décharge de Taser dans la poitrine.

Sur la vidéo rendue publique, un homme aborigène non armé se voit administrer huit décharges de Taser dans un commissariat, après avoir refusé de se soumettre à une fouille au corps. On le voit à l’agonie après les décharges. Selon le rapport, l’homme, dont les actes précédant l’incident semblaient traduire un désordre mental ou un abus de drogue, a été soumis à cinq décharges supplémentaires hors caméra. Après enquête interne, deux agents ont été condamnés à payer des amendes de 1 200 et 750 dollars australiens (environ 840 et 525 euros) pour utilisation excessive de la force.

La vidéo ci-dessous contient des images violentes.

DES ACTES "INACCEPTABLES"

Colin Barnett, premier ministre d’Australie-Occidentale, a estimé que cette vidéo portait atteinte à la réputation de la police. "C’est un usage excessif du Taser qui ne peut être justifié", a-t-il déclaré, qualifiant ces actes "d’inacceptables", tout comme Chris Dawson, le commissaire de police intérimaire d’Australie-Occidentale.

Colin Barnett a demandé que les directives concernant l’usage des Taser soient réexaminées. Selon la BBC, cette demande a été appuyée par l’avocat général, qui a assuré qu’il veillerait à ce que les directives soient durcies et que l’usage des pistolets à impulsion électrique ne soit permis que dans les situations dangereuses.

La police de l’Etat d’Australie-Occidentale a précisé que ce cas n’était pas caractéristique de l’usage des Taser par la police. Toutefois, le rapport de la commission criminelle a établi que les Taser étaient de plus en plus utilisés pour forcer les criminels présumés à obéir aux ordres. Le rapport préconise un usage du Taser uniquement en cas de menace imminente et de risque de blessures graves. Le rapport a par ailleurs mentionné que les Aborigènes étaient plus exposés à l’utilisation d’un Taser à leur encontre en Australie-Occidentale que toute autre population.

Selon le directeur du centre juridique aborigène d’Australie-Occidentale, Dennis Eggington, cet incident n’est pas un cas isolé. Il a rapporté dans Perth Now d’autres cas, comme celui d’une femme enceinte de 18 ans.

Un cas similaire au Canada en 2007 avait relancé le débat sur l’utilisation du Taser par la police et donné lieu à la mise en place d’une commission d’enquête. Son président, Thomas Braidwood, a conclu en juin que la police n’avait aucune justification à utiliser le Taser et que la victime ne représentait pas une menace pour la police, selon la BBC.

En France, les pistolets à impulsion électrique ont été introduits à l’essai dans la police en 2004. La société Taser a remporté un appel d’offres pour fournir à la police jusqu’à 2 000 Taser X26. Michèle Alliot-Marie, alors ministre de l’intérieur, avait ajouté au décret de 2000 un alinéa autorisant les maires à équiper leurs policiers municipaux. Mais cette disposition avait été annulée par le Conseil d’Etat le 2 septembre 2009. Le 20 mai, Brice Hortefeux, ministre de l’intérieur, a proposé d’équiper à nouveau les policiers municipaux en Taser après la fusillade de Villiers-sur-Marne, durant laquelle une policière municipale a été tuée.

http://www.lemonde.fr/asie-pacifiqu...

Messages