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La marche des bébés gâtés

Publie le mercredi 6 octobre 2010 par Open-Publishing

(Le chroniqueur Stéphane Gendron nous parle de la "marche bleue" visant à ramener une équipe de hockey professionnelle dans la ville de Québec.)

 C’est en me réveillant d’un sommeil profond, la fin de semaine dernière, que j’ai observé une photo tirée tout droit de la grande « Marche bleue » de Québec. Sur celle-ci, Sam Hamad, Pauline Marois et Gilles Duceppe, tous les trois se regardant et riant devant cette belle unanimité d’une foule bon enfant et déconnectée de la réalité.

Il s’agissait de cette marée humaine sortie dans les rues de Québec pour réclamer un Colisée, le retour des Nordiques et la candidature de Québec aux Jeux olympiques. On voit que les ateliers du rêve lancés par le bon maire Labeaume se sont transformés en séances hystériques d’hypnose collective et que la saison des récoltes bat son plein, à en croire cette unanimité inquiétante.

Cette « Marche bleue » est un malheureux exemple d’un petit peuple qui brille par son manque d’éducation politique. « Petit » par son aveuglement volontaire et ses choix absurdes alimentés par un maire qui carbure à la haine de Montréal et qui préfère le rêve à la réalité. Avec un tel leader, pas étonnant que ces 30 000 amateurs de bière et d’ailes de poulet soient aux nues ! Devant un tel spectacle désolant, on se demande où est l’héritage de la mairesse Boucher, celle qui savait résister aux inconscients en culottes courtes.

En Europe ou en Amérique du Sud, le peuple prend généralement la rue pour réclamer des politiques sociales et la fin de la corruption. Parmi les nations dignes de ce nom, on n’hésite pas à descendre manifester pour le respect de la dignité humaine. À Québec, on manifeste pour garder Jeff Filion en ondes et réclamer le retour des Nordiques. Parce que pendant que l’on rêve les yeux ouverts, on oublie nos problèmes, un peu comme un alcoolique ou un drogué qui préfère se griser le cerveau au lieu de faire des choix difficiles, mais éclairés. Voilà ma définition de ceux et celles qui criaient le retour de l’inconscience à Québec.

Les hurluberlus

Heureusement, la majorité des citoyens du Québec n’est pas dupe. Elle refuse maintenant les projets grandioses et ridicules du maire Labeaume dans le contexte catastrophique des finances publiques. Harper tiendra-t-il le coup devant cette sainte Messe unanime des marguillers de politiciens locaux de la région de Québec ?

Quand on regarde à nouveau cette photo de Duceppe, Hamad et Marois, trois personnes devant « normalement » se détester politiquement, on finit par penser que les élections s’en viennent à grands pas, à la fois au fédéral et au provincial. Le malheur, c’est que devant cette belle unanimité crasse, personne n’ose déclarer que Labeaume est dans l’erreur. C’est aussi cette même population de Québec qui se targue d’être de la droite économique, qui encourage sa radio poubelle, l’ADQ et le parti conservateur, mais qui veut - cette fois-ci - siphonner « sa part » de fonds publics pour des projets qu’on n’a plus les moyens de se payer.

Tout ça pour un maire complètement inconscient des gestes qu’il pose. Québec : capitale du rêve et du plaisir ! Et dire qu’il n’y a pas si longtemps, des Québécois de toutes les régions -et de la capitale nationale -avaient manifesté devant l’Assemblée Nationale avec des vadrouilles et des balais ! On réclamait alors un peu plus de gros bon sens et d’intégrité de la part de nos élus. Avec Labeaume à la tête des hurluberlus, on aurait de quoi manifester jusqu’aux prochaines élections municipales en novembre 2013...

http://fr.canoe.ca/infos/chroniques/stephanegendron/archives/2010/10/20101005-041000.html