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Onze raffineries sur douze à l’arrêt

Publie le lundi 18 octobre 2010 par Open-Publishing

Onze des douze raffineries françaises étaient à l’arrêt dimanche en raison du mouvement contre la réforme des retraites

Le gouvernement a assuré dimanche qu’il n’y aurait pas de pénurie d’essence et le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux a prévenu que le gouvernement ferait "débloquer les dépôts" pétroliers bloqués par des manifestants.

Mais les syndicats du secteur parlent eux d’un durcissement du mouvement et se disent prêts "à aller jusqu’au bout".

Situation normalisée grâce aux stocks

Dimanche soir, la situation se normalisait dans les stations-services et les aéroports après une journée de samedi difficile.

La journée de samedi avait été "très dure" avec des Français, pris de panique, qui s’étaient précipités en masse pour faire le plein, ne permettant pas d’alimenter les stations suffisamment vite, a expliqué Jean-Louis Schilansky, président de l’Union française des industries pétrolières (Ufip).

Il y a eu dimanche "moins de pleins d’anticipation" de la part des automobilistes, "les appels à la raison semblent avoir été entendus", a indiqué un porte-parole de Total. Désormais, les industriels ont "les moyens de livrer les stations-service de façon +quasi-normale+", a-t-il affirmé, car "l’accès aux dépôts est libre". La menace d’une pénurie "s’éloigne considérablement" avec "plusieurs semaines" de stock disponible, selon lui.

Mais les douze raffineries françaises sont toujours perturbées par les mouvements de protestation contre la réforme des retraites : celle de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) "fonctionne à débit minimum" et "les onze autres sont à l’arrêt", a-t-il précisé.


Les syndicats du secteur haussent le ton

Pour Charles Foulard, coordonnateur CGT du groupe Total, le but des grévistes n’est plus de faire la jonction jusqu’à une journée d’action programmée mardi mais d’aller jusqu’au bout. "Il y a un durcissement", a-t-il dit à Reuters. "On est parti et on ne s’arrêtera pas. On n’a pas arrêté 12 raffineries pour faire un baroud d’honneur jusqu’à la journée du 19.

 

On va continuer jusqu’à ce que le gouvernement retire son projet de loi." "Le mouvement va s’accentuer et s’étendre", a-t-il ajouté. "Les routiers vont nous rejoindre dimanche. Les aéroports disposent de 48 heures de stocks. On ira jusqu’au bout."

Situation tendue à la raffinerie de Grandpuits
La situation s’est tendue dimanche à la raffinerie de Grandpuits en Seine-Marne
, où le préfet a ordonné par arrêté la réquisition de personnel, à la colère des grévistes qui ont érigé des piquets et incendié des pneus.

Selon Charles Foulard, coordinateur CGT du groupe Total, l’arrêté concerne trois salariés "menacés de cinq ans d’emprisonnement s’ils refusaient". Cette réquisition porte sur "la partie expédition", qui "envoie les produits de la gare routière vers l’extérieur. La raffinerie est à l’arrêt, donc cela permet simplement d’utiliser les stocks", a précisé l’Union des Industries pétrolières.

Les grévistes de la raffinerie ont bloqué dimanche soir les accès du site avec des feux de palettes et de pneus. Les grévistes rassemblés à l’entrée du site sont environ une trentaine, avec face à eux une dizaine de policiers et 5 fourgons.

Luc Chatel lance un appel aux grévistes

Le porte-parole du gouvernement Luc Chatel en a appelé samedi soir sur France 2 à la "responsabilité" des grévistes des raffineries.

Interrogé pour savoir qui avait la main pour empêcher toute pénurie dans les jours à venir, Luc Chatel a reconnu que c’était les grévistes. "Il faut faire appel à leur sens des responsabilités, ceux qui bloquent les raffineries et ceux qui bloquent les dépôts", a-t-il dit.

Mais Luc Chatel a souligné que le gouvernement avait aussi "agi ces dernières heures", rappelant par exemple que l’oléoduc qui alimente les aéroports parisiens avait été remis en service samedi, et que des dépôts de carburant avaient été débloqués.

Actuellement, "je vous confirme qu’il n’y a pas de pénurie, nous n’avons pas de problème d’approvisionnement", a-t-il ajouté, précisant que "la seule chose qui puisse impacter, ce sont les achats de précaution", de la population inquiète.

Christine Lagarde tente de rassurer

"Il ne faut pas se paniquer sur le sujet, il faut être extrêmement attentifs" a assuré de son côté samedi sur Europe 1, la ministre de l’Economie Christine Lagarde.

"Je suis sûre que le dialogue social intelligent aidant, on arrivera à des situations de déblocage et non pas de blocage", a-t-elle poursuivi en marge d’une visite samedi au Mondial de l’automobile.

 

Un peu plus tard, s’exprimant au nom du gouvernement sur RTL, elle a assuré : La France ne souffre "pas de pénurie", en soulignant que "les stocks de carburant sont de plusieurs semaines". La ministre de l’Economie a relevé que seulement "230 stations sur 3.000, soit environ 2%", étaient en rupture totale de carburant.

 

Mise en oeuvre des stocks de réserve

La Fédération nationale des transporteurs routiers (FNTR) a demandé et obtenu du gouvernement le déblocage prioritaire des stocks de carburant ainsi que l’importation de carburant.

 

"Il y a d’abord les réserves propres des opérateurs qui représentent entre 10, 12 jours de consommation", a indiqué Dominique Bussereau sur RTL. "Nous avons autorisé les opérateurs à les utiliser. Après, il y a ce qu’on appelle les stocks stratégiquesSi on avait besoin, on pourrait les utiliser, mais nous n’en sommes pas là", a assuré le secrétaire d’Etat.

Repères : le pétrole, du bateau à la pompe

Raffinerie

Une raffinerie transforme du pétrole brut transporté essentiellement par oléoducs ou navires pétroliers en produits raffinés comme l’essence ou le gazole.

La France possède 12 raffineries dont 6 appartiennent à Total, 2 à Exxon Mobil, 1 à Ineos, 2 à Petroplus et 1 à LyondellBasell. Elles produisent surtout de l’essence alors que le pays connait depuis une vingtaine d’années une diésélisation du parc automobile, conduisant à exporter de l’essence et importer du gazole. Chacune possède un ou plusieurs dépôts sur place pour stocker les produits raffinés.

Dépôts pétroliers

Les carburants sont ensuite transportés par voie fluviale, oléoducs ou camions dans des dépôts pétroliers pour y être stockés avant d’approvisionner les stations-service. La France compte quelque 160 dépôts répartis sur tout le territoire qui correspondent à environ deux semaines de consommation.

Stations services
La France totalise 12.500 stations-service dont 40% appartiennent aux grandes surfaces. Total en possède environ 4.000 sous les enseignes Total, Elf et Elan ; Carrefour, 1000 ; Esso, filiale d’Exxon Mobil, 700 ; Delek qui vient de racheter le réseau de BP en France, 400.

Les stocks stratégiques

Ils sont composés en France à hauteur de 60% de produits raffinés et 40% de pétrole brut sont constitués pour faire face à une rupture grave des approvisionnements et correspondent à environ 3 mois de consommation.

Ils ne peuvent être utilisés qu’à la demande du gouvernement après accord de l’Agence internationale de l’énergie. Leur dernière utilisation remonte à 2005 après le passage de l’ouragan Katrina aux Etats-Unis.

http://info.france2.fr/france/onze-raffineries-sur-douze-a-l-arret-65353586.html