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Les douze raffineries reconduisent la grève

Publie le lundi 18 octobre 2010 par Open-Publishing

Plus d’un millier de stations-service étaient en rupture de stock de carburant lundi matin

C’est ce qu’a indiqué l’Union des importateurs indépendants pétroliers (UIP), qui représente la grande distribution, soit 60% des ventes en France.

Les 12 raffineries de l’Hexagone ont reconduit la grève lundi matin, a indiqué la CGT à l’agence Reuters. Depuis cette nuit, de nouveaux dépôts pétroliers ont été bloqués, notamment dans l’Ouest.

Au moins quatre nouveaux dépôts pétroliers ont été bloqués lundi matin dans la région ouest. Des actions ont été menées depuis cette nuit par des routiers ou grévistes opposés à la réforme des retraites. Les dépôts pétroliers de Basse-Normandie, à Caen et Ouistreham, ont été à nouveau bloqués comme ceux de Saint-Pierre-des-Corps, près de Tours, et de Brest.

Au Mans (Sarthe), où les routiers avaient établi des barrages filtrants dès 22H00 dimanche soir sur les accès à la zone industrielle sud, tout le secteur était toujours bloqué de la même façon lundi matin par une centaine de manifestants, tous syndicats confondus, a rapporté. Les camions sont stoppés à l’aide de herses artisanales et contraints de se garer en bordure de route. L’embouteillage bloque totalement l’accès au dépôt pétrolier du Mans.

A Lorient (Morbihan), une trentaine de manifestants ont bloqué vers 3H30 un rond-point donnant accès à la zone portuaire d’où ils ont été délogés par la police une heure plus tard, a indiqué Jean-Paul Le Dantec (CFDT). Vers 6H30, les manifestants, qui ont reçu le renfort des dockers, bloquaient à nouveau les accès à la zone portuaire. En revanche, le dépôt pétrolier était sous le contrôle des forces de l’ordre, a-t-il dit.

Dans le Rhône, une "trentaine de routiers" ont bloqué pendant plus de deux heures le dépôt de carburant de Saint-Priest dans la nuit de dimanche à lundi pour protester contre le projet de réforme des retraites, a indiqué Christian Cottaz, représentant CFDT.

Dans le sud, dans l’Hérault, le dépôt de carburant de Frontignan, près de Sète, était bloqué lundi matin par des cheminots et des routiers en lutte contre la réforme des retraites.

Par ailleurs, le terminal pétrolier de Port-la-Nouvelle (Aude) était bloqué lundi matin par des militants de la CFDT et de la CGT qui empêchaient tous les camions de venir se ravitailler dans le cadre de la mobilisation contre la réforme des retraites, selon la CFDT routiers. Le blocage, commencé aux alentours de 4H00, a été confirmé par la gendarmerie. Une centaine de personnes à pied, pour l’essentiel des chauffeurs routiers mais aussi des cheminots, bloquaient les entrées et sorties du dépôt.

Environ 1.500 stations-service en rupture de stock

"On peut penser que sur les 4000 stations de la grande distribution, qui distribue 60% du carburant en France, il y en a quelque 1.500 en rupture d’un produit ou totalement à sec", a déclaré Alexandre de Benoist, délégué général de l’UIP. "20 à 25% de notre potentiel de distribution est soit arrêté, soit en difficulté", a ajouté le responsable. "Il y a des régions qui sont dans une situation plus favorable que d’autres", a-t-il poursuivi. Le Nord est par exemple mieux logé que l’Ouest.

Les raffineries presque toutes à l’arrêt

Les douze raffineries françaises sont toujours perturbées par les mouvements de protestation contre la réforme des retraites : dimanche, celle de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) fonctionnait "à débit minimum" et "les onze autres sont à l’arrêt", a-t-il précisé.

Dimanche, le gouvernement avait assuré qu’il n’y aurait pas de pénurie d’essence, le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux prévenant que le gouvernement ferait "débloquer les dépôts" pétroliers bloqués par des manifestants. Or les syndicats du secteur parlent d’un durcissement du mouvement et se disent prêts "à aller jusqu’au bout".

Situation normalisée grâce aux stocks... pour combien de temps ?

Dimanche soir, la situation semblait pourtant se normaliser dans les stations-services et les aéroports après une journée de samedi difficile pour de nombreux automobilistes. La journée de samedi avait été "très dure" avec des Français, pris de panique, qui s’étaient précipités en masse pour faire le plein, ne permettant pas d’alimenter les stations suffisamment vite, a expliqué Jean-Louis Schilansky, président de l’Union française des industries pétrolières (Ufip).

Il y a eu dimanche "moins de pleins d’anticipation" de la part des automobilistes, "les appels à la raison semblent avoir été entendus", a indiqué un porte-parole de Total. Désormais, les industriels ont "les moyens de livrer les stations-service de façon +quasi-normale+", a-t-il affirmé, car "l’accès aux dépôts est libre". La menace d’une pénurie "s’éloigne considérablement" avec "plusieurs semaines" de stock disponible, selon lui.

Les syndicats du secteur haussent le ton

Pour Charles Foulard, coordonnateur CGT du groupe Total, le but des grévistes n’est plus de faire la jonction jusqu’à une journée d’action programmée mardi mais d’aller "jusqu’au bout". "Il y a un durcissement", a-t-il dit à Reuters. "On est parti et on ne s’arrêtera pas. On n’a pas arrêté 12 raffineries pour faire un baroud d’honneur jusqu’à la journée du 19. On va continuer jusqu’à ce que le gouvernement retire son projet de loi." "Le mouvement va s’accentuer et s’étendre", a-t-il ajouté, assurant que les routiers se joindraient au mouvement. "Les aéroports disposent de 48 heures de stocks. On ira jusqu’au bout."

Situation tendue à la raffinerie de Grandpuits

La situation s’est tendue dimanche à la raffinerie de Grandpuits en Seine-Marne, où le préfet a ordonné par arrêté la réquisition de personnel, à la colère des grévistes qui ont érigé des piquets et incendié des pneus. Selon Charles Foulard, coordinateur CGT du groupe Total, l’arrêté concerne trois salariés "menacés de cinq ans d’emprisonnement s’ils refusaient". Cette réquisition porte sur "la partie expédition", qui "envoie les produits de la gare routière vers l’extérieur. La raffinerie est à l’arrêt, donc cela permet simplement d’utiliser les stocks", a précisé l’Union des Industries pétrolières.

Les grévistes de la raffinerie ont bloqué dimanche soir les accès du site avec des feux de palettes et de pneus. Les grévistes rassemblés à l’entrée du site sont environ une trentaine, avec face à eux une dizaine de policiers et 5 fourgons.

Luc Chatel lance un appel aux grévistes

Le porte-parole du gouvernement Luc Chatel en a appelé samedi soir sur France 2 à la "responsabilité" des grévistes des raffineries. Interrogé pour savoir qui avait la main pour empêcher toute pénurie dans les jours à venir, Luc Chatel a reconnu que c’était les grévistes. "Il faut faire appel à leur sens des responsabilités, ceux qui bloquent les raffineries et ceux qui bloquent les dépôts", a-t-il dit.

Mais Luc Chatel a souligné que le gouvernement avait aussi "agi ces dernières heures", rappelant par exemple que l’oléoduc qui alimente les aéroports parisiens avait été remis en service samedi, et que des dépôts de carburant avaient été débloqués. Actuellement, "je vous confirme qu’il n’y a pas de pénurie, nous n’avons pas de problème d’approvisionnement", a-t-il ajouté, précisant que "la seule chose qui puisse impacter, ce sont les achats de précaution", de la population inquiète.

Mise en oeuvre des stocks de réserve

La Fédération nationale des transporteurs routiers (FNTR) a demandé et obtenu du gouvernement le déblocage prioritaire des stocks de carburant ainsi que l’importation de carburant. "Il y a d’abord les réserves propres des opérateurs qui représentent entre 10, 12 jours de consommation", a indiqué Dominique Bussereau sur RTL. "Nous avons autorisé les opérateurs à les utiliser. Après, il y a ce qu’on appelle les stocks stratégiques. Si on avait besoin, on pourrait les utiliser, mais nous n’en sommes pas là", a assuré le secrétaire d’Etat.

http://info.france2.fr/france/les-douze-raffineries-reconduisent-la-greve-65353586.html