Le Port-Est bloqué

Comme lundi dernier, les dockers ont à nouveau bloqué le Port-Est hier matin. Motif cette fois-ci : “Le mépris des cadres” à leur égard. Les containers ne seront pas déchargés aujourd’hui non plus, journée nationale de mobilisation contre la réforme des retraites.

Un vent de colère souffle à l’entrée du Port-Est, d’où plus aucun container ne sort. Les dockers se sont rassemblés hier matin devant le portail d’entrée, après avoir décidé en assemblée générale de stopper le travail. Tant pis pour les 1600 containers à décharger. La question des retraites reviendra à l’ordre du jour dès ce matin. Mais en ce lundi, c’est une toute autre réalité qui a motivé leur contestation. C’est de relations humaines dont il s’agit. Depuis quelques mois déjà, les contacts avec la direction se sont dégradés. Les 400 dockers s’estiment lésés. Par le jeu de la sous-traitance, l’ascension sociale ne serait qu’un doux rêve. La défiscalisation est largement pointée du doigt. “On a des patrons qui en profitent. En 2005, ils ont investi 9 millions euros d’engins pour zéro emploi créé”, fustige Danio Ricquebourg, secrétaire général adjoint à la Cgtr Port et dock. Ce conflit fait ainsi écho à un mouvement d’humeur de février 2005. Leur entreprise, la Sermat (service maintenance assistance technique qui assure le traitement des bateaux pour trois sociétés d’acconiers Sgm, Somacom, Samr) avaient alors choisi de confier la maintenance des engins de stockage des conteneurs à une autre société, Kalmar, qui fabrique et vend ces équipements. La nouvelle avait été très mal perçue.

“Mépris”

Aujourd’hui, le personnel n’a pas changé de discours. “Les cadres méprisent tous les Réunionnais. Si on devient responsable, ils n’ont plus de raison d’être là”, poursuit le syndicaliste, remonté. C’est ainsi toute une profession qui paraît lassée de la basse besogne et qui aspire à de meilleures places. “On demande à occuper ces emplois. On demande à pouvoir monter. Les dockers sont suffisamment formés. On est capable de gérer”. Et de s’appuyer sur une préconisation de Sarkozy : “A compétence égale, les places devraient être confiés à des Réunionnais”. Des négociations entre Kalmar et la Sermat ont eu lieu dans l’après-midi. Et la revendication, “ne plus voir un des cadres”, n’a pas abouti. “La direction affirme qu’il est irremplaçable. Nous ne pouvons pas nous satisfaire d’une telle réponse. A chaque fois qu’ils ont besoin de quelqu’un, il font appel au groupe Kalmar. Et nous alors ? Nous allons donc poursuivre la grève”. Du coup, les deux longs courriers amarrés hier ont toujours leurs cales pleine. Et ce n’est pas la journée nationale de mobilisation contre la réforme des retraites qui permettra leur déchargement. Affaire à suivre.

D.F.B

– Le Mauritius Trochettia touché Changement de programme hier pour les passagers en partance pour Madagascar. Le Mauritius Trochettia, qui présente cette particularité de transporter à la fois des personnes mais aussi du frêt, n’a pas été déchargé hier. Hors, il devait appareiller dans la soirée à Tamatave. Le départ a donc été reporté à mercredi. Date envisageable, uniquement si les dockers reprennent leur activité d’ici là.

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