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Communiqué suite à l’accident d’Avricourt du 7-11 lors du blocage du train de déchets nucléaires

Publie le lundi 15 novembre 2004 par Open-Publishing
7 commentaires


« Ce communiqué représente notre première et unique version des faits. Nous
souhaitons qu’il soit respecté pour sa famille et pour nous »


Ses compagnes et compagnons de route

Le sept novembre 2004, Sébastien, 22 ans, est mort renversé par la locomotive
d’un convoi de déchets nucléaires partant vers l’Allemagne. Quelques semaines
auparavant il s’était décidé avec plusieurs d’entre nous à agir pour rendre publique
la vulnérabilité d’un tel convoi. Le fait qu’il soit mort ne doit pas faire oublier
que cette action était non violente, réfléchie et volontaire. Contrairement à ce
que ce drame peut laisser transparaître, en aucun cas notre acte était irresponsable et désespéré.

Notre engagement est le fruit de convictions profondes quant au danger certain et réel que représente le nucléaire depuis trop longtemps.

Cette action était parfaitement planifiée, collectivement, incluant des repérages précis des lieux, et en respectant des procédures d’arrêt éprouvées. Nous avions longuement envisagé toutes les possibilités y compris un non arrêt du convoi. Placés en sortie de courbe, nous pouvions être amenés à quitter les rails très rapidement, du fait d’une visibilité réduite. Nous étions quatre couchés sur les voies ayant chacun un bras passé de part et d’autre d’un tube d’acier glissé sous le rail extérieur de la voie permettant ainsi un départ d’urgence plus rapide. En aucun cas nous n’étions cadenassés et nous avions la possibilité de nous dégager rapidement de ces tubes.

Malheureusement l’équipe chargée de stopper le train 1500m en amont n’a pas pu agir. L’ hélicoptère de surveillance précédent en permanence le convoi était absent, « partit se ravitailler en kérosène » ; or cette équipe comptait essentiellement sur sa présence qui signalait l’arrivée du train.

Enfin, conformément à ce qui était convenu les stoppeurs ont renoncé à arrêter le convoi car il était accompagné de véhicules de gendarmerie le précédent à vive allure sur le chemin les séparant de la voie. Le convoi est donc arrivé à « 98 km/h » selon le procureur n’ayant pu être arrêté par les militants ni averti par l’hélicoptère.

Ces multiples causes réunies nous mettaient en danger. De ce fait, les personnes couchées sur les rails n’ont bénéficié que de très peu de temps pour s’apercevoir que le train n’avait pas été stoppé et par conséquent n’avait pas réduit son allure. Nous nous étions entraînés à une évacuation d’urgence de l’ordre de quelques secondes.. Sébastien à été percuté alors qu’il quittait les rails, et en aucun cas, son bras n’est resté bloqué à l’intérieur du tube. La vitesse de l ‘événement nous a dépassé et personne parmi nous n’a eu le temps de lui venir en aide.

Avant que cela n’arrive, nous sommes restés dix heures de suite cachés en lisière de bois à trente mètres de la voie, gelés et ankylosés par le froid.. Durant cette attente, nous n’avons pas été détecté par le dispositif de sécurité, ni les guetteurs postés à une quinzaine de kilomètres du lieu du blocage et chargés de nous prévenir de l’arrivée du train, ni les stoppeurs chargés de l’arrêter, ni les bloqueurs qui avaient préalablement installé les deux tubes sous le rail au environ de cinq heures du matin. Il est clair que la part de responsabilité de chaque protagoniste doit être établie. Y compris la nôtre. Pour l’heure nous sommes face à l’un des pires moments de notre existence.

Malgré ce que beaucoup de personnes peuvent penser nous avions des raisons certaines d’être là. En premier lieu la sauvegarde de la planète, dont nous assistons au déclin d’années en années, mais également le rejet de cet Etat monolithique refusant toute remise en question. Nous n’avons pas décidé d’arrêter ce train par immaturité ou par goût de l’aventure, mais parce que dans ce pays, il faut en arriver là pour qu’une question de fond, enfin, entre dans le magasin de porcelaine. Sébastien est mort par accident, il ne l’a pas choisi, personne ne l’a souhaité. Il n’est pas mort au volant en rentrant ivre de discothèque, mais en agissant pour faire entendre ses convictions. Et c’est sans conteste pour cela que son décès ne sera jamais, pour nous, un fait divers.

Face à une situation où nous étions si perdus, nous n’imaginions pas recevoir tant de soutien. Nous remercions particulièrement amis et parents, de nombreuses associations, mais également les milliers d’anonymes allemands et français ayant organisé des manifestations et des commémorations en sa mémoire. L’ampleur de la solidarité nous dépasse autant qu’elle nous touche.. Le plus important, nous semble de pleurer un frère et de soutenir sa famille et non d’ instrumentaliser son image. Bichon était certes à la recherche d’un monde moins fou, mais avant tout un jeune homme rempli de joie de vivre, d’énergie et amoureux des gens.

Ce texte n’est ni une confession, ni une agression, nous voulons seulement par celui ci rétablir la vérité des faits.

Ses compagnes et compagnons de route

Messages

  • A la mémoire de Sébastien L’Union Locale CNT de Nancy et ses environs s’associe à la douleur des proches de Sébastien Briat tué dimanche 7 novembre au cours d’une action contre le transport de déchets nucléaires.

    Sébastien, militant antinucléaire, était pleinement investi dans la création de la section étudiante du syndicat CNT-éducation de Nancy. Aussi, c’est avec douleur que nous saluons la mémoire d’un de nos jeunes militants. En dépit des circonstances, l’UL CNT dénonce le transport de matières dangereuses qui se systématise et se banalise, raison pour laquelle les militants, dont Sébastien, avaient organisé l’action de blocage du train nucléaire. L’UL CNT dénonce les conditions de sécurité du convoyage, conditions soit-disant maitrisées, ainsi que l’obstination des gouvernements à poursuivre sur la voie du nucléaire. UL CNT Nancy et ses environs.

    Ce texte n’est ni une confession, ni une agression, nous voulons seulement rétablir la vérité des faits. » Cinq jours après la mort de Sébastien Briat, le militant antinucléaire, 22 ans, tué dimanche près d’Avricourt en Meurthe-et-Moselle lors d’une action contre un train de déchets nucléaires se rendant au centre d’enfouissement de Gorleben (Allemagne), ses camarades ont décidé de raconter les circonstances de l’accident. « La part de responsabilité de chaque protagoniste doit être établie. Y compris la nôtre », écrivent-ils dans un communiqué transmis à Libération.

    Leur version contredit la thèse du procureur de la République de Nancy, Michel Senthille, selon laquelle Sébastien Briat se serait enchaîné aux voies via un tube glissé sous le rail et n’aurait pu se libérer à l’arrivée du train qui roulait, d’après les premiers éléments de l’enquête, « à environ 100 km/h ». « Sébastien a été percuté alors qu’il quittait les rails. Son bras n’est pas resté bloqué à l’intérieur du tube », assurent les militants. « Contrairement à ce que ce drame peut laisser transparaître, en aucun cas notre acte n’était irresponsable et désespéré », insistent-ils. « Cette action était non-violente, réfléchie et volontaire », « parfaitement planifiée », et respectait « des procédures d’arrêt éprouvées ».

    Entraînement. Treize personnes y ont participé, dont trois qui avaient déjà bloqué un convoi, en novembre 2003, à quelques kilomètres du lieu de l’accident. Le groupe avait repéré deux sites (dans la Meuse et à Avricourt). Ils ont choisi le second, après avoir pris connaissance de l’itinéraire du train affrété par la Cogema, et se sont répartis en trois groupes : 3 « guetteurs » postés à 15 km d’Avricourt, 2 « stoppeurs », munis de fumigènes placés 1 500 m avant l’endroit retenu pour immobiliser le train et 8 « bloqueurs ». Ces derniers se sont cachés en lisière de forêt après avoir dissimulé dans le ballast les tubes permettant à quatre d’entre eux de s’enchaîner. Le dispositif était placé à la sortie d’une courbe, avec une visibilité réduite à 250 m : « Cet endroit était plus dangereux que d’autres, mais nous nous étions entraînés à une évacuation d’urgence de l’ordre de quelques secondes. »

    Quelques minutes avant l’accident, les guetteurs ont vu passer le convoi précédé par l’hélicoptère d’escorte. Mais, alors que les actions des militants antinucléaires sont fréquentes dans ce secteur, l’appareil, qui venait de passer deux heures à survoler le train immobilisé par un blocage réussi à Laneuveville-devant-Nancy, a cessé sa surveillance pour se ravitailler en carburant. Les stoppeurs, qui comptaient sur lui pour les avertir de l’approche du train, ont été surpris et, « comme il était convenu, [ils] ont renoncé à arrêter le convoi car il était accompagné de véhicules de gendarmerie le précédant à vive allure sur le chemin les séparant de la voie ».

    « N’ayant pu être arrêté par les militants, ni averti par l’hélicoptère », le conducteur du train a découvert les manifestants au dernier moment. Démenti. Selon ses camarades, Sébastien Briat, allongé au milieu des voies, aurait pu se relever avant d’être percuté ou happé par la locomotive. « Nous n’étions pas cadenassés et nous avions la possibilité de nous dégager rapidement de ces tubes. Sébastien a réussi à sortir. Il y a une enquête ouverte, elle ira dans le sens de la vérité », affirment les militants, qui devraient être réentendus par les gendarmes. Injoignable vendredi, le procureur de la République avait démenti mardi cette version, qui n’était alors qu’une rumeur : « 

    Tout permet de penser qu’il n’a pas pu se libérer du dispositif. » « Nous n’avons pas décidé d’arrêter ce train par immaturité ou par goût de l’aventure, concluent les militants. Sébastien n’est pas mort au volant en rentrant ivre de discothèque, mais en agissant pour faire entendre ses convictions. Et c’est sans conteste pour cela que son décès ne sera jamais, pour nous, un fait divers. »

    Union Locale CNT de Nancy

  • Les jeunes, Sébastien à payé de sa vie pour militer, convaincre, son engagement doit vous motiver. Prenez le relais qu’il vous tend...
    Magali.

    • salut mag je vien de tomber sur ton petit message et pour y répondre je citerer G. Brassen " mourir pour des idées d’accord mais de mort lente " sinon pour ma par aprés avoir bien réfléchi je préfére les combat plus serin je ne retournerai pas sur les rail ou avec une putin de bombe a bientot bisous jérome

  • Nous sommes de tout coeur avec vous et la famille de Sébastien.Votre lutte est aussi la notre et ce sont des militants souvent sur le terrain
    qui vous expriment par ces mots tout leurs respects et leurs amitiés.

    " YACA" GROUPE POUR LA DÉCROISSANCE POUSSAN 34

  • un poème pour toi Bichon

    Le ciel est gris, la colère est noire
    Un train est passé, l’oiseau s’en est allé

    Le laminage libéral fait table rase,
    Un homme crie son désespoir
    Le rouleau compresseur nucléaire a encore frappé
    Tchernobyl n’aura pas suffi
    La Cogema poursuit son entreprise de destruction

    Le train n’a pas sifflé, Areva assassine
    La République s’en lave les mains
    L’industrie nucléaire continue de tuer

    Sébastien tu n’es pas mort pour rien
    Toi l’albatros antinucléaire
    Tu voles vers de nouveaux destins
    Les mouettes rieuses et les goélands célestes
    T’ accompagnent au panthéon des Hommes à conviction

    Nous pleurons ton envol
    Ton combat est le nôtre
    La lutte pour la vie continue

    Sébastien tu fais partie des miens
    Tchao lorrain !

    Gwel@n