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Mohamed El Dura : "ce n’est pas à France 2 de faire cette enquête, c’est à l’armée israélienne"...

Publie le lundi 22 novembre 2004 par Open-Publishing

Pour mettre fin à la rumeur

de Anne Roy

Depuis qu’elles ont été diffusées, juste avant le déclenchement de la seconde Intifada, en septembre 2000, les images du cameraman de France 2 Talal Abou Rahmeh, commentées par Charles Enderlin, n’ont cessé de nourrir les débats les plus acerbes. On y voyait un enfant palestinien, Mohamed El Dura, serré contre son père dans une rue de Gaza s’écrouler mort lors de tirs entre Israéliens et Palestiniens. Polémique sur l’origine des tirs, polémique sur le fait même que France 2 ait diffusé des images qui ont ensuite fait le tour du monde.

Un collectif juif d’extrême droite a d’ail- leurs remis en octobre 2002 le prix Goebbels de la désinformation au correspondant permanent de la chaîne à Jérusalem. Ces derniers mois et dernières semaines, un nouveau seuil a été franchi : plusieurs sites Internet ont choisi de relayer une rumeur mettant en doute l’authenticité du reportage. La sauce est montée au point que le député UMP Roland Blum a interpellé le ministre de la Communication sur cette question.

Devant la gravité de ces allégations, la direction de l’information de France 2 a décidé de réunir la presse pour « mettre un terme à cette histoire », et « en finir avec la rumeur qui veut que nous nous soyons prêtés à une manipulation avec deux comédiens ».

« On essaie de lancer une rumeur selon laquelle France 2 s’est prêtée à une manipulation, que le garçon n’est pas mort, que son père n’a pas été blessé et qu’il s’agit d’une mise en scène complaisamment filmée par France 2 », a déclaré Arlette Chabot, qui a renouvelé son soutien à Charles Enderlin et au cameraman, refusant que « leur professionnalisme et leur impartialité soient remis en question ».

La directrice de l’information de la chaîne a également signalé qu’une plainte contre X pour diffamation avait été déposée devant le procureur de la République afin d’identifier les auteurs de ces propos. Enfin, pour mettre un terme au « débat » et afin de dissiper le moindre doute, le reportage a été montré une nouvelle fois à la presse, accompagné d’au- tres images de la même scène filmées sous un autre angle par une autre agence, d’un reportage montrant le roi Abdallah de Jordanie en visite à l’hôpital militaire d’Amman où le père de Mohamed El Dura, Jamel El Dura, était soigné, ainsi que d’une interview récente de ce dernier dans laquelle il décline son identité et montre les cicatrices correspondant à ses blessures.

« Pour avoir une expertise officielle, il faut une procédure judiciaire, a déclaré Arlette Chabot. Nous y sommes tout à fait prêts : nous avons déjà engagé des poursuites en diffamation, nous sommes prêts à aller plus loin. Nous n’avons rien à cacher. » Quant à la polémique sur l’origine des tirs qui ont tué Mohamed El Dura, la directrice de l’information a clairement signifié que ce n’était pas « l’ordre du jour » : « Je ne sais pas qui a tiré, je ne me prononce pas sur cette question, a-t-elle expliqué. De toute façon, ce n’est pas à France 2 de faire cette enquête, c’est à l’armée israélienne. »

http://www.humanite.presse.fr/journal/2004-11-22/2004-11-22-450442