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Medias aux ordres en Hongrie. La France se tait

Publie le vendredi 31 décembre 2010 par Open-Publishing
2 commentaires

La France refuse de condamner la loi hongroise sur les médias par peur d’attiser le populisme

 WAUQUIEZ Le président hongrois, Pal Schmitt, a promulgué aujourd’hui la loi qui tire de facto un trait sur la liberté de la presse dans un pays qui va présider l’Union pour six mois à compter du 1er janvier. Ce texte, qui donne à une émanation du pouvoir politique le pouvoir de sanctionner lourdement les médias qui publieraient des contenus manquant « d’objectivité politique », entrera en vigueur samedi matin. Déjà, en Hongrie, des journalistes de télévision et de radio ont été relevés de leurs fonctions pour avoir critiqué cette loi avant même qu’elle n’entre en vigueur.

Si l’Allemagne et le Luxembourg, tout comme l’OSCE, les groupes libéral et démocrates et vert du Parlement européen, les organisations de défense des droits de l’homme, comme Amnesty International, ou les syndicats internationaux de journalistes ont condamné cette loi, les institutions communautaires sont pour l’instant silencieuses, tout comme la plupart des États membres de l’Union, dont la France, la « patrie des droits de l’homme ». J’ai donc appelé aujourd’hui Laurent Wauquiez, le tout nouveau ministre délégué aux affaires européennes. De notre entretien de ce soir, il ressort que Paris « refuse d’aller dans le mur en donnant des leçons à la Hongrie », ce qui ne pourra que « braquer les gens »…

En clair, la France ne veut pas rappeler publiquement à la raison démocratique le gouvernement hongrois. Une attitude a priori curieuse, puisque ce pays viole clairement la Charte européenne des droits fondamentaux (article 11) et que cette loi sur les médias, si elle avait existé à l’époque, aurait tout simplement empêché l’adhésion de la Hongrie. Le jeune ministre estime que la nature de ce texte, « dont je ne dis pas qu’il ne pose pas des problèmes », dépendra largement de la façon dont il sera appliqué par l’autorité de contrôle des médias (composée uniquement de membres du Fidesz, le parti du premier ministre Viktor Orban). Là aussi, la rhétorique est étrange : une loi viole ou ne viole pas une norme qui lui est supérieure, en l’occurrence le droit européen. Le fait que son application soit plus ou moins douce est tout à fait hors de propos : la loi existe, elle viole les valeurs européennes et, même si elle n’est pas appliquée sévèrement, elle créé en soi une insécurité juridique telle qu’elle contraindra les médias à l’autocensure.

Wauquiez croit néanmoins savoir que les autorités hongroises sont « prêtes à faire des adaptations », ce dont on peut légèrement douter, vu que la loi vient d’être promulguée sans même attendre un quelconque dialogue avec les autorités européennes, ce qui montre en quelle estime Viktor Orban tient l’Union.

En réalité, la France, comme la plupart des pays de l’Union, sait que le Fidesz bénéficie d’un très large soutien de la population hongroise (moins de 2000 personnes ont manifesté contre la loi sur les médias…) et qu’une pression étrangère ne fera que le renforcer. La montée du populisme en Europe est une réalité, y compris en France, et, au fond, la plupart des États de l’Union ne rêveraient-ils pas d’une loi sur les médias à la hongroise ? Avec dix-neuf pays sur vingt-sept gouvernés par les conservateurs et les libéraux, parfois en alliance avec la droite extrême, Orban sait qu’il joue sur du velours. On attend désormais avec beaucoup d’intérêt les prochains reproches que l’Union fera à la Turquie en matière de droits fondamentaux. Les standards sont clairement à la baisse.

http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/2010/12/la-france-refuse-de-condamner-la-loi-hongroise-sur-les-m%C3%A9dias-par-peur-dattiser-le-populisme.html

Messages

  • La censure est quotidienne dans la presse française. Elle est aux ordres 24H00 sur 24. Il n’y a aucune liberté de la presse en France. Donc la condamnation de la censure par Sarkozy en Hongrie ne voudrait strictement rien dire. Il musèle lui-même la presse ici. Il a été élu par la presse ( muselée) pas par les électeurs français

    • Oui , c d’une logique implacable , on sait que ça fait pas mal de temps qu’ils n’y a plus de liberté de presse en France et que les journalistes ont fait allégeances au pouvoir par peur , ou par convictions .... la presse en France est un outil de propagande au pouvoir , le seul journal libre avec des fonds propres à lui c le canard enchaîné......