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Daniel Cohn-Bendit, député Vert européen, partisan de la Constitution européenne.

Publie le dimanche 5 décembre 2004 par Open-Publishing


Réactions : François Hollande renforcé, avancée pour l’Europe

Les réactions au référendum interne du Parti socialiste sur le projet de Constitution européenne organisé mercredi 1er décembre soulignent la forte mobilisation des militants socialistes et la légitimité qu’il donne au premier secrétaire du PS, François Hollande. Il est noté aussi qu’il s’agit d’une avancée pour l’Europe. Par contre, le PCF et Mouvement républicain et citoyen soulignent une victoire de l’Europe libérale qu’ils rejettent.

Le premier secrétaire du PS, François Hollande, s’est félicité, jeudi matin 2 décembre, du succès du "oui" au référendum interne sur la Constitution européenne. "Les militants socialistes, par leur vote sur le traité constitutionnel, ont remporté une triple victoire", a estimé M. Hollande dans une déclaration à l’AFP.

"Une victoire pour l’Europe", a-t-il lancé, "à travers l’adoption par une majorité forte de la Constitution, une victoire pour la démocratie à travers l’organisation d’un débat exemplaire qui s’est conclu par un vote transparent et incontestable, une victoire pour le Parti socialiste à travers une participation exceptionnelle au scrutin interne, qui fait du PS un exemple de renouveau des pratiques politiques, et qui lui permet en plus d’être fidèle à son idéal et à ses alliés européens". "Ces victoires en appellent d’autres", a-t-il noté.

Le numéro un du PS a aussi remercié "tous les militants d’avoir, quel que soit leur vote, fait de notre procédure de consultation un succès et de notre engagement européen un symbole". "Ils peuvent légitimement être fiers d’eux-mêmes et de leur parti", a-t-il conclu.

Julien Dray, porte-parole du PS, a exprimé jeudi matin sa "fierté" d’appartenir à un parti qui vient d’organiser "une initiative sans précédent" qui servira de "référence", au lendemain du référendum. "Pendant des années, beaucoup de nos concitoyens doutaient de l’utilité des partis politiques". "Dans ce débat, nous avons su intéresser les militants et bien au-delà", a déclaré Julien Dray. Le taux de participation, "plus de 80 %", montre le renouveau de l’intérêt des Français pour le débat politique", a-t-il ajouté.

François Rebsamen, numéro trois du PS et proche de François Hollande, a souligné cette forte mobilisation : "Près de 95 000 militants ont voté dans leur section dans la plus grande transparence." "C’est une leçon de démocratie pour la France et pour l’Europe." "Ce référendum honore les socialistes français dans leur ensemble."

Cependant, pour Julien Dray, "cette victoire créé beaucoup de devoirs" et "pour ceux qui l’ont emporté" et "pour ceux qui se sont totalement investis dans le débat pour le ’non’". Pour les partisans du "non", M. Dray a affirmé qu’il n’y aurait "pas de chasse aux sorcières", mais "forcément des leçons à tirer du scrutin".

HOLLANDE RENFORCÉ, FABIUS PREND ACTE

Manuel Valls, député PS de l’Essonne, partisan du "non", a déclaré jeudi qu’"incontestablement, François Hollande sortait renforcé" de la victoire du "oui". Selon M. Valls, interrogé dans Le Parisien, "les militants ont sans doute été marqués par la très forte campagne en faveur du oui dans la presse, chez les éditorialistes et chez la plupart des socialistes européens".

"Par un réflexe légitimiste, ils sont aussi venus appuyer une direction qui leur semblait mise en cause", a ajouté l’ancien porte-parole de Lionel Jospin. "Incontestablement, François Hollande sort renforcé de ce vote", a-t-il dit. Il a observé enfin que "la participation très importante (...) avait contribué à renforcer la victoire du ’oui’".

Du côté du camp du "non", Laurent Fabius, principal opposant au traité constitutionnel, a pris acte "avec regret" du "oui", et a réaffirmé son "attachement à l’unité" du Parti socialiste, dans un communiqué rendu public dans la nuit de mercredi à jeudi.

"Au terme d’un débat nécessaire, sur un sujet complexe mais vital pour l’avenir, les militants socialistes viennent de se prononcer majoritairement pour l’adoption du projet de constitution européenne", indique le numéro 2 du parti dans un communiqué. "Mon regret aurait été encore plus fort si, convaincu comme je le suis des risques de cette Constitution, je n’avais pas contribué à exposer aux socialistes et aux Français les raisons qui, à (ses) yeux, justifient son rejet", poursuit l’ancien premier ministre.

"Je reste fondamentalement favorable à une Europe sociale, dans la fidélité aux engagements de gauche que nous avons pris devant nos concitoyens", indique encore M. Fabius, ajoutant : "Je réaffirme mon attachement à l’unité de notre parti". Et il conclut : "La politique c’est d’abord le courage de ses convictions".

Claude Bartolone, secrétaire national du PS et proche de Laurent Fabius, a indiqué que "la très forte participation explique ce résultat". "Je pense aussi que les militants ont été sensibles à ce qu’ils entendaient sur les radios et télévisions sur les risques d’éclatement du Parti socialiste". "Nombre de militants ont ainsi donné un autre sens à leur vote".

Daniel Cohn-Bendit, député Vert européen, partisan de la Constitution européenne, a affirmé jeudi que "la perspective présidentielle pour Laurent Fabius (lui) paraissait très nettement bloquée". "Laurent Fabius s’est trompé dans son analyse, il s’est trompé de stratégie. M. Fabius "a fait une mauvaise analyse, il en paiera le prix politique".

GRAND PAS EN AVANT POUR L’EUROPE

La victoire du "oui" est considérée comme une avancée pour l’Europe dans l’optique du référendum de 2005 sur la Constitution.

Valéry Giscard d’Estaing, président de la Convention européenne qui a abouti au projet de Constitution européenne, s’est félicité jeudi de la victoire du "oui", en estimant que c’était "un grand pas en avant sur la voie de l’adoption définitive de la Constitution par référendum". Ce vote "sera salué en Europe comme la confirmation de l’engagement fondateur de la France pour l’Union européenne" et "témoigne de l’enracinement progressif de l’idéal européen dans la conscience politique des Français", a ajouté M. Giscard d’Estaing dans un communiqué.

Le ministre britannique chargé des affaires européennes, Denis MacShane, s’est félicité mercredi des premiers résultats du référendum. "Toute personne appartenant aux partis de gauche et sociaux-démocrates en Europe se réjouiront de l’annonce d’un vote clair en faveur du oui de la part du Parti socialiste", a déclaré M. MacShane.

"Nous devons maintenant travailler ensemble pour que tous les 25 membres de l’Union européenne donnent un oui décisif à la construction d’une Europe nouvelle et plus dynamique qui pourra contribuer à la création d’emplois et à la justice sociale", a déclaré M. MacShane.

Martine Aubry, maire PS de Lille, estime de son côté que les militants "se sont exprimés très clairement pour une Europe en marche". "Ils ont montré leur attachement à une gauche volontariste qui se bat pour faire avancer ses idées (...) et ont répondu clairement que ce projet fait avancer l’Europe". Même analyse chez Julien Dray pour qui la victoire du "oui" replace "la France à l’avant-garde de la mobilisation en Europe" et comme "élément moteur au sein du Parti socialiste européen".

Même conviction pour Pierre Moscovici, ex-ministre des affaires européennes. Il évoque "un choix très clair : celui de convictions européennes contre un non dont les arguments étaient peu fondés, et les conséquences risquées et négatives".

"LOURDE RESPONSABILITÉ"

Par contre, pour le Parti communiste français (PCF), cette victoire du "oui" est lourde de conséquences. Le Parti socialiste porte "une lourde responsabilité" pour avoir approuvé majoritairement le traité constitutionnel européen, a estimé le Parti communiste français jeudi. "C’est une lourde responsabilité lorsqu’on sait que cette Constitution est une camisole libérale", déclare le PCF dans un communiqué. "Face à un texte qui grave dans le marbre les institutions et les politiques libérales de l’Union européenne, les hommes et les femmes de gauche peuvent se rassembler pour dire ’non’ et porter ensemble un nouvel espoir", poursuit-il.

Même analyse pour le Mouvement républicain et citoyen (MRC, chevènementiste), qui a affirmé qu’"en votant en faveur du ’oui’ au traité Giscard, la majorité du PS vient de ratifier son ralliement au libéralisme". "Consciemment pour les cadres, sous la pression et par suivisme pour les militants, le PS a voté majoritairement son enracinement dans le libéralisme et son divorce d’avec les classes populaires", déclare le MRC dans un communiqué.

Toutefois, selon le parti chevènementiste, "le non peut toujours l’emporter en France" lors du référendum national de 2005. Le MRC s’est dit prêt à "rechercher la meilleure convergence d’action avec tous les camarades du PS qui viennent de perdre la consultation interne".

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