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Les communistes sont décidémment de piètres journalistes. [issu du blog CPPN]

Publie le mardi 1er février 2011 par Open-Publishing
5 commentaires

L’auteur du blog CPPN a rédigé ce texte sarcastique en réaction au battage autour de "l’affaire Laetitia" et sur la façon dont la presse survalorise certains faits divers et oublie l’actualité sociale (à l’exception de la presse de gauche). Comme j’ai trouvé cette note intéressante, je vous la transmets. J’en ai discuté par mail avec l’auteur, il ne voit pas d’objection à ce que je recopie sa note du moment que je mette un lien vers la page d’origine :
 http://cppn.over-blog.com/article-exercice-pratique-de-journalisme-identifier-les-morts-debatogenes-66188034.html
L’article ci-dessous ne reprend pas les nombreux liens hypertextes qui émaillent son texte.

Exercice pratique de journalisme : identifier les morts "débatogènes"

Je ne serai jamais un grand journaliste, il faut que j’admette cette évidence.

Les exercices les plus simples, je n’arrive même pas à les faire. Je suis proprement incapable de déterminer quand une information est intéressante ou non, mérite d’être dans les gros titres ou pas.

J’ai pourtant essayé.

J’ai pris des dépêches d’agence, sans classement, et j’ai essayé de les hiérarchiser de la plus importante à la moins importante. Je n’arrive jamais au même résultat que la classification de l’information dans les grands médias. Je me suis consolé en me disant que la hiérarchisation de l’info, c’était le boulot du directeur de publication ou du rédacteur en chef (qui, eux, sont de très grands journalistes comme Christophe Barbier, Laurent Joffrin ou Franz-Olivier Giesbert, des pointures donc) et qu’il fallait que je vise moins haut pour commencer. Alors j’ai juste essayé de m’entraîner sur les faits divers.

En effet, j’ai remarqué que la presse est friande de morts tragiques. Mais si certaines ont droit aux gros titres, d’autres non. Ca dépend si les morts entrent dans un contexte propre à susciter le débat. J’ai donc sélectionné quelques faits divers bruts et j’ai essayé, dans mon coin, de voir si ces décès tragiques étaient simplement des faits divers ou bien s’il s’agissait de faits marquants et révélateurs de l’état de notre société. Bref, si les faits divers méritaient les petits articles d’intérieur ou bien les gros titres de Unes, voire de devenir les sujets centraux de grandes émissions de débats comme chez Calvi ou Guillaume Durand.

Pour mon exercice, j’avais sélectionné les informations suivantes :

 Une jeune femme de Pornic (Laetitia) disparue et probablement assassinée dans la nuit du 18 au 19 janvier, crime probable dont est suspecté un individu plusieurs fois condamné pour des actes de violence ;

 Le suicide, le 8 janvier à Vitrolles, d’un postier qui a envoyé à sa direction, juste avant de se donner la mort, une lettre mettant en cause le fonctionnement de son travail ;

 Le suicide en prison, le 9 janvier à Corbas, d’un détenu souffrant d’une grave dépression d’après son avocat ;

 Le suicide en prison, le 16 janvier à Gradignan, juste après sa condamnation, d’un homme dont l’avocat avait insisté auprès de la cour sur la fragilité psychologique de son client.

Partant de là, j’avais estimé qu’il était possible de traiter des suicides en prison assez largement en les connectant à d’autres affaires existantes (ce n’est malheureusement pas ça qui manque) et de traiter de la situation dans les prisons françaises. Il aurait été possible de faire appel aux associations traitant de ce sujet, de connecter la situation avec la question des moyens accordés aux services sociaux et médicaux dans les prisons (voire au-delà), à la logique de la multiplication des enfermements et aux fréquentes condamnations de la France sur le non respect des droits des détenus ou des inculpés par la Cour européenne des Droits de l’Homme. C’est évidemment une question qui n’a pas besoin, théoriquement, de cas dramatiques pour être traitée mais je voudrais être un bon journaliste et j’ai bien compris que ce genre de dossiers fonctionne mieux quand on peut y rajouter une dose de pathos en le raccordant à un drame humain.

Il était également possible de traiter du cas du malheureux postier de Vitrolles en rappelant qu’il s’agissait du cinquième suicide d’un postier dans les Bouches du Rhône en un an, le 70ième dans l’entreprise sur un an et demi, et en faisant un dossier plus large sur les restructurations et la recherche de compétitivité à tout crin dans les services publics en voie de privatisation ou privatisés. En connectant ce dossier à la situation de France Telecom, il aurait peut-être été possible de réaliser des dossiers sur la logique sous-tendant la libéralisation des services publics mais aussi sur les techniques de management dans le monde de l’entreprise.

Par contre, bien que l’affaire fut dramatique, personne ne le nie, je n’aurais pas accordé une grande importance à la disparition de la jeune fille de Pornic, celle-ci me semblant être un simple fait divers criminel.

Puis j’ai comparé mon estimation au traitement effectif de ces sujets dans les médias et je me suis rendu compte que j’avais complètement manqué cet exercice pourtant simple.

La loose totale !

Les deux cas de suicide en prison n’ont pas suscité de réactions en dehors de la presse locale des régions où se situent les prisons concernées.

Pire encore d’une certaine façon, dans le cas du postier de Vitrolles, le seul journal (à ma connaissance) qui a consacré un dossier connectant ce décès à la situation au sein de la Poste et dans les services publics privatisés comme j’aurais souhaité le faire, c’est L’Humanité. Un journal – j’ose à peine écrire le mot de peur de souiller ce blog naissant – communiste ! Quand j’ai vu ça, pour moi, ça a été le coup de grâce : j’ai raté mon exercice au point d’imaginer le même traitement de l’information qu’un journal communiste. Pourtant, il est prouvé qu’on ne peut pas être communiste et un bon journaliste. La preuve : tous les grands journalistes qui ont été communistes par le passé ont renié cette idéologie dégradante avant de devenir de grands journalistes. Les July, Plenel ou Adler avaient renoncé à leurs errements passés avant que leurs compétences soient reconnues. La plus grande journaliste française, dont le talent et la probité sont si indéniables qu’on lui a confié la direction de l’Audiovisuel Extérieur de la France (la voix de la France quand même, ce n’est pas rien !), Christine Ockrent, a déclaré dans ses mémoires : « j’ai toujours éprouvé à l’égard du communisme, sous ses formes diverses, une répulsion viscérale ». Quelqu’un qui a été reconnu comme la plus compétente pour incarner, dans le monde, la lecture française de l’actualité, que l’association Reporters sans Frontières a choisi comme l’incarnation vivante de la liberté de la presse et qui, si j’ai bien tout compris, en est réduit à faire le ménage pour survivre tant elle est mal payée (preuve de son dévouement à son métier), condamne le communisme.

Et moi je pense à faire des articles comme ces gens là.

La honte m’envahit.

Mon traitement de cette actualité était si à côté de la plaque que j’aurais eu personnellement tendance à rédiger le dossier sous l’angle de la nécessité de ne pas s’attaquer au statut de la fonction publique, alors que les grands journalistes sont tous d’accord pour dire le contraire. Ainsi, le toujours spirituel Christophe Barbier nous apprenait récemment, dans le Vidéo gag de l’Express, qu’il était souhaitable, pour le bien des fonctionnaires eux-mêmes, que l’État puisse les licencier au besoin tous les 10 ou 15 ans.

Et ce n’est pas tout (comme dirait Bernard Guetta) !

Le cas de la jeune disparue de Pornic, que j’avais pris sous le seul angle du fait divers tragique, a lui été traité très largement. Et contrairement à ce que je croyais, il était visiblement possible d’en faire une grande question de société.

L’agence Reuters, et à sa suite les journaux reprenant ses dépêches (dont Le Point), l’ont bien précisé : L’affaire Laëtitia relance le débat sur la récidive ! Le prospectus journal Métro est bien d’accord, tout comme Ouest France ou encore Paris Match, et bien d’autres. Eric Delvaux, dans le journal de 18 heures de France Inter du 25 janvier l’a dit également. Et moi qui, au contraire, pensais faire des papiers contestant les logiques d’emprisonnement en rebondissant sur les suicides en prison alors que c’est plus d’enfermement qui semble être la solution évidente. J’étais vraiment à la masse.



Je me console un petit peu en me disant que ce débat relancé spontanément n’a pas non plus été identifié tout de suite par la presse. Il a fallu une semaine (après avoir tout bien pesé et analysé) pour que les plus grands journalistes de France constatent que le débat sur la récidive s’imposait de lui-même sur ce sujet. On notera d’ailleurs que Nicolas Sarkozy, qui a eu la bonne idée de s’entourer de grandes journalistes – comme Catherine Pégard ou Myriam Lévy - dans son équipe, a réussi à identifier que ce débat était relancé (naturellement et de lui-même) quelques heures avant les autres médias. Il en a donc parlé dans son discours de Saint-Nazaire du 25 janvier un peu avant que la presse ne traite le sujet sous cet angle. Cette primauté présidentielle a eu une conséquence fâcheuse, celle de faire croire à certains mauvais journalistes (comme ceux de Nice Matin, peut-être infiltré par de mauvais journalistes… voire par des communistes) que c’était l’UMP qui relançait le débat. Il s’agit bien sûr d’un postulat idiot. Cela laisserait penser que la presse française n’est pas capable d’identifier elle-même les grandes questions et qu’elle suit scrupuleusement les mises à l’agenda gouvernementales sans faire preuve d’autonomie et en suivant bêtement les plans de communication de l’Elysée. Non ! La presse de qualité a identifié la seule vraie et juste façon de traiter ce dossier mais elle l’a fait avec quelques heures de retard sur les analystes élyséens, c’est tout. Comme quand elle « relance le débat » sur l’origine ethnique des délinquants tous les six mois, quelques heures après des déclarations du ministère de l’Intérieur ou de l’Elysée. C’est un concours de circonstances lié à des analyses convergentes mais menées en parallèle.

Et ça, malheureusement, identifier la bonne façon de lancer des débats autour de faits divers tragiques, je n’y arrive pas.

Ce n’est pas demain que j’aurai le prix Albert Londres.

Messages

  • La preuve : tous les grands journalistes qui ont été communistes par le passé ont renié cette idéologie dégradante avant de devenir de grands journalistes.

    Comme Lénine et Trotsky, journalistes ? mieux, reporters ?
    pour une bonne partie de leur vie avant la révolution...

    n’y a t-il pas là une partie du raisonnement qui est viciée ?

    comment cela se fesse ?

    • J’ai entendu hier, tôt, sur France Inter que la récidive sur les crimes et délits d’ordre sexuels était de ...1,2% : inversement proportionnel au déchaînement médiatique téléguidé par les services du petit Duce. Sarkolusconi. Enfin un travail sérieux de journaliste qui aurait échappé à ses chefs ?
      A propos d’équité, concernant les "peccadilles" reprochées à Chirac, loin de réclamer que la justice "passe", tout ce petit monde de cynisme se demande de qui vient le coup de sa dénonciation et de sa mise en examen.
      Chirac est un délinquant mais ce n’est pas cela l’important.
      Côté avocats en regardant hier un reportage sur Il Cavaliere, on apprenait que le travail de la "défense" de Berlusconi consistait non à prouver son innocence mais à chercher à la loupe des "vices de forme" pour durer jusqu’à la prescription. C’est drôle, ici aussi, tout est verrouillé, la justice, celle qu’on applique dans toute sa rigueur au volleur de bicyclette, ne concerne jamais l’oligarchie. On a même un Pasqua fondateur et patron d’une sinistre compagnie de criminels des années 70, le SAC, qui a échappé à toute enquête et poursuites sérieuses qui auraient dû lui coûter au moins la prison à vie. Aujourd’hui encore, jugé pour d’autres fait d’armes, on se demande par quelle pirouette judiciaire, il s’en tirera : question sans doute, de rapport de force à l’intérieur de l’UMP.

  • Je ne suis pas sûr que cet article atteigne facilement son objectif ?

  • C’est rafraichissant !

    Juste une toute petite anecdote.?

    Un peu de diarrhée chancognienne ?

    Années 80.

    Nous organisions un Repas de presse quand j’étais soit disant "responsable ("hi hi .) au PC des questions concernant Culture, les Intellectuels..etc ( oui je sais, ça prouve l’état du Parti)
     :)
    Tout dans la décontraction, le tutoiement complice, le cynisme des uns -eux - et parfois du "nôtre" ; l’impression pour moi "bandante" de ce que peut être la connerie de telle attachée de presse donnant l’impression de "s’encanailler" au contact d’un "voyou" de mon genre..

    Passons.

    .J’ai des dizaines de " trucs" , que je suis entrain de préparer en narration autobio rigolote et qui , tant au niveau des rapports avec la Presse, les autres élus, les "notables" des Chambres patronales, donne à certains copains..la soudaine impression qu’ils ne sont plus plus "parias ", , de la sous merde..

    J’affirme avoir vérifié que des Communistes sont devenus "fous"., "shootés gravement" à la fascination des "sunlights., à l’ambiance glauque des allées du "pouvoir"..

    D’autant plus dangereusement. atteints....que des types hier piétinés par l’adversaire se voient .."admis" voire parfois "courtisés"

    Que TOUS les ministres Cocos d’après 84..aient "viré" opposants, moi je dis que leur avoir retiré la notoriété n’y est pas du tout étrangère..

    Les "autres ". ;aiment bien "nous" flatter ", j’ai connu, et orgueilleusement dit ici, j’ai pris mon pied d’’avoir compris le piège et d’avoir ridiculisés ceux qui croyaient qu’on me pigeonnerait la main sur l’épaule..

    OUi, ça existe chez l’adversaire le côté faux gentil, parfois sincèrement ravi de te fréquenter..mais qui peut surtout raconter..

    "Un coco..ma chère, de ses relations, ça prouve bien qu’on n’est pas chez pine Hochet".., en France.."

    Fermeture de parenthèse.

    Donc la grand messe des médias..en réception au PC..c’est la belle brochette de lecteurs de prompteurs et recopieurs de dépèches AFP.., Reuteurs, reporters enfatués te distillant en "off" une info sur le PS.(.que tu connais depuis un mois , directement par tel élu rose..) venant partager la gamelle des "révolutionnaires" professionnels..

    CE qui ne veut pas dire qu’on n’y noue pas parfois des rapports chaleureux.

    Après tout, un journaliste"bourgeois" , comme un technicien pacifiste travaillant dans une usine d’armement, comme moi pendant 42 ans mettant mon savoir faire au service des Banquiers..ce n’est qu’un exploité vivant de façon plus ou moins consciente et douloureuse le rôle qu’on lui assigne..

    (un jour je raconterai comment on occupe un Consulat d’Espagne grâce à des complicités avec des" vrais" pros de l’Info

    Révulsés qu’un jeune étudiant bordelais, J.P Cazabonne soit victime de la copopération policière entre Mitterrand et Felipe Gonzalès, histoire de monter un "coup" qui couta sept ans de sa vie à un "minot" pseudo ettara...)

    Donc, repas de "presse" , disais-je, d’ou tu peux être "pressé " de te casser une fois que t’as balancé trois jets de vinaigre..et supporté les pires lieux communs..

    Ce que j’ai appris de ces milieux, c’est que j’expliquai un soir à une charmante journaleuse de RMC..qui se sentit visée ,et qui donc..n’eut droit à aucun scoop d’oreillers vu qu’elle prit les jambes à son cou plutôt que d’en tirer un ( c’est vulgaire..je sais !!!)

     :).

    Je lui avouai..aux chandelles d’un restau du Vieux Bordeaux..

    « " Quand j’étais jeune lycéen et avant d’interrompre mes études..je révais d’être journaliste..j’adorais écrire..Je faisais même du "deal" de devoirs de Français..comme d’autres vendent du shit..

    Dans ma tête d’ado, c’était des brillants , érudits commentateurs de l’actu.., les journalistes.

    Depuis que je vous "connais mieux"..je souffre moins d’être employé de Banque.

    Au moins on croit pas que je suis sur-neuroné..quand je sers la soupe au Capital" ».."


     Le papier de ce bloggueur me botte parce que , (-même si on pourrait polémiquer sur ce qu’est aujourd’hui le "journalisme communiste" à l’Huma(??) -,je sais pour avoir mouillé la chemise dans l’aide concrête à telle ou telle cellule d’Entreprise..., ...ce qu’un petit journal de combat de classe co -rédigé par des lutteurs.. peut être de démonstration de ce qu’est le "journalisme" -au sens de la transmission de faits et d’opinions pour aider à l’intelligence collective..

    C’est, parenthèse qu’on excusera_ une des raisons qui font que je ne" supporte pas" sans réagir violemment qu’un prolo , un militant prétende que lui, n’est pas capable d’écrire. ;de relater etc etc..

    Au prétexte qu’il n’est qu’un bac moins deux..

    Le stylo fait de tripe de classe c’est ô combien plus riche que les plumes même bien fines...des tailleurs de pipes à l’idéologie dominante..

    C’est pourquoi je pisse sur les "intellos" qui "apportent la bonne parole"..

    Je crois qu’on ne peut pas être un révolutionnaire si on n’a pas cette approche .

    Qui n’est pas de l’"ouvrièrisme"

    Mais..et je revendique l’immodestie, la prise en compte de ce que de criminel il y a dans ce Capitalisme qui piétine l’Intelligence Collective..


     Merci pour cet article de cet ami inconnu , à la fois drôle et dont le fonds est, pour moi, des plus savoureux
    .

    AC