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A’ propos du oui PS : Projet de traité constitutionnel, le NON est bien vivant

Publie le jeudi 9 décembre 2004 par Open-Publishing
3 commentaires

de Roger Hillel

59% des adhérents du PS ont pris une lourde responsabilité en approuvant le projet de traité constitutionnel. Ce choix ne pourra pas handicaper la bataille pour une Europe anti-libérale. L’issue du « vrai » référendum est loin d’être jouée d’avance.

Le verdict a été sans appel : 58,9% des militants ont voté « oui », contre 41,1% pour le « non ». Ce vote est pleinement représentatif puisque sur 120 038 adhérents, 99 787 ont pris part au vote, soit un taux de participation de 83,13%, (et 1,7% de bulletins blancs et nuls).

L’analyse de ces résultats peut se prêter à plusieurs interprétations. Celle de droite : la victoire du oui est en marche et les rangs du non sont définitivement enfoncés, relève de l’incantation, bien qu’il soit prévisible que les médias renforcent encore la caricature et la marginalisation des arguments du non de gauche. Une autre interprétation reviendrait à exempter les adhérents socialistes de leur responsabilité.

Même s’ils ont été soumis à un battage extraordinaire en faveur du « oui », à l’intérieur à l’extérieur de leur parti, nous ne pouvons pas imaginer qu’ils aient pu en perdre leur libre arbitre. Pas plus que nous ne retiendrons l’explication selon laquelle, dans chaque fédération, le choix des adhérents aurait été dicté par celui de leurs dirigeants fédéraux*.

Nous respectons trop le militantisme socialiste pour croire que les adhérents n’ont pas choisi en leur âme et conscience. Or, par ce choix réfléchi et assumé, la majorité d’entre eux a pris une très lourde responsabilité. Aussi bien la direction de leur parti, qui, mettant toutes ses forces dans cette bataille, a approuvé en toute connaissance de cause un texte qui « grave dans le marbre les institutions et les politiques libérales de l’Union européenne » (déclaration de Marie-George Buffet datée du 1/12/04). Avec la désignation de la troïka : Martine Aubry, Jack Lang et Dominique Strauss-Kahn pour rédiger le projet socialiste en vue de la présidentielle et des législatives de 2007, le message est parfaitement clair : la direction du PS a opté non pour rompre avec le libéralisme mais pour s’en accommoder. Heureusement, il y a 41% de militants socialistes qui ont déjoué ce piège.

Maintenant, ils vont devoir « mouiller la chemise », certainement dans le cadre d’initiatives unitaires comme celle de l’appel des 200, pour convaincre leurs amis que rien n’est joué ni pour l’issue du référendum, ni en ce qui concerne les échéances de 2007. De leur côté, les communistes, sont bien placés pour être le plus près possible des gens et pour faire le lien entre leurs vécus et la construction d’une autre Europe. Ils n’auront pas besoin d’être poussés, pour participer à des initiatives qui devraient rassembler sans exclusives les autres partisans du NON : féministes, militants de la LCR, altermondialistes, syndicalistes, associatifs. Le « oui » n’a qu’à bien se tenir, le non est bien vivant.

Roger Hillel (publié dans le travailleur catalan)

* Il est vrai que les résultats obtenus dans notre région pourraient infirmer ce point de vue : dans le Gard et l’Hérault, les directions et notamment Georges Frêche avaient fait campagne pour le « oui », et le résultat a été respectivement de 63% et 78% de « oui ».

A l’inverse, dans les PO, Christian Bourquin s’était prononcé pour le « non », qui a finalement été choisi par 75% des adhérents. Pour conforter notre analyse, nous nous référons entre autres aux résultats du Nord et du Pas-de-Calais, qui ont donné 55,7% et 59,8% pour le « oui » alors que les dirigeants socialistes s’étaient clairement positionnés pour le « non ».

Même scénario en Seine-Saint-Denis, où Claude Bartolone appelait au « non » ou dans le Tarn où les adhérents ont choisi le « oui », contre l’avis de Paul Quilès.

Roger Hillel (à paraître dans le Travailleur catalan du 10 décembre)

Messages

  • Il me semble que le vote interne du PS ne nous intéresse que de très loin...

    Ce parti a depuis longtemps abandonné son ancrage historique dans le monde du travail, même dans des secteurs qui lui était acquis comme le monde enseignant, et il aurait été très surprenant que le vote soit autre.... De toute façon, à vénissieux, ce qui domine le résultat, c’est que seulement 26 adhérents ont voté (15 oui), alors que le PS faisait aux régonales 70% de 15000 votants sur 30000 électeurs !. On ne peut mieux résumer la coupure entre la vie politique telle qu’elle se donne à voir dans les médias et la réalité de la France. Attention, celà ne doit pas nous réjouir quand on voit toutes les difficultés de notre parti pour retisser des liens très largement distendu, même là ou il avait une organisation de masse et populaire.

    Par contre, celà doit nous conduire à concentrer nos efforts. La stratégie de suivi du PS, menée par la direction du parti, notamment dans la campagne actuelle pour le non, cherchant des formulations "acceptables" pour un socialiste votant non, est le principal risque de défaite pour nous.

    Car le non ne gagnera pas au centre, mais dans la mobilisation massive du monde du travail comme il a su le faire dans le vote des régionales, ou dans un autre contexte, avec le refus surprise des salariés d’EDF de l’accord conclu entre la direction et la CGT il y a un an...

    Cette mobilisation ne se gagne pas en flatant ceux qui fondamentalement acceptent un capitalisme régulé, mais en créant les conditions que la majorité qui a intérêt à se défendre contre le capitalisme, la droite, l’union européenne.... prenne la parole. Pour celà, il faut leur dire que ce vote est utile.... non pas pour gagner une autre constitution mais pour donner plus de forces à leur lutte ou pour leur redonner la force de lutter !

    Prenons en exemple. L’argumentaire ’"le oui ou le chaos". Le parti cherche à répondre, "mais le non, ce ne sera pas la chaos, car il y a nice, et qu’on en fera une autre, de constitution" ...!! Bref, le non ne changera pas radicalement la situation politique, le non ne créera pas un choc...

    Sur cette base, on ne peut pas gagner. C’est au contraire en appelant à bousculer le système qu’on donnera envie de voter non... Oui, vive le chaos ! et si le non peut créer un évènement et être suivie de manifestations, de grèves... tant mieux. et le peuple écrira une nouvelle page historique... 1936, 1945, 1968... 2005 ?

    pam

    • Vous écrivez :
      "refus surprise des salariés d’EDF de l’accord conclu entre la direction et la CGT il y a un an"...

      Cet "accord", jamais formalisé, n’était que celui de certains membres de la direction de la CGT EDF, la Commission exécutive de la CGT EDF (organe décisionnel de la fédération CGT EDF) n’ayant pas été réunie, elle n’avait pû se prononcer. Je vous rappelle également, que, outre de nombreux syndicats de base CGT EDF, l’UFICT-CGT EDF (union fédérale des Ingénieurs Cadres et Techniciens) s’était non seulement prononcée pour contre, mais a milité à la base pour faire rejeter le reférendum "retraite", de même l’union fédérale des retraités CGT EDF.

      Alors, ce refus n’a été une "surprise" que pour ceux qui ont tenté de manipuler l’opinion (notamment le microcosme journalistique et l’oligarchie politique, en grande partie).

      salutations

      Patrice Bardet, militant Ufict-CGT

  • NON à la constitution Giscard-Hollande, bien sûr !

    Mais surtout NON à l’UE, l’Europe du capital, des marchands des curés, et de leurs larbins !

    OUI à l’Europe des peuples et à une citoyenneté mondiale