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La presse italienne dénonce l’ambiguïté de Rome envers Tripoli

Publie le mercredi 23 février 2011 par Open-Publishing
2 commentaires

Enjeu politique, diplomatique, économique et migratoire : l’Italie est aux premières loges pour subir les éventuelles conséquences de l’insurrection en Libye. Ces liens justifient-ils le relatif silence des autorités italiennes face aux bains de sang de Bengazi et Tripoli ? Cette question était débattue dans la quasi totalité de la presse italienne, mardi 22 février.

Les échanges économique entre l’Italie et son ex-colonie sont anciens. Mais depuis la signature du traité d’amitié entre les deux pays, en août 2008, ils se sont intensifiés pour atteindre 11 milliards d’euros. Durant cette période, Silvio Berlusconi et Mouammar Kadhafi se sont rencontrés à onze reprises.

Tout le gratin de l’industrie italienne est présent en Libye : le pétrolier ENI, bien sûr, qui importe de Libye un quart de l’énergie consommée en Italie. Impregilio qui projette la construction d’une autoroute côtière entre les frontières tunisienne et égyptienne, Ansaldo qui doit réaliser la signalisation d’une ligne ferroviaire, Finmeccanica qui a prévu d’assembler en Libye des hélicoptères.

Mais les intérêts libyens sont également présents dans plusieurs entreprises italiennes par le biais de fonds souverains et de fonds d’investissement désireux de faire fructifier les pétrodollars. C’est le cas de la première banque de détail Unicredit, contrôlée à hauteur de 7,5 % par des fonds libyens, de Finmeccanica (2 %), de l’ENI, de l’entreprise de communication Retelit ou du club de football de la Juventus de Turin. Toutes ses entreprises ont fortement chuté, lundi 21 février, à la Bourse de Milan.

NOUVELLE VAGUE D’IMMIGRATION

Mais l’Italie redoute également que le chaos à Tripoli encourage une nouvelle vague d’immigration vers ses côtes, comme cela a été le cas il y a dix jours avec l’arrivée de plus de 5 000 Tunisiens sur l’île de Lampedusa, au large de la Sicile. Ces incertitudes ont conduit le gouvernement à la prudence et l’attentisme.

Le ministre de l’intérieur, Franco Frattini, a tout fait pour adoucir le ton de la condamnation de l’Union européenne. M. Berlusconi s’est résolu lundi à condamner les violences après avoir déclaré la veille qu’il ne voulait pas "déranger" Mouammar Kadhafi par son intervention.

Pour l’éditorialiste de La Repubblica, Bernardo Valli, "l’Europe est resté fidèle à ses principes en condamnant la répression et en se prononçant en faveur des opposants en révolte. Seule l’Italie de Berlusconi a manqué ce rendez-vous de l’honneur pour un pays démocratique. Si l’insurrection libyenne doit se noyer dans le sang, le gouvernement italien aura sa part de honte".

"Italie es-tu là ?" s’interroge Lucia Annunziata, à la "une" de La Stampa. "Le comportement du gouvernement souligne notre inaptitude à tenir le rôle que nous devrions avoir dans cette partie du monde et notre propre indifférence à cette marginalisation. Décider quoi faire dans cette gigantesque crise demande une vision, du courage et un projet. C’est justement de quoi nous manquons le plus."

"L’EXPLOSION PEUT ÊTRE FATALE"

L’ambiguïté de la réaction italienne servira-t-elle les intérêts économiques de la Péninsule ? Le Corriere della Sera en doute : "Notre discrétion nous a éloignés des Etats-Unis, de la Grande Bretagne, de la France et de l’Allemagne qui ont condamné le ’Colonel’, écrit Franco Venturini. Mais nous devons nous demander si on ne nous fera pas payer ce retard sur le plan de nos intérêts."

Même embarras sous la plume de Marcello Foa, dans Il Giornale, propriété de la famille Berlusconi. "Si le régime devait tomber, écrit-il, la Libye redeviendrait le port de départ vers les côtes italiennes pour des dizaines de milliers d’immigrés. S’il devait tenir, il serait tout autant embarrassant de maintenir des bonnes relations avec un leader sanguinaire. Dans les deux cas, les contrats milliardaires des entreprises italiennes sont en péril. L’explosion peut être fatale pour l’Italie qui n’a pas les moyens d’influer sur les événements".

Enfin pour Furio Colombo, à la "une" du Fatto Quotidiano, "l’Italie est liée à un dictateur qui extermine son peuple, par un traité d’amitié qui stipule, à l’article 4, qu’elle ’doit s’abstenir de toute ingérence dans les affaires intérieure et extérieure de la Libye’. En d’autres mots, nous sommes complices. Le Parlement qui a ratifié cet accord à la quasi unanimité a le devoir de le suspendre."

http://www.lemonde.fr/afrique/article/2011/02/22/la-presse-italienne-denonce-l-ambiguite-de-rome-envers-tripoli_1483746_3212.html

Messages

  • Berlusconi est le clone de Sarkosy ! Il n’a aucune idée de politique étrangère, de géopolitique et d’éthique, mais comme Sarkosy, il n’a pas non plus de formation adéquate ! Il est là parce que les Italiens ont eu le hoquet ! Comme les Français qui n’ont pas fini de s’en mordre les doigts .

    • en france il n’y a pas d’ambiguité
      Kurtis Cooper, porte-parole du département d’Etat américain :

      « A la lumière de la décision historique prise en 2003 par la Libye de renoncer à ses programmes d’armes de destruction massives, nous pensons que toute coopération avec la Libye sur l’usage pacifique, sûr et responsable de l’énergie nucléaire correspond aux critères les plus élevés de la non-prolifération ».

      L’accord franco-libyen a été paraphé lundi à Paris lors d’une cérémonie en présence du président Nicolas Sarkozy et du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.2007

      vous avez dit iran ??? vous avez dit IRAK ??