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Le Faux sans réplique. De la façon de gouverner les mougeons dans une société du spectacle en coma..

Publie le jeudi 16 décembre 2004 par Open-Publishing

Dans ses Commentaires sur la société du spectacle, c’est-à-dire dans ses commentaires sur lui-même, G. Debord, évoquait parmi les grands traits de cette société, le faux sans réplique. Si le principe n’est évidemment pas nouveau, il nous semble que le gouvernement de la république l’a aujourd’hui érigé en mode de direction/communication.
Qu’est-ce-que le "faux sans réplique" selon G.D. ?

"Le seul fait d’être désormais sans réplique a donné au faux une qualité toute nouvelle. C’est du même coup le vrai qui a cessé d’exister presque partout, ou dans le meilleur des cas s’est vu réduit à l’état d’une hypothèse qui ne peut jamais être démontrée. Le faux sans réplique a achevé de faire disparaître l’opinion publique, qui d’abord s’est trouvé incapble de se faire entendre ; puis très vite par la suite, de seulement se former." (1992)

Le mot décrit bien la situation présente.

Donnons quelques exemples :

 Le plan Borloo dit de cohésion sociale (télécharger) est un plan censé résoudre tous azimuts les problèmes de notre société : logement, précarité, emploi, formation, discrimination, etc (le texte voté à l’Assemblée). Autant dire un miracle. On a même vu à la télévision, un journaliste de gauche s’esbaudir devant ce miracle. Le spectacle était aussi dans la salle... Ce plan-plan est soit disant (c’est-à-dire dit par lui même) financé à hauteur de 60 milliards d’euros. On sait qu’en réalité - mais (voir plus haut) celle-ci a disparu - il n’en est rien puisqu’il s’agit d’une redistribution de crédits, de mobilisation d’argent de collectivité locale déjà exsangue (RMI, transports, subventions aux associations) pour raison de désengagement de l’Etat. Ce plan prévu pour quelques années est donc un leurre, mais ce gouvernement nous a donné l’habitude de ce type de camouflage (L’heure du leurre : la loi Fillon).

 Le plan canicule, comment veux-tu, comment veux-tu... Expiations. Perdre un jour férié. Sur la pente raide. La côte d’Adam. Le but affiché était de donner pour les vieux. Ils ont reporté leur culpabilité sur nous. 15000 morts. C’est à cause de notre fainéantise. Rappelez vous le "plan anti-canicule" (les mots sont drôles, c’est plutôt un plan anti-mort des vieux), la mobilisation nécessaire des urgences, etc. Raffarin (le pauvre monsieur...) avait dit "neuf milliards d’euros sur cinq ans". Les responsables des maisons de retraite montent aujourd’hui au créneau (réaction de l’Adhepa par exemple), déçus voire dégoutés par ce faux sans réplique. Cette année l’effort financier de l’Etat pour les personnes agées sera de 100 millions d’euros. Mais en réalité (voir plus haut elle n’existe plus) avec la fin des emplois-jeunes employés dans les maisons de retraite, on assiste à une perte. Le Synerpa qui regroupe 1500 maisons de retraite privées (et qui n’est pas une organisation révolutionnaire) explique que l’Etat s’est même désengagé finacièrement en raison du plan sécu : moins 225 millions d’euros cette année. On est donc dans le négatif.

La liste de ces faux sans répliques serait interminable.

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