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L’APPARENTE « MONTEE IRRESISTIBLE » DU FN

Publie le vendredi 18 mars 2011 par Open-Publishing

Tous les médias en regorgent, se font des « choux gras » de sondages plus ou moins bidonnés. La machine à tricoter de l’opinion publique bat son plein. Les journalistes ne sont pas en peine de sensation et le papier journal se vend bien. Tout est parfait dans le meilleur des mondes médiatiques.

Pourtant, au-delà des dégâts collatéraux provoqués par la marchandisation de l’information, les conditions sociales, politiques, économiques offrent un boulevard à la pensée nauséabonde du Front National.

INQUIÉTUDE SOCIALE ET VIDE POLITIQUE

L’histoire du 20e siècle nous le démontre : c’est sur le fumier de la décomposition politique et sociale que fleurit la fleur vénéneuse du fascisme.

A une population désorientée et sans perspectives, on peut faire croire n’importe quoi,… Et c’est précisément ce qui est entrain de se passer aujourd’hui.

Les dégâts provoqués par la mondialisation marchande la crise financière, écologique, la faillite de l’Europe, conjugués avec la fourberie et le cynisme d’une classe politique arriviste et en partie corrompue, constituent le terreau idéal pour toutes les dérives.

L’abâtardissement général et collectif des opinions publiques par des médias, véritables machines idéologiques entre les mains de puissances financières, est le signe et l’outil d’un asservissement de la conscience citoyenne aux impératifs d’un système qui n’a qu’un seul objectif, l’argent.

Les coups de boutoir meurtriers des impératifs de la logique marchande sur le lien social a entraîné, et entraîne, la déliquescence de celui-ci, accroissant les inégalités, la pauvreté et la ghettoïsation des populations les plus fragiles.

Tout ce qui garantissait, dans le passé, la relative cohésion des sociétés, dites développées, est entrain d’exploser, et les systèmes politiques qui les encadrent sont incapables de résoudre les problèmes qui se posent.

En effet, face à cette situation, les politiciens sont de simples gestionnaires des intérêts immédiats du système marchand – la crise financière nous l’a amplement démontré. Ils l’ont, certes, toujours été, avec la différence cependant qu’ils n’ont plus, aujourd’hui, les moyens de réduire, à défaut de les dépasser, ses contradictions. La mondialisation marchande les contraint même à liquider ce qui permettait aux salariés de supporter le système : services publics, acquis sociaux, amélioration des conditions de vie, perspectives d’amélioration pour eux et leurs descendants,…

Tout ce qui pouvait constituer un contre pouvoir politique c’est compromis dans la collaboration : ralliement des sociaux démocrates au libéralisme, disparition de l’opposition communiste, complaisance des écologistes avec le système, sans parler des organisations « révolutionnaires » qui ont sombré dans le ridicule et l’impuissance.

Bref, il n’y a aujourd’hui aucune perspective politique.

L’EXTREME DROITE, LA SOLUTION ?

Pour le système marchand, cela ne fait aucun doute. Pourquoi ?

Pour essentiellement deux raisons :

  les partis classiques, de droite et gauche sont, aux yeux de l’opinion publique largement disqualifiés. Qui peut encore croire en leurs promesses ? En leurs « experts menteurs » ?
  l’extrême droite, et donc le FN en France, offre (au système) toutes les garanties : son programme est économiquement libéral.

Pourtant la situation n’est pas encore assez mûre pour une accession du FN au pouvoir.

Dans l’état de passivité citoyenne, qui caractérise aujourd’hui l’opinion publique, le peuple, le FN a toutes les chances de se frayer un chemin vers le pouvoir. Cela ne veut pas dire qu’il y accède, mais il peut en donner l’impression,… car alors un double phénomène va/peut jouer :

  un réflexe de mécontentement, à l’égard de la classe politique, qui fait voter FN, sans vouloir le voir véritablement au pouvoir : un coup de semonce ;,
  un réflexe d’habitude, mais aussi d’hésitation, des électeurs qui, une fois exprimé ce mécontentement, vont jouer la sécurité en votant (faute de mieux) pour les partis traditionnels et reconduire au Pouvoir les mêmes individus – ou leurs clones – qui les trompent depuis des décennies.

Le FN devient ainsi à la fois, pour le moment, un instrument de contestation et un repoussoir.

En tout état de cause, le risque de dérapage est permanent.

En effet, les limites de l’incompétence et de la manipulation des partis classiques vont bien être un jour atteintes. La destruction du tissu social deviendra socialement insupportable. Le peuple sera prêt à toutes les aventures.

Le Capital quant à lui, le monde des affaires n’hésitera pas une seconde pour trouver la solution à la stabilité dans un état fort… Les expériences ne manquent pas pour illustrer ce processus. Attitude de sa part d’autant plus logique qu’il sait que le FN n’a pas de divergences fondamentales avec ses intérêts fondamentaux… il suffit pour s’en rendre compte de voir son « programme économique »… si tant est qu’il en ai véritablement un.

Le Capital sait d’autre part que les mesures les plus « extrêmes » de ce programme (genre abandon de l’Euro, protectionnisme, retour des industries en France, renvoi des immigrés…) ne sont que des slogans propagandistes qui ne seront jamais réalisés.

Le FN est donc l’ultime solution a ce qui pourrait être un chaos social voire un processus de révolte.

LE NÉANT POLITIQUE

Face à ce danger, il n’y a… rien.

Le bon peuple, atomisé par le processus électoral (« Chacun dans son isoloir »), gorgé de promesses (« Votez pour moi et faites moi confiance ! »), culpabilisé pour le « devoir » de voter (« Des gens sont morts pour le vote ! ») ne peut que reproduire ce dont il sait qu’il n’apportera aucune solution, aucun changement.

Des organisations politiques aux discours vengeurs, voire quasi insurrectionnels qui, pour certaines recyclent des vieux chevaux de retour de la politique de collaboration (des noms ?), des attitudes de matamores de tribunes (des noms ?),… nous donnent l’illusion d’une éventuelle alternative. Or, nous le savons,… une fois au pouvoir, s’ils y parviennent, tous ces beaux parleurs, au nom du principe de réalité, abandonnent discrètement toutes leurs bonnes résolutions (des noms ?). La lutte pour des places a remplacé la lutte des classes.

Il est désormais évident que la solution du changement ne passe pas par la machine à broyer les espoirs et les initiatives que sont les élections. Instrument de manipulation hautement sophistiqué il prépare le corps électoral, les citoyens, à reconduire celles et ceux qui nous ont mis dans cette situation. L’extrême droite étant le dernier recours du système et qui fera en pire la même politique.

L’espoir, l’avenir résident probablement dans des initiatives citoyennes locales, alternatives qui permettent de commencer à s’extraire de la gangue dans laquelle nous croupissons et qui nous engloutie peu à peu. La conquête du pouvoir populaire réside là, pas dans des élections mystificatrices.

Tout ne se fera pas d’un coup. Commençons par refuser la comédie politicienne que nous imposent les forces politiques avides de pouvoir et de privilèges. Ne leur fournissons pas une légitimité qui fonde leur pouvoir de nous tromper.

mars 2011 Patrick MIGNARD

Voir aussi :

MANIFESTE POUR UNE ALTERNATIVE
http://www.fedetlib.net/carnets/index.php