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J’ai visité la clinique privée du futur

Publie le dimanche 3 avril 2011 par Open-Publishing

La clinique privée passalakesse est située sur les hauteurs de la ville à coté de l’incinérateur d’ordures qui embelli et le paysage et le ciel de jolies volutes qui compose un joli dégradé qui va du gris clair au noir.

Pour tout dire je venais en dilettante. J’avais entendu parler de la loi HPST de mame Bachelot l ex « ministre des sports et de la santé quand elle a le temps » devenue ministre en charge de la prostitution dont l’histoire ne retiendra que le désormais célèbre et néanmoins énigmatique cri du cœur : « le sport c’est la santé... Oui mais le sport c’est aussi des bleus ! »

C’est l’esprit serein que je me rend à la clinique privée de passalakesse ou je m’adresse à l’accueil. Sur le guichet un autocollant rappelle à tout un chacun « n’oubliez pas le pourboire, pas de monnaie ni de billets de cinq SVP ».

La première surprise vient du vocabulaire : on ne dit plus patient. Mot désuet dont je me rendrai compte qu’il a rejoint le cimetière des mots morts comme beaucoup d’autres tels que service ou encore public. Il faut aussi comprendre que dans « clinique privée » ou « hôpital privé » c’est le mot privé qui compte. Le reste n’est que marketing.

Après avoir acquitté le prix de ma demande de renseignements (30 euros l’information), je peux enfin rencontrer le directeur de la société anonyme à capital pris sur la bête, que nous appellerons monsieur Dupont pour respecter son anonymat. L’homme est affable et avenant mais me donne cette désagréable impression de celui qui après vous avoir coupé un bras, vous coupe le deuxième en vous expliquant en toute logique que c’est pour rétablir l’équilibre. Mais entrons dans le vif du sujet.

Monsieur Dupont, la réforme de madame Bachelot est contestée qu’en pensez vous ?

Soyons clair, avec la loi HPST nous sommes enfin sortis de la médecine de papa pour entrer de plain pied dans la médecine du 21ème siècle, la médecine business. Une médecine optimisée et rentable que nos actionnaires attendaient de leurs vœux depuis bien trop longtemps.

Vous ne répondez pas vraiment à ma question. Les reproches fait à cette loi visent justement à ce qu’elle fait la part belle aux financiers au détriment des patients et du service public ?

Mais le service public c’est dépassé. On doit standardiser les procès tout au long de la chaîne de traitement et la déshumaniser au possible. Imaginez les pertes de productivité induites par de simples comportements humains qui sont sources de perte de temps mais font également baisser le stress chez le client entrainant mécaniquement une baisse de la consommation d’anxiolytiques. Le rôle d’une infirmière moderne n’est pas d’entretenir des rapports humains avec le client car nous fournissons une aide psychologique pour un prix on ne peut plus raisonnable.

Vous êtes en train de me dire que l’humain n’a plus sa place à l’hôpital ?

Tout à fait, le facteur humain a le défaut parfaitement intolérable de faire baisser la rentabilité. Or nos efforts se portent justement sur la rentabilisation du parcours de santé du client qui doit dégager la marge la plus conséquente...

Mais excusez moi de vous couper. Que pensent les médecins et les personnels de cette évolution ?

Ils en pensent ce qu’ils veulent mais qu’ils n’oublient pas qui les paient. Le médecin moderne comme l’ensemble du personnel doit rechercher chez le client les moyens de rentabiliser les investissements. Il est hors de question de laisser sortir un client sans lui avoir prescrit l’ensemble de nos prestations dont je vous rappelle que le coût a été calculé au plus près de nos intérêts.

Je voudrait vous poser un dernière question : n’est il pas mal venu de construire votre complexe santé à coté d’une des usines les plus polluantes de la ville ?

Pas du tout. Au contraire : nous avons développé des synergies avec eux avec la bénédiction bienveillante de nos actionnaires communs. Nous avons développé un service pneumologie qui est à la pointe dans le domaine et ça tombe bien car au bout de trois jours la plupart de nos clients développent des problèmes respiratoires que nous sommes à même de traiter sur place moyennant un léger supplément.

Mais lorsque j’ai voulu exprimer ma colère face à temps de cynisme que le directeur m’a regardé d’un œil torve et m’a demandé d’une voix mielleuse : vous ne seriez pas un peu dépressif vous ? Parce que nous avons un service re-conditionnement qui...


C’est à ce moment que je me suis réveillé en me promettant de pas mettre les pieds dans les usines de « santé » du privé et de lutter contre la casse du système de santé PUBLIC comme de tous les SERVICES PUBLICS avant que mon cauchemar ne deviennent une réalité irréversible !

Plus d’infos sur la casse des hôpitaux : coordination-nationale.org

Carland