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Ils se battent pour leur école.

Publie le dimanche 17 avril 2011 par Open-Publishing
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Quatre mille neuf cents élèves de primaire et de maternelle en plus, 9.000 instits en moins, combien de classes fermées dans le premier degré à la rentrée 2011 ? C’est un problème de maths et de politique sur lequel planchent, en cette fin d’année scolaire, ministère de l’Éducation et syndicats enseignants. Un casse-tête en fait : les principaux syndicats enseignants évaluent à quelque 3.000 (0,6% du total) le nombre de classes qui seront supprimées. Un "tsunami" inédit, selon eux, dans un contexte de légère augmentation du nombre d’élèves (4.900, selon le ministère).

Mais ce chiffre de 3.000 fermetures est contesté par le ministère, qui avance le nombre de 1.500 classes à supprimer. Une chose est certaine, en attendant le verdict arithmétique de la rentrée : 8.967 emplois (5.600 postes de remplaçant et 3.367 postes devant élèves) vont passer à la trappe. Les cartes scolaires départementales dévoilées ces jours-ci par les inspecteurs d’académie font déjà l’effet d’une bombe dans certaines campagnes et zones urbaines défavorisées. "Le sujet est tellement politique que Luc Chatel a différé leur annonce au lendemain des cantonales. Les fermetures de classes sont certes symboliques mais elles ne sont que la partie émergée de l’iceberg", analyse Guy Barbier, du syndicat SE-UNSA.

Tandis que les calculettes s’affolent, au risque de fournir des estimations contradictoires, des parents d’élèves se mobilisent dans tout le pays pour protester contre les fermetures. À Trouville, un site Internet a été créé pour "garder" une maîtresse de maternelle. Dans le Calvados, une dizaine d’écoles ont été occupées lundi. D’importants rassemblements se sont tenus début avril dans les Hauts-de-Seine, l’Essonne et l’Hérault. D’autres sont prévus cette semaine dans le Jura, où dix villages risquent de se retrouver sans école à la rentrée. Pendant ce temps, des élus locaux, parfois issus des rangs de la majorité, font le siège des bureaux des recteurs dans l’espoir de "sauver" des classes dans leur région. "La rentrée scolaire […] devrait se faire dans des conditions difficiles", reconnaissait hier dans Libération le député UMP et rapporteur de la commission des finances de l’Assemblée, Gilles Carrez. Soucieux de "ne pas ennuyer Luc Chatel", qui a "assez de soucis comme cela" , Luc Ferry, ancien ministre de l’Éducation nationale, confie néanmoins au JDD qu’il est "contre les suppressions de postes dans l’Éducation nationale".

"L’année 2011 marquera la mort des remplaçants".

"La mobilisation s’organise, veut croire le président de la FCPE, Jean-Jacques Hazan. Nous venons de lancer une pétition nationale pour demander au gouvernement de revenir, par le biais d’un collectif budgétaire, sur les suppressions de postes votées l’an dernier." "Ces actions ne signifient rien. Il y en a chaque année. Des classes ferment, d’autres ouvrent. C’est le jeu habituel de la démographie scolaire", démine-t-on Rue de Grenelle. Échaudés par l’échec de la mobilisation nationale du 10 février, les enseignants emboîteront néanmoins le pas des parents lors d’une journée d’action le 18 mai. "C’est comme si les gens se rendaient compte, avec retard, que la casse de l’école publique décidée dans le budget 2011 était vraiment à l’oeuvre", analyse Sébastien Sihr, le secrétaire général du SNUIPP-FSU, principal syndicat du primaire.

Pour un inspecteur d’académie qui assure vivre sa pire rentrée, "2011 marquera la mort des remplaçants" : "Cela ne posera pas trop de problèmes en septembre, mais il faut s’attendre à une hécatombe en hiver au moment de la grippe et ce sera encore pire au printemps ! Comme de nombreuses enseignantes programment leur congé maternité à cette date, certaines classes n’auront plus de maître au tableau." Ce professionnel expérimenté s’étonne de voir pratiquer des coupes budgétaires d’une telle ampleur à la veille d’une élection présidentielle : "Les parents sont aussi des électeurs."

Autres variables utilisées par les recteurs et autres inspecteurs d’académie : l’augmentation du nombre d’enfants par classe, la diminution de postes d’enseignant spécialisé dans l’accueil des élèves en difficulté et la limitation de la scolarisation des moins de 3 ans. "Épaulés par plus d’adultes, nos élèves fragiles avaient progressé. On va les voir reculer dans la maîtrise de la langue, c’est un crève-coeur", se désole Jean-Luc Boulaye, élu du SNUIPP-FSU, qui enseigne dans une école de ZEP à Montpellier. Même désespoir chez ce professeur des écoles du Doubs : "La scolarisation dès 2 ans et demi booste les résultats futurs des enfants de milieux modestes. Nous sommes souvent les premiers à leur mettre un livre dans les mains et à leur parler français."

Sarkozy prêt à remettre en cause le dogme du non-remplacement ?

"En matière de suppressions de postes de fonctionnaires, on est maintenant à l’os chez les policiers et les enseignants." Le constat émane d’un poids lourd du gouvernement et reprend mot pour mot la rhétorique syndicale. Beaucoup dans la majorité ne sont pas loin de le partager, surtout à un an du premier tour de la présidentielle et des législatives. Nicolas Sarkozy est-il prêt pour autant à remettre en cause le dogme du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite ? Officiellement, ce n’est pas à l’ordre du jour. François Baroin, qui plaidait l’inverse lorsqu’il était député, jure aujourd’hui depuis sa tour de Bercy qu’il n’y a aucun débat sur le maintien de cette règle. Officieusement, cela se discute.

Alors que le gouvernement commence à plancher sur le prochain budget – celui de 2012 – plusieurs ministres commencent à tordre le nez. "Dans la police, ce ne sera pas facile d’appliquer le ’un sur deux’, surtout à quelques mois de la présidentielle", lâchait Claude Guéant au JDD lors d’un déplacement dans le Loiret au début du mois. Loyal, Luc Chatel n’ose pas encore dire la même chose. Il est probable qu’il n’en pense pas moins.

http://www.lejdd.fr/Societe/Education/Actualite/Entre-1.500-et-3.000-postes-d-enseignants-pourraient-etre-supprimes-a-la-rentree-prochaine.-300347/?from=headlines

Messages

  • Que vient faire, dans cet article plus haut, la Police dans des problèmes concernant l’Ecole ??... Misère des temps sarkozistes où tout se pèse à l’aune de la Police... l’ultime référence sarkoziste... le nec plus ultra des ultras... sécuritaires... Plus de Sécurité Sociale, plus que de la sécurité sans social... plus que guerres, misère, fermetures de classes et d’Hopitaux... Des caméras de Vidéo-surveillance partout, des missiles par milliers, des armes nucléaires, des uniformes, gardiens, juges, censeurs... Mais pourquoi apprendre la lecture aux enfants quand les journaux des adultes sont déjà pleins de vide et de silence ?