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le classement "bidon" du Figaro Magazine

Publie le mercredi 20 avril 2011 par Open-Publishing

Une fois n’est pas coutume, après le classement des lycées, le Figaro Magazine se lance comme chaque année dans le classement des centres de soins sur le territoire national. Un classement qui sonne faux, ne prend en compte qu’un nombre très relatif de paramètres dont l’objectif premier est de servir la réforme injuste voulue par Roselyne Bachelot et le gouvernement. Que signifie le fait de mettre des « bons » et des « mauvais points » alors que dans le même temps, on déstructure notre système de santé ?

Dire que l’hôpital de Perpignan est premier pour le traitement des AVC et que St Jean ne tient pas à jour ces dossiers ne changera rien aux problématiques quotidiennes rencontrées par les acteurs du monde de la santé avec en premier lieu les personnels.

La loi Bachelot ou l’Euthanasie de l’hôpital public.

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Cécile Moutte : « Un système de santé doit être basé sur la santé »

Au lendemain de la mobilisation nationale pour la santé, Cécile Moutte, vice-Présidente de l’association Ensemble pour une Santé Solidaire (consultez le site) répond aux questions de la rédaction d’Essonne Info.

Essonne Info : Quel bilan pouvez-vous tirer de cette première année d’existence de l’Agence Régionale de Santé (ARS) d’Ile-de-France ?

Cécile Moutte : L’ARS remplit parfaitement sa mission d’exécuteur des basses œuvres gouvernementales ! L’hôpital, la sécurité sociale, le système de santé, sont à l’agonie. Ce n’est pas une fatalité, ce n’est pas non plus le résultat de l’incompétence ! C’est le résultat d’une politique délibérée, dictée par le MEDEF et la finance, à l’échelle mondiale.

Cela ne date pas de 2007. Les premiers coups ont été portés dès les années 80, notamment la loi du 19 janvier 83, qui a certes permis de réduire les dépenses… mais aussi le nombre de lits, et de soignants, alors que la gauche était au pouvoir. Le forfait hospitalier est d’ailleurs l’œuvre du ministre… Claude Evin ! Le plan Juppé, en 1996, a accéléré le mouvement des « restructurations ». 70 000 lits ont été fermés entre 1992 et 2001, au motif qu’ils n’étaient pas occupés à 100%…

La loi hôpital 2007 (Douste-Blazy et Bertrand) a introduit le mode de financement à l’activité (T2A) et la notion de « convergence » public privé, très favorable au privé, désastreuse pour l’hôpital public. Mais, depuis 2007, la nouveauté est dans la forme. Les réformes commencent à être mises en place avant que les lois ne soient votées. Les lois sont mises en œuvre avant la parution des décrets d’application. Les contrats avec l’Etat engagent tous les signataires… sauf l’Etat, qui change les règles en cours de route ! Un exemple : la T2A (tarification à l’activité) fixe un tarif pour chaque acte, et impose à l’hôpital d’augmenter le nombre d’actes pour réduire son déficit. Quand l’hôpital, bon élève, arrive à augmenter son activité, comme l’exige l’ARS, et à réduire son déficit, comme le prévoit le contrat d’objectifs signé avec l’agence… l’ARS baisse les tarifs des actes ! Ainsi, même en augmentant son activité, l’hôpital voit son déficit se creuser !

Essonne Info : L’ARS a défini huit territoires de santé en Ile-de-France (un territoire par département). L’Essonne deviendra un secteur unique, dont le centre névralgique sera l’Hôpital Sud Francilien (Evry-Corbeil). Quelles seront les répercutions pour les usagers ?

Cécile Moutte : Il faut savoir que l’hôpital Sud-Francilien ne sera pas un hôpital public dans le vrai sens du terme. Tout est décidé dans la plus grande opacité (ce qui est inadmissible –et contraire à la loi- quand il s’agit d’argent public) mais il semble qu’une partie de la chirurgie, la partie « rentable » soit cédée au privé lucratif.

Par ailleurs, les coûts de construction (sans parler des 100 millions supplémentaires exigés par le constructeur, Eiffage, pour … réparer les malfaçons) entraînent un coût de loyers si élevé, qu’on peut se demander si cet hôpital sera viable ?

Quelles répercussions pour les usagers ? C’est simple, et c’est terrible. L’Essonne compte 1,2 millions d’habitants. C’est un vaste département, 1800 kilomètres carrés. L’urgence médicale, ou chirurgicale, comme son nom l’indique… est urgente. Et imprévisible. Et par nature non programmable. Nous tenons pour acquis l’augmentation de l’espérance de vie, liée aux progrès de la médecine.

Aujourd’hui déjà, et encore plus demain, la principale conséquence de toutes ces réformes, c’est la mort, ou des séquelles aggravées, pour ceux qui n’auront pas pu être pris en charge à temps. Cela peut-être vous, moi, nos parents âgés, nos enfants. Notre carte bleue ou notre mutuelle ne nous seront d’aucun secours, s’il faut aux secours plus de temps pour intervenir, pour nous transporter à l’hôpital, et si à l’hôpital il n’y a qu’une infirmière pour 40 patients aux urgences. Et cela, l’ARS et le gouvernement le savent.
« Aujourd’hui, la course au profit est la première cause de mortalité et de maladies »

Essonne Info : L’objectif de l’ARS et du gouvernement est-il de préparer la privatisation de notre système de santé ?

Cécile Moutte : Oui. Et c’est là toute l’immoralité de ces réformes. La France était, il y a 10 ans, en tête du classement mondial pour la qualité des soins. L’excellence de l’hôpital public et la sécurité sociale y étaient pour beaucoup, et les français y étaient à juste titre fortement attachés.

Comment livrer ce secteur rentable aux appétits financiers des assureurs et des investisseurs dans ce contexte ? Facile… il suffit de casser la sécu et l’hôpital public, à coup de réformes, de restructurations, d’économies, de suppressions de lits, de postes, d’objectifs intenables et qui changent tout le temps.

Essonne Info : Quel système de santé défendez-vous ?

Cécile Moutte : Il faut changer de paradigme. Un système de santé doit être basé … sur la santé ! Aujourd’hui, la course au profit est la première cause de mortalité et de maladies. L’augmentation des cancers, des maladies chroniques ou auto-immunes, certainement même des AVC, des maladies dégénératives de type Alzheimer, est largement dûe à notre mode de vie.

La santé coûte cher ? Je dirais que la maladie coûte cher, et qu’elle rapporte beaucoup. Ce sont les mêmes firmes qui produisent les produits qui nous rendent malades, et ceux qui soignent !

Les débats actuels sur le nucléaire, les OGM, les pesticides, les ondes, les plastiques, l’aspartame etc… montrent qu’il est nécessaire de révolutionner le système, pour permettre au citoyen d’être un acteur, et un consommateur averti. Il faut une recherche indépendante, objective, fiable. Donc une recherche publique au service de notre santé, qui permette des études sur le vivant, et une évaluation de tous les produits et technologies, de leurs conséquences, et de leurs interactions sur le vivant, préalablement à toute autorisation de commercialisation.

Il faut une formation des soignants déconnectée des firmes, adossée à la recherche indépendante que je décrivais plus haut.

Il faut une éducation aux sciences et à la santé, dès le plus jeune âge. Le « colloque singulier » entre le médecin « savant » et le patient « confiant » doit évoluer en une relation interactive où chacun a un rôle à jouer, sur le type de ce qui s’est construit autour du sida, où les malades ont joué un rôle actif avec les médecins et les chercheurs pour comprendre et combattre la maladie.

Il faut un système basé sur une meilleure articulation entre prévention et soin, qui prenne l’humain dans sa globalité, physique et mentale, sur une prise en charge pluridisciplinaire, et plus ouvert sur des thérapies alternatives.

Il faut enfin un système de soins qui se décline, de l’hôpital aux soins de ville, autour des besoins de la population, accessible, de proximité. Et une sécurité sociale universelle. La santé durable, au 21ème siècle, c’est possible, nous devons l’exiger.

Propos recueillis par Damien Mariller
http://essonneinfo.fr/91-essonne-info/8311/cecile-moutte-%C2%AB%C2%A0un-systeme-de-sante-doit-etre-base-sur-la-sante%C2%A0%C2%BB/