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Vénézuéla. La communication populaire, du rêve à la réalité

Publie le jeudi 21 avril 2011 par Open-Publishing

Vénézuéla, 21.04.2011. Bientôt une démocratisation du spectre radioélectrique, comme en Argentine ?

Le 13 avril 2011 des centaines d’activistes des médias communautaires et alternatifs venus de tout le Venezuela se sont réunis aux abords de la télévision communautaire Catia TVe. Anny Higgins, porte-parole du média alternatif et communautaire "La voz parroquial" de l’état du Zulia a défendu le projet de loi remis par les organisations sociales à la directive de l’Assemblée Nationale. "Un des objectifs de ce projet de loi est que les médias alternatifs obtiennent les 33,3% du spectre radio-électrique".

La seconde vice-présidente de l’Assemblée Nationale Blanca Eekhout a expliqué que même si le Vénézuéla a fait des progrès en termes de communication populaire, les ondes disponibles pour les médias communautaires restent beaucoup trop rares. "Il faut légiférer por que les médias communautaires ne soient pas une expérience marginale mais une expérience citoyenne centrale qui dispose d’une égalité de conditions avec les médias publics et les médias privés". Eekhout a mentionné le cas de la récente loi argentine qui octroie une proportion égale du spectre aux médias publics, privés et associatifs, chacun occupant un tiers des ondes disponibles en radio et en télévision.

Pour Higgins, “à présent nous les paysans et paysannes pouvons communiquer à travers la communication alternative, les enfants font plus que voir simplement la télévision, ils la fabriquent aussi. Mais nous n’avons pas besoin d’un ou deux pour cent mais de 33,33 pour cent du spectre radio-électrique pour tout le peuple vénézuélien. C’est un espace pour lequel nous devons batailler, à travers lequel nous pourrons mobiliser le peuple pour les défis à venir". Elle a expliqué que la nouvelle Loi des Médias Alternatifs et Communautaires permettra de développer une communication horizontale et de transmettre une information impartiale au pays, en détruisant les modèles mercantiles dominants. Elle a rappelé que ce furent les médias alternatifs qui ont informé la population pendant le coup d’état de 2002. "Ce sont eux qui ont brisé l’étau des médias privés, qui sont sortis dans la rue pour chercher les nouvelles et, de cette manière, ont informé un peuple soumis au black-out des grands groupes privés et plongé dans l’incertitude sur ce qui se passait dans le pays".

La Commission permanente des médias communautaires a déjà initié le chronogramme pour élaborer la Loi des médias alternatifs et communautaires. La première étape consistera à chercher des informations et à consulter les institutions, les producteurs, les porte-paroles des médias populaires représentatifs de chacun des états du pays, afin d’intégrer leurs propositions dans la création de ce nouvel instrument légal.

L’heure est venue de transférer totalement au peuple la communication alternative. Nous devons accompagner le peuple dans sa lutte. Le confinement des médias communautaires et alternatifs impliquerait une défaite du socialisme, c’est important de le savoir” a déclaré l’activiste communautaire Américo Cortez, de l’état de Lara. “Le technique ne peut dominer le politique. Qu’ils fassent leur travail technique mais que la politique soit définie dans une commission qui articule les médias populaires".

Pour sa part, Diego Mota, du mouvement "Jeunesse Rebelle" d’Argentine a considéré que ce qu’on a vécu au Venezuela les 12,13 et 14 abril 2002 est un exemple pour tous les peuples qui luttent pour le socialisme.

“Nous ne cessons d’apprendre de vous en tant que peuple qui a démontré que la révolution se défendait dans la rue. Et dans ce sens nous continuons à apprendre. Ce coup d’état médiatique n’était pas seulement dirigé contre le Vénézuéla mais contre tous les peuples qui luttent pour une transformation sociale radicale".

Une université argentine remet un prix de communication populaire au président Chavez

remettre ce prix… face aux chaînes d’information qui nous ont censurés, nous ont réduits au silence, ont voulu occulter des coups d’état et cacher la pauvreté, c’est comme leur dire : vous avez atteint vos limites, nous sommes ici, nous avons pris la parole car nous voulons transformer nos nations”, a déclaré Sebastián Palma, le professeur de l’Université de La Plata qui a remis le prix Rodolfo Walsh au président vénézuélien ce 29 mars 2011 à Buenos Aires.

Rodolfo Walsh (1927 – 1977), qui donne son nom à ce prix, est considéré comme le fondateur du journalisme d’investigation en Argentine. Le 25 Mars 1977, un jour après sa lettre ouverte à la junte militaire pour dénoncer ses politiques néo-libérales, Walsh fut abattu et son corps "disparu" par des membres des Forces Armées. Walsh est une des 30.000 disparus de la dictature argentine des années 1976 – 1983.

La doyenne de la Faculté de Journalisme de l’Université de La Plata, Florencia Saintout (photo), a déclaré que ce prix se voulait aussi une reconnaissance au processus d’émancipation qu’impulse la révolution bolivarienne dans le cône sud.“Nous sommes ici en tant que peuple pour réaffirmer notre engagement envers un président qui a remis en cause cette idée que la "parole" puisse être détenue par quelques uns seulement” a affirmé Saintout en référence aux médias privés et au "latifundio" médiatique.

Mauricio Macri, maire conservateur de Buenos Aires et probable candidat aux présidentielles d’octobre 2011, a dénoncé la décision de l’université, sur les ondes de Radio 10, comme "effrayante". “Chavez ne respecte pas la liberté d’opinion, il est autoritaire mais nous lui donnons des prix", a-t-il dit.

Depuis qu’il a assumé la présidence pour son premier mandat en 1999, Chávez a contribué à briser la concentration des médias au Venezuela et à l’étranger en lançant le réseau régional TeleSUR, en renforcant le réseau de la télévision publique participative (création de VIVE TV en novembre 2003), et surtout en légalisant les radios et télévisions communautaires, on en compte actuellement près de 400 qui sont gérées directement par les associations citoyennes.

Bien que les critiques accusent Chávez de censure médiatique – en particulier lorsque l’état ne renouvela pas la concession sur le spectre public de Radio Caracas Televisión (RCTV) – le pouvoir communicationnel au Venezuela reste à 90 % aux mains du privé, c-a-d en général de l’opposition, cette proportion se répétant dans la presse écrite et la radio.

Le mandataire a pour sa part dédié le prix à toutes et à tous ceux qui luttent contre les colonialismes culturel et économique. “Je me sens très humble au moment de recevoir ce prix prestigieux et d’écouter vos applaudissements, car cette reconnaissance n’est pas pour moi mais pour le peuple du Vénézuéla qui lutte depuis des années pour créer une communication populaire, libérée de la dictature médiatique”, a-t-il dit aux étudiants rassemblés face à l’université pour écouter son discours.

Le président a rappelé le "cynisme de ces grands médias argentins et vénézuéliens qui ont appuyé les plus grandes dictatures du continent et à présent nous traitent de tyrans”.

http://www.larevolucionvive.org.ve/spip.php?article1508&lang=fr