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BEN LADEN, WINSTON SMITH ET LE PRESIDENT O

Publie le vendredi 6 mai 2011 par Open-Publishing
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Dans un pays où l’on paye les gens pour diffuser le mensonge, personne n’est contraint à dire la vérité.

Winston Smith, sage employé du département d’Etat, ce matin du 2 mai 2011, essayait de gommer les aspérités d’une photographie qu’il avait créée à partir de deux clichés, donnés par son supérieur.

L’un représentait la figure défoncée d’un suspect, pris dans un camp de concentration, en Afghanistan ; l’autre, la photo officielle de l’Ennemi public numéro un, fournie par le FBI.

La falsification de documents était sa spécialité au « ministère de la Vérité », c’est ainsi qu’aimait appeler le bureau le docile et serviable agent Smith.

Matricule n°8099570375, échelon 5, l’homme gagnait 7 543, 26 dollars par mois et cotisait, depuis 19 ans, à un fond de pension dont il espérait une jolie retraite...

Admirateur de l’œuvre d’Eric Blair et lecteur du philosophe Friedrich Hegel pour qui « le faux était un moment du vrai », Winston pensait que la finalité du boulot était avant tout de signifier à une masse de crétins consentants la chose vraie et la chose fausse ; et qu’importe si la représentation, maintes fois retouchées, eût un rapport véritable à la réalité...

« Le nec plus ultra de l’intelligence est de faire naître de rien quelque chose » affirmait péremptoire le slogan de l’agence.

Dans un passé récent, le Président O. en personne lui avait demandé de reconstituer un acte de naissance afin de moucher les membres du Tea Party qui l’accusaient de ne pas être né sur le territoire national.

Cette proximité de Winston avec la Maison blanche avait provoqué une certaine jalousie chez son supérieur et les collègues.

« Par les temps qui courent, la multiplication de faux est une tâche sans fin » marmonnait Winston, usant de la gomme électronique comme un thanatopracteur.

« Voilà ! Le visage est reconnaissable en dépit des deux impacts, dans la joue gauche, juste en dessous de l’œil... »

Depuis les fameuses photos de la dépouille d’Ernesto Che Guevara, tué par la maison en 1967, jamais photographie post mortem n’avait été aussi importante.

Il fallait tuer la légende d’un être de 54 ans que la compagnie avait mis plus de vingt ans à construire.

Winston Smith avait participé à la révélation magique du personnage : lors du 11-Septembre, il fabriquait les passeports saoudiens et égyptiens trouvés, par les flics de New York, dans les ruines encore fumantes du World Trade Center.

C’est à cette occasion grandiose qu’Oussama Ben Laden, petit renégat de la CIA, devint le docteur No d’un empire sur le déclin.

On mesura ce dernier à la hauteur des tours effondrées et, surtout, au gargantuesque délit d’initié auquel donna lieu « l’événement absolu » selon l’expression ébahie d’un philosophe français.

Le département d’Etat mobilisa alors tous les agents du « ministère de la Vérité » et leurs correspondants à l’étranger.

Les images de la Catastrophe tournant en boucle sur les écrans du monde entier tétanisaient toutes formes de pensée...

Le Monde libre était au bord du naufrage…

L’explosion simultanée de 30 centrales nucléaires, eu égard le secret qui entoure leur éventuel dysfonctionnement, n’auraient pas eu sur l’esprit humain autant d’effets dévastateurs.

On assigna longtemps à Winston Smith la tâche éventuelle de maquiller le nom des compagnies et personnes morales qui réalisèrent juste, avant et après le 11-Septembre 2001, la plus grande escroquerie financière de tous les temps.

Mais à part un journaliste français, assermenté, qui en fit le morceau de bravoure d’un livre « La Face cachée du Onze-Septembre », pas un reporter du « Washington Post » ne releva la chose.

Il n’est pas nécessaire de prêcher le faux lorsqu’on a des centaines de Winston Smith, prêts à retoucher la moindre photo du Président.

HIMALOVE

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