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"Les élèves en lycées professionnels sont exploités"

Publie le samedi 7 mai 2011 par Open-Publishing
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L’Union nationale des lycéens (UNL) a fait un constat accablant : « Les élèves en pro sont exploités ». Cette organisation a lancé une commission de travail le 1er février 2011sur la filière professionnelle. Son but, explique une de ses responsables, Yselyne Fourtic, vise à construire des revendications claires et élaborer des propositions afins de revaloriser cette filière et défendre les droits de ces lycéens.

Quand avez-vous pris la décision de lancer cette commission ? Pourquoi ?

La commission a été lancée par l’UNL en réaction à la réforme des lycées de 2009. Appliquée à la va-vite, cette réforme entrainant 16 000 suppressions de postes, a clairement aggravé les conditions de travail des lycéens, tout particulièrement ceux de la filière professionnelle. Avec cette commission, nous voulons construire une ligne offensive visant à défendre les lycéens ayant fait ce choix d’orientation complètement déprécié aujourd’hui.

Comment réagissent les lycéens quant à la façon dont on traite cette filière ?

Ils sont en colère. Les lycéens se sentent aussi réellement humiliés et dévalorisés, car beaucoup d’entre eux n’ont pas eu le choix de leur filière. Ils se sont vus imposé l’enseignement professionnel parce qu’il n’y avait pas d’autres solutions après le collège. Nous avons reçu des témoignages « d’élèves en pro » récemment. Rien qu’au niveau du confort, leur établissement est incomparable à certains lycées généraux comme le mien, assez élitiste. Aujourd’hui on est face à un système à deux vitesses dans l’éducation.

Vous dites que les « élèves pro » sont exploités. Avez-vous des exemples ?

Ils sont confrontés à un rythme intenable. Ils enchainent les cours et les stages, c’est comme en prépa ! Quelques fois, ils n’ont pas le temps d’effectuer un stage, qu’ils font donc pendant les vacances. Leurs études, généralement coûteuses, les oblige à travailler le week-end. Un élève en comptabilité a témoigné qu’il devait passer le balai pendant son stage. Si l’élève se plaint, l’entreprise lui met un blâme et il ne peut plus refuser aucun stage par la suite. Ailleurs, des lycéens ne sont pas rémunérés et certaines boites n’embauchent que des stagiaires… Certains ont confié qu’ils s’étaient retrouvé dans des endroits insalubres et inconfortable. D’autres ont trouvé des entreprises à 400 km de chez eux. Je vais peut être un peu loin mais c’est de l’esclavage des temps modernes !

Votre commission indique « qu’aucune réglementation claire ne définit les cadres de leur stages ». Pouvez-vous développer ?

Les lycéens ne disposent d’aucune information, et ne connaissent pas les modalités du déroulement de leur stage en entreprise. De ce fait, les boites peuvent s’en servir comme main d’œuvre gratuite et exploitable à volonté.

En fin de compte, que proposez-vous pour améliorer la situation ?

Nous voulons obtenir la rémunération des stages. Ce serait un outil de protection des lycéens qui empêcherait les entreprises de les utiliser comme une main d’œuvre gratuite et exploitable. Tout travail mérite salaire ! Le respect de la législation et des conventions professionnelles doivent être assuré, tout comme la garantie d’un stage à proximité de leur établisement, et avec de bonnes conditions, avec du repos, du calme et d’hygiène. Nous souhaitons que le BEP et le baccalauréat professionnel se fasse de nouveau en quatre ans, au lieu de trois, aujourd’hui. Le suivi doit être renforcé pour certaines démarches nécessaires, tout en les laissant autonomes. Il faut une aide à la recherche du premier emploi, une revalorisation de la filière pour qu’elle ne soit plus considérée comme une « filière poubelle », et mettre en place une « banque de stages ». Cette mesure offrirait la possibilité aux élèves de choisir un stage que l’académie aura démarché préalablement auprès des entreprises. Enfin, nous voulons interdire au conseil de classe de pouvoir statuer sur l’orientation d’un élève vers un cursus professionnel ou général, sinon de se prononcer uniquement sur le passage en seconde.

Quelles actions souhaitaient vous lancer ?

Nous comptons présenter nos revendications au Conseil supérieur de l’éducation, où nous avons remporté les trois sièges représentant les élèves lors des élections du 27 avril. Nous espérons obtenir une réponse lors du premier conseil, qui se tient le 12 mai. Nous sommes actuellement en train de rédiger un code du travail des lycéens professionnels, avec dix articles phares sur ce thème que nous diffuseront aux confédérations syndicales de salariés, aux parents d’élèves et aux autres syndicats étudiants.

http://www.humanite.fr/07_05_2011-les-%C3%A9l%C3%A8ves-en-lyc%C3%A9es-professionnels-sont-exploit%C3%A9s-471638

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