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Pour une ferme collective en Normandie

Publie le lundi 23 mai 2011 par Open-Publishing
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Camarades,

Nous vous écrivons de Normandie où, ici comme ailleurs, des gens s’organisent pour inventer des façons de vivre en commun et bâtir des lieux capables de faire de la place à nos hostilités comme à nos désirs : squat, cantine populaire, librairies... Pour notre part, c’est dans une ferme que nous voulons réaliser ces exigences. Un choix qui correspond tant à nos envies qu’à la nécessité d’alimenter en retour ces lieux, ces gens et tous ceux en qui nous reconnaissons des amis.

Depuis plus d’un an déjà, la petite bande que nous sommes rêve et prépare cette installation à la campagne. Nous cultivons un grand potager de 1000 m² en bord de Seine, expérimentant diverses techniques mêlant jardinage classique et pratiques biologiques (buttes, cultures associés, engrais vert, variétés anciennes ou exotiques...) et commettant tout un tas d’erreurs dont nous sortons moins bêtes. La culture de cette parcelle nous a permis de produire des légumes pour notre propre consommation ou pour des ventes à prix libre lors d’événements divers (concerts, conférences-discussions...) et de constituer d’importantes réserves de victuailles.

Lorsqu’au mois d’octobre la rue s’est ébranlée contre le toujours-plus-de-travail, que blocages et piquets de grève se sont multipliés, ces réserves ont trouvé une affectation toute naturelle : nourrir l’intransigeance qui prenait corps devant les grilles du dépôt de carburant de notre ville de Rouen. Ce lieu nous est devenu cher parce qu’avec d’autres âmes rebelles, nous nous y sommes trouvés ; parce qu’il a vu se renouer ces liens qu’on croyait disparus entre les figures du travailleur, de l’étudiant et du paysan ; parce qu’il nous a démontré que certains moments d’intensité gagnent en efficacité lorsque l’on y est préparé.

Si nous voulons vivre dans une ferme, c’est par fidélité à ce que ce genre d’événements nous enseigne. Mais cette envie est portée par bien d’autres choses. Par le besoin de se prémunir de l’apathie et du désarroi qui frappe à chaque reflux, chaque « retour à la normale ». Par notre désir de prendre racine, d’habiter au sens fort du terme, de retrouver la terre sans s’y « enterrer ». Par un quotidien fait de cueillettes, de coups de bêches, de bavardages météorologiques, de lenteur.
Pour autant, la vie en commun n’est pas la construction d’un îlot fermé sur ses satisfactions. Elle est plutôt la possibilité de tourner un lieu vers l’extérieur : pour prendre part à des luttes politiques, se connecter à des réseaux de camarades, échanger des semences, troquer des produits de base, entretenir et léguer des savoirs-faire, accueillir des fêtes, des lectures publiques ou des réunions secrètes, jouer une pièce de théâtre, filer un coup de pouce à des « sans-terres » ou à la voisine pour couper sa haie…
En vérité, nous ne voulons pas nous reclure mais essaimer partout, pousser comme la mauvaise herbe.

Récemment, nous avons trouvé une ferme en bord de Seine. Les terres sont à la location ainsi qu’une partie des bâtiments. Une maison d’habitation, au centre de la ferme, est promise à la vente, de manière non négociable. Pour s’installer dans ce lieu, il nous faut donc dépenser pas mal d’argent (prix de vente de la maison, travaux, matériel pour l’activité agricole).
Les maigres économies amassées ça et là par nos soins ne suffiront pas. Pas question non plus d’enchaîner notre destin à celui d’une banque. Reste la solidarité, les ami(e)s, les camarades. Aujourd’hui que les paysans sont en voie d’extinction, que la vie de village se meurt, nous devons redessiner notre village partout où il y a des ami(e)s. Nous avons donc diffusé un premier appel auprès de nos proches, de réseaux locaux, etc qui nous a permis de récolter déjà plus de 100 000 euros de dons et d’apports avec droit de reprise (somme qui peut être récupérée par son apporteur lorsque se présente des circonstances exceptionnelles comme la dissolution du collectif).
Nous devons encore trouver au moins 40 000 euros avant la fin de l’année.

Si vous voulez soutenir notre installation, contactez-nous à grata.asso@gmail.com.

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