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DORO CHIBA QUAKE REPORT 21 – 20 mai 2011 -

Publie le mercredi 25 mai 2011 par Open-Publishing

Comité de Solidarité Internationale ouvrière de Doro-Chiba (National Railway Motive Power Union of Chiba )

Les agriculteurs de Fukushima se sont dressés tous ensemble !

"Rendez-nous nos moyens d’existence !
 Rendez-nous notre village, toute notre vie !"

Le 13 mai, le gouvernement japonais et la Tokyo Electric Power Company (TEPCO) ont admis que le coeur du réacteur n°1 de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi avait totalement fondu presque immédiatement après le tremblement de terre du 11 mars. Toutes les barres de combustible ont fondu et sont tombées au fond, et la masse en fusion du combustible radioactif a fait un trou dans le fond de la cuve du réacteur. Une partie s’est déversée dans l’environnement. La TEPCO a également annoncé qu’elle a commencé à verser de l’acide borique dans l’eau de refroidissement du réacteur n°3 pour empêcher la re-criticité* de se produire. Trois réacteurs et quatre piscines de combustible nucléaire usagé sont hors de contrôle. La situation est toujours aussi grave depuis plus de deux mois.

* la criticité désigne le risque que le combustible endommagé et hors de contrôle puisse être le siège de réactions de fission nucléaires emballées, qui ne débouchent pas sur une explosion nucléaire mais sur un dégagement gigantesque de chaleur et de radioactivité. Le terme employé suggère qu’un tel événement a eu lieu [ndtr]

Ainsi, environ 100 000 habitants autour de Fukushima Daiichi sont forcés d’évacuer à cause de ces fuites dont le niveau de rayonnement est énorme. Deux villes et neuf villages risquent l’anéantissement. En plus de cela, plus d’un million de personnes vivant dans la partie centrale de la préfecture de Fukushima y comris la ville de Fukushima seront également contraintes d’évacuer, tôt ou tard. Il est tout à fait intolérable que 300 000 enfants d’âge scolaire soient exposés à des radiations gigantesques tous les jours. Il n’y a pas un moment à perdre !

Dans de telles circonstances, les agriculteurs de tout un village se sont dressés, dans le sillage de l’action courageuse des mères de Fukushima pour protéger leurs enfants. Il y a aussi les personnes évacuées de Iidate . Les habitants de la ville de Kawamata et ceux de Minamisoma ont rejoint la lutte. Enfin, les personnes touchées par la catastrophe nucléaire dans la région côtière de Hamadori (la zone où se trouve la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi ) constituent un bastion de la rébellion.

Le 26 avril, les villageois d’ Iidate ont organisé un rassemblement pour protester contre le gouvernement. Avec colère, voici ce qu’ils disent : 

« Les nôtres ont travaillé dur pour faire du plus pauvre village des montagnes d’Abukuma un endroit réputé pour ses élevages de bœufs. Hélas ! L’accident nucléaire a détruit en un instant tous nos efforts de longue haleine. Le gouvernement a répété : "Vous êtes en sécurité, pas besoin de s’inquiéter". Et absolument aucune mesure n’a été prise. Mais soudain, le 20 avril, notre village a été officiellement désigné comme une zone d’évacuation forcée. Pendant tout ce temps, nous, y compris nos enfants, avons été continuellement exposés à un haut niveau de rayonnement. Pour défendre la gestion de TEPCO, le gouvernement nous a abandonnés. Le gouvernement japonais et la TEPCO portent l’entière responsabilité de l’accident nucléaire. Notre ardente colère est dirigée violemment contre le gouvernement ».

« 25 années se sont écoulées depuis l’accident de Tchernobyl, mais les personnes touchées ne peuvent toujours pas retourner dans leurs propres villages. Il est impossible et absurde d’imaginer que nous pourrions éliminer toutes les matières radioactives de Iidate sur une surface de 250km² avec un aspirateur. Notre village a des montagnes, des rivières, des prairies et des terres agricoles ainsi que de l’air. Les savants disent des choses irresponsables, telles que le sol endommagé pourrait être remplacé par un sol sain. Invraisemblable ! ».

« Notre village est divisé et les villageois sont séparés. Nous ne pouvons pas l’accepter. Peu nous importe d’être à l’intérieur ou à l’extérieur de Fukushima. Le gouvernement devrait nous aménager un endroit juste du même genre qu’ Iidate et nous laisser y vivre. Nous voulons récupérer notre village ! Nous devons obtenir cette promesse du gouvernement avant d’ évacuer notre village ». 

Les gens de Minamisoma et de Kawamata ont rejoint le rassemblement. Leurs voix sont pleines de ressentiment :
« Minamisoma , située à 30 km de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, là où les villageois étaient invités à rester à l’intérieur il y a de cela encore peu de temps, est maintenant désigné comme une zone devant se préparer à l’évacuation. Maintenant, les fournitures d’électricité, de gaz et d’eau sont rétablies et nous pouvons obtenir tous les produits nécessaires à la vie quotidienne, y compris l’essence. En dépit de cela, nous ne pouvons pas recevoir nos petits-enfants dans nos foyers. Nous ne pouvons pas exercer notre activité. Nous sommes enfermés dans un secteur séparé des autres par la barrière transparente (invisible) (du rayonnement). Notre quartier va maintenant être éliminés par notre propre état appelé le Japon ».

« Frères et sœurs à travers le pays, s’il vous plaît essayez de savoir ce qui se passe dans notre région. La situation est tout à fait insensée et scandaleuse. L’accident nucléaire est une catastrophe d’origine humaine. Des nouvelles de l’accident nucléaire sont communiquées chaque jour. Mais il est tout à fait honteux et inacceptable que la voix des nombreuses personnes qui demandent d’arrêter les centrales nucléaires soient totalement négligées. Nous bouillons de colère. Notre ultime recours est d’espérer que des voix en colère montent de tout le pays pour exiger d’arrêter les centrales nucléaires. C’est notre rempart au désespoir ».

« Nos chers amis du village d’Iidate, le gouvernement vous a ordonné d’évacuer. S’il vous plaît soyez unis et consciemment, saisissez votre nouvel avenir, soyez intelligents et concentrez-vous sur la construction de votre nouveau Iidate. Vos efforts conciliants nous donnent espoir et courage ».

Une résolution a été adoptée lors de la manifestation. Le coordonnateur a conclu : « Il y en a beaucoup qui pensent que ce n’est pas suffisant, mais commençons par cela ».

Maintenant, le printemps est arrivé, mais une quantité incroyable de rayonnement s’abat sur nous. Un mois et demi ont passé depuis le 11 mars, et nous avons éprouvé des sentiments tels que colère, indignation, ressentiment, et ainsi de suite. Nous devons récupérer notre village Iidate , où nous pourrons à nouveau entendre les voix des enfants heureux. Nous exigeons :

1. En finir avec l’accident nucléaire le plus tôt possible !
2. Mettre en œuvre rapidement l’évacuation prévue !
3. Restaurer notre village Iidate à l’état original et nous le rendre !
4. Des compensations suffisantes pour assurer l’avenir de nos enfants !
 

Lors d’une séance d’information le 11 mai, les villageois furieux ont condamné le gouvernement et la TEPCO et les ont tenus pour entièrement responsables :

« Le gouvernement devrait embaucher tout notre village et assurer la pleine responsabilité pour toutes choses. Prendre soin de nos vaches et autres bovins, des prairies, des terres agricoles, des machines, et des montagnes, des rivières, de l’air et tout le reste », telle était l’exigence accablante des villageois.

Une revendication écrite spécifique a été adoptée, et les responsables du village et les dirigeants des coopératives agricoles ont pris la ferme résolution de poursuivre la négociation directe contre le gouvernement. Les habitants ont fermement confirmé que jamais ils n’auront recourt à la Loi sur l’indemnisation des dommages nucléaires, parce que cette loi a été adoptée pour la défense de l’intérêt des compagnies d’ électricité.

Lors du rassemblement, la violente colère des agriculteurs était en ébullition et la voix de leur ressentiment s’est élevée ; « Rendez-nous nos moyens d’existence ! Rendez-nous notre village, notre vie entière ! ». Quand l’évacuation prévue commencera, le village sera divisé et les villageois vont être séparés. Quoi qu’il en soit, la bataille contre le gouvernement et le TEPCO a été engagée. Personne ne peut réprimer et éliminer le soulèvement des paysans en colère.

Ce même jour où les agriculteurs se rassemblaient, le 11 mai, les mères de Fukushima retournaient au Conseil de l’Education de Fukushima pour une action de protestation. Elles luttent contre le ministère de l’Éducation, de la Culture, des Sports, des Sciences et de la Technologie ( MEXT ) qui a récemment relevé le niveau maximum d’exposition aux rayonnements pour les enfants à 20 mSv /an. Leur mouvement se répand largement à Fukushima.

Le 13 mai, l’un des travailleurs temporaires envoyés à l’usine nucléaire de Fukushima Daiichi a été tué. Il a été laissé sans soins près de deux heures après avoir eu une attaque cardiaque et il est mort. Un seul médecin à plein temps est alloué sur la zone d’activité où règnent de très hautes intensités de rayonnement et où des milliers de travailleurs sont engagés dans des travaux dangereux. Leur lieu de travail est à 20 km de l’endroit où les ambulances sont autorisés à circuler. Une telle pauvreté de moyens médicaux signifie de laisser mourir les travailleurs s’ils tombent malades.

La compagnie TEPCO a accumulé des profits sans limites par la monopolisation de l’industrie électrique, en ignorant toutes les règles de sûreté et de sécurité au travail. Ses gigantesques profits sont basées sur le travail forcé et brutal et sur les conditions de travail misérables des travailleurs temporaires. La lutte des travailleurs des centrales nucléaires, pour la plupart des travailleurs temporaires, va s’engager fermement avec le slogan, « Nous voulons une vie d’êtres humains  ! ». 

Le 15 mai, il a été révélé que l’Organisation pour la Sûreté de l’Energie Nucléaire du Japon, dépendant du Ministère de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie a annoncé officiellement dans son rapport de 2009 que : « la probabilité de dommages au combustible nucléaire du coeur causés par un tsunami de plus de 7 mètres est de 100% ". Cela signifie que le gouvernement avait envisagé « l’inenvisageable » !

L’accident nucléaire de Fukushima est un crime organisé, sans précédent dans l’histoire, commis par l’impérialisme japonais et TEPCO ! De manière irrépressible, le cri de « Expropriez les expropriateurs ! » se répand comme un raz de marée de feu à travers les champs.

 Nous devons dénoncer le fait que le principal coupable est la politique de l’électricité nucléaire de l’impérialisme japonais , destinée à assurer la position d’un état disposant d’un potentiel nucléaire militaire dans le monde. La suprématie mondiale, après la Seconde Guerre mondiale s’est construite par la course à l’armement atomique et a commencé par les bombardements atroces sur Hiroshima et Nagasaki et la concurrence féroce en matière de développement nucléaire. Armements nucléaires et politiques d’énergie nucléaire sont la clé de la domination du monde par l’impérialisme, après la Seconde Guerre mondiale.

 
Nous appelons les gens de la classe ouvrière du monde entier.

Maintenant, au Japon, les luttes des habitants des collectivités régionales et locales évoluent autour des travailleurs, des agriculteurs, des pêcheurs et des mères, s’acharnant pour surmonter la situation désastreuse et l’énorme pression de l’accident nucléaire de Fukushima.

Dressons-nous pour arrêter et supprimer toutes les centrales nucléaires dans le monde grâce à l’unité et la solidarité de tous les travailleurs du monde entier !
Et nous ferons un pas en avant pour vaincre la société dominante nucléaire !