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Anti-G8, à suivre au Havre et ailleurs...

Publie le lundi 30 mai 2011 par Open-Publishing

Fin du premier épisode normand antiG8-G20. Les derniers habitants du village autogéré du Havre ont quitté dimanche la forêt de Montgeon. En forme de post-scriptum, deux nouveaux rassemblements ont marqué le week-end. Ils en appellent d’autres.

Depuis le 21 mai, jour de la manifestation anti-G8 du Havre, les occasions de protester contre les maîtres du monde n’ont pas manqué. Du forum des alternatives aux débats organisés dans le village autogéré, en passant par une série d’actions symboliques, les idées ont été brassées, partagées, diffusées. Les médias qui ont bien participé à l’installation du climat de peur distillé par les autorités se sont adaptés à la réalité. Oubliant leurs casques anti-émeute, les journalistes ont suivi diverses actions concrètes non-violentes en les trouvant même parfois trop « gentilles ». Tant pis pour eux, les incendies de voitures si photogéniques n’étaient pas au programme.

Coincés par la logique guerrière de l’État qui a déployé des moyens énormes pour étouffer toute contestation, les anti-G8 ont tout de même réussi à mettre 7 000 personnes dans les rues du Havre pour dire : G8 dégage ! Amorcé sans argent et dans l’improvisation, le challenge n’était pas simple. Pas facile non plus de réunir des syndicats, des associations, des partis et des mouvements politiques marquées par des histoires et des pratiques très différentes. Pari réussi. C’est pourquoi le collectif unitaire s’est autorisé quelques secondes d’autosatisfaction en s’applaudissant lors de sa dernière assemblée générale.

Quelques détracteurs, qui ont regardé l’événement de loin par le petit bout de la lorgnette, ricanent en comparant l’anti-G8 du Havre à certains contre-sommets beaucoup plus imposants. C’est l’éternelle histoire de la bouteille à moitié vide ou à moitié pleine. Certes, il y avait de grands absents le 21 mai. On se souvient que certains défilés organisés contre la réforme des retraites avaient culminé ici à 35 000 personnes en ne comptant que des grévistes autochtones (avec le résultat que l’on sait, ce qui explique peut-être en partie cela). A l’évidence, effrayés par ailleurs par le syndrome du contre-sommet de Strasbourg qui avait servi de champ de manœuvre aux forces répressives, il manquait quelques bataillons. Les directions nationales n’ont pas non plus gonflé les rangs. Pas de « ténors » à l’horizon. Certains nous diront que tout changera en 2012... Localement, de nombreux élus ont aussi brillé par leur absence. Hormis sur l’épaule de Jean-Paul Lecoq, député-maire communiste, on a pas vu passer des masses d’écharpes tricolores.

Face à l’adversité de l’État, de la municipalité, des commerçants, des habitants (dont certains ont quitté la ville les 21 et 22 mai pour échapper aux hordes barbares), le collectif unitaire anti-G8 a tenu bon pour dire et redire qu’un autre monde est possible. Des altermondialistes aux anticapitalistes, tous n’ont pas les mêmes projets politiques, mais tous s’accordent sur l’idée que le capitalisme conduit l’humanité à sa perte.

Face à la barbarie capitaliste, des actions symboliques menées par des clowns et des musiciens peuvent sembler dérisoires. On peut toutefois s’interroger sur la réaction disproportionnée des forces dites de l’ordre face à ces initiatives non-violentes. S’ils ne se sentaient pas menacés, les pouvoirs ne réagiraient pas aussi bestialement. Habillés en robocop, matraque à la main, les flics n’hésitent pas à malmener les clowns comme s’il s’agissait de bandes armées. On l’a vu à Paris le 26 mai lors d’actions anti-G8 plutôt paisibles. On pourrait aussi parler des images stupéfiantes de la place de Catalogne, à Barcelone, où des flics tabassaient copieusement des personnes pacifiques.

Le débat sur les stratégies à adopter pour abattre le capitalisme et les dictatures a parcouru les rues et les réunions havraises. En prolongement, deux rendez-vous étaient organisés le 28 mai. L’un à la plage dans le cadre de l’initiative « D’ailleurs nous sommes d’ici » pour lutter contre la politique d’immigration du gouvernement et pour la régularisation des sans-papiers. L’autre devant la sous-préfecture en soutien aux Indignés espagnols. Le soir, le village autogéré, objet de tant de fantasmes, faisait table ouverte avec un copieux coucous végétarien dans l’ancien camping municipal (fermé en 2007 par la mairie UMP). Et c’est comme ça que de nouvelles complicités, de nouvelles solidarités, de nouvelles résistances se développent. Le chemin se trace en marchant ici et partout... Et maintenant, G20 dégage !

Retour en images sur les rassemblements havrais contre le racisme et en soutien aux Indignés espagnols.

Un reportage de Philippe Mouchel sur l’action anti-G8 du 26 mai au Havre.

Un reportage sur le camp autogéré du Havre

PACO sur Le Post